Source : Paris Normandie

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Près de Rouen, l’artisan de Montville Arnaud Crétot livre à vélo son pain cuit au four solaire

L’artisan Arnaud Crétot cuit son pain au four solaire et livre à vélo de Montville à Rouen tous les vendredis matins. Un four qui s’est déjà exporté dans d’autres villes françaises, et qui intéresse à l’étranger comme en Suisse ou en Belgique.

Un brouillard épais s’est installé sur les campagnes seinomarines, la température ne dépasse pas les deux degrés, toutes les conditions nécessaires à la fabrication du pain au four solaire ne sont pas réunies ce mardi 25 janvier 2022.

Pour autant, Arnaud Crétot, « artisan ingénieur » de Neoloco à Montville, près de Rouen, n’est pas contraint puisque « lorsqu’il fait mauvais comme aujourd’hui, on s’occupe de notre comptabilité ou de nos emballages. Hier il a fait vraiment beau, j’ai produit 60 kg de pain donc même si je ne produis pas sur une journée, j’ai du stock pour la livraison de vendredi. » Effectivement, le four est froid mais ça s’active du côté de l’étiquetage. Son associé est assis non loin du pétrin et prépare les paquets des marchandises à la main. Car oui, Arnaud ne produit pas que du pain ; il s’est lancé dans la torréfaction de café de lentilles et de pois chiches en 2020. Il appelle ça « l’éveil résistant ». Un doux mélange qui a la couleur du café et son arôme mais qui ne provient pas de Colombie.

Arnaud Crétot a fondé l’entreprise Néoloco et livre désormais à vélo
Arnaud Crétot a fondé l’entreprise Néoloco et livre désormais à vélo - Boris Maslard

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« Ce sont les matières premières qui augmentent, pas mes prix »

Farine, graines de courges, orge, lentilles, miel et autres ingrédients utilisés par Arnaud sont une partie de ses matières premières dénichées sur le territoire normand. Pour le conditionnement, il achète les sachets et les étiquettes mais pour le reste, l’artisan ne se sert que du soleil et rassure : « Ce sont les matières premières qui augmentent, pas mes prix. Je produis au soleil ou alors au feu de bois si le temps n’est pas bon. Les deux fours ont la même capacité et je ne rejette rien de polluant. Ensuite je livre moi-même jusqu’à Rouen avec mon vélo. Je ne vois pas pourquoi j’augmenterais mes prix alors que je n’utilise pas d’énergie électrique. »

Une livraison en voiture troquée pour une remorque et un vélo en octobre dernier, un gain de temps mais surtout une réelle économie pour le producteur puisqu’il dédiait 1 000 € de frais d’entretien à son véhicule tous les mois contre quelques euros pour son nouveau mode de transport. 100 % de sa production de pain est livrée tous les vendredis matin entre Montville et Rouen et pour lui, « c’est vraiment mieux. Avant je perdais du temps à me garer et à circuler dans les rues de Rouen. À vélo ce n’est qu’une question d’organisation, j’essaie d’aligner mes points de livraison sur mon trajet et si je vais au plus loin, j’en ai pour une heure quinze. Bien moins de temps perdu. » Arnaud se rend dans des commerces dédiés aux produits locaux mais également dans les boulangeries et restaurants de la Métropole et couvre ainsi plusieurs communes péri-urbaines (Isneauville, la Vallée du Cailly, Sotteville-lès-Rouen).

Points de vente et commandes en ligne sur : neoloco.fr

Cinq tonnes de pain et quatre tonnes de graines par an, un concept qui intéresse les professionnels

En période estivale, Arnaud Crétot gagne cinq heures de soleil supplémentaires ce qui lui permet de produire 130 kg de pain en une journée contre 60 à 100 kg lorsque le soleil est absent. Les graines aussi sont produites en conséquence et stockées durant l’hiver : « Les graines sont des produits secs comme le café, donc je peux les conserver des mois sans souci pour les revendre ensuite. Quand il fait vraiment beau sans pour autant que ce soit la canicule, je produis bien plus de pain. Le four tourne à plein régime . »

Un concept qui plaît et qui fait parler de lui puisqu’Arnaud a récemment reçu la visite d’artisans boulangers souhaitant se convertir à l’énergie solaire. Trois fours de la société Light fire deluxe, dans laquelle il est ingénieur, se sont donc installés à Lille, Perpignan et Bordeaux. La Belgique et la Suisse se penchent également sur le sujet. Pour l’ingénieur « il est urgent que les entreprises s’organisent sur une transition écologique  ».


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