Urgence climatique, nécessaire souveraineté énergétique et élections (présidentielles hier, législatives demain) : les énergies renouvelables sont plus que jamais au cœur de toutes les stratégies, quelles soient climatiques, énergétiques ou électorales. Et l'éolien en mer y tient bonne place puisque ce mode de production a les faveurs du président Macron ou encore de Jean-Luc Mélenchon, tous deux y voyant un potentiel insuffisamment exploité.
C'est dans ce contexte que se sont ouvertes à Montpellier les 9e Rencontres internationales de l'éolien offshore flottant (FOWT, Floating offshore wind turbines), co-organisées par le Pôle Mer Méditerranée et France Energie Eolienne. L'événement se tient durant trois jours (du 16 au 18 mai) et attend quelque 1.000 participants, un record, selon les organisateurs qui y voient le signe d'un engouement planétaire pour cette filière en devenir. Et la filière française, soutenue par les Régions Occitanie, Bretagne, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d'Azur, entend bien prendre sa place et renforcer sa visibilité dans la compétition internationale.
Une ambition alors même que la France est à la traîne sur ce segment. Ce 16 mai, les élus des quatre collectivités régionales se sont affichés côte à côte pour réaffirmer ensemble leur engagement dans cette énergie marine. Il y a trois ans, alors que le FOWT se tenait également à Montpellier, elles avaient déjà fait front commun pour défendre l'urgence à se donner les moyens de créer une filière française de l'éolien flottant.
« Basculer dans l'irréversibilité »
« Depuis le FOWT 2021 à Saint-Malo, l'éolien est devenu un objet politique très fort, souligne en préambule Michel Gioria, délégué général de France Energie Eolienne. Dans un pays qui veut faire la transition écologique, il est indispensable de s'appuyer sur tous les modes de production des énergies renouvelables, et l'éolien en mer est un élément important. Il faut y aller encore plus fort pour faire basculer dans l'irréversibilité toutes les politiques énergétiques, quel que soit l'élu au pouvoir. On a observé des actes forts, ces derniers mois, comme le discours de Belfort (d'Emmanuel Macron, le 10 février 2022, durant lequel il avait annoncé l'ambition d'atteindre les 40 GW installés d'ici 2050, soit 2 GW par an à partir de 2025, NDLR) qui donne un cap et une méthode, reposant sur la planification en lien très étroit avec les politiques territoriales et sur la réduction de la durée de développement des projets... Maintenant il faut accélérer cette planification de façon à ce que mi-2023 maximum, on soit au clair sur où mener des projets. Je rappelle qu'il n'y a pas encore une seule éolienne offshore raccordée en France : on a perdu trop de temps ! Il faut également investir dans les ressources humaines au bon endroit. »
Le 14 mars dernier, le Premier ministre Jean Castex annonçait, depuis Port-la-Nouvelle, le lancement de la procédure de mise en concurrence pour deux fermes éoliennes flottantes commerciales en Méditerranée (au large de la Narbonnaise et de Fos-sur-Mer) et l'ouverture de deux appels à manifestation d'intérêt pour le développement de la filière française de l'éolien flottant, portant sur les infrastructures portuaires de Port-la-Nouvelle et sur la production d'équipements, de construction et d'assemblage de ces éoliennes.
Nouveau partenariat entre la Région Occitanie et Schlumberger
En Occitanie, la présidente de Région Carole Delga (qui est aussi présidente des Régions de France), plaide pour le pari gagnant du partenariat public-privé. Elle annonce ainsi que la veille, Olivier Le Peuch, directeur général de Schlumberger, lui a confirmé la décision de sceller un partenariat entre la Région Occitanie et Schlumberger à Béziers : « Nous serons partenaires pour créer un site d'essai sur l'éolien flottant portant sur les nouvelles technologies qui permettraient des puissances supérieures allant de 10 à 12 MW et jusqu'à 20 MW à terme. C'est un partenariat public-privé, que nous avons déjà fait avec Genvia (dont la Région Occitanie est le 2e actionnaire via son Agence Régionale Énergie Climat, derrière Schlumberger, NDLR) mais que nous faisons aussi sur Port-la-Nouvelle. Car l'ambition demande des centaines de millions d'euros d'investissement mais aussi une expertise, d'où la création d'une SEMOP* qui nous permet d'avoir une puissance politique et financière mais aussi une puissance industrielle ».
Renseignement pris auprès des services de la Région, ce nouveau partenariat avec Schlumberger ne bénéficie pas pour le moment d'une temporalité précise ni d'une localisation établie.
« Une culture du combat »
Si les pro-éolien offshore s'entendent sur la nécessité d'accélérer sur l'installation d'éoliennes en mer, comment raccourcir les procédures, alors que la concertation est désormais un outil incontesté de l'acceptabilité citoyenne ? La question reste posée, sans véritable réponse absolue...
Sur la façade méditerranéenne, en Occitanie et PACA, le débat public s'est terminé le 31octobre 2021. Si débat il y a bien eu entre les différents usagers de la mer ou les fervents défenseurs de l'environnement, ça n'a pas été avec la virulence observée en terres bretonnes par exemple, ou, plus récemment en Charente-Maritime autour du projet au large de l'île d'Oléron.