Une méthode pour récupérer l’argent, le cuivre et le silicium

Ces trois métaux représentent moins de 5 % de la masse d’un panneau solaire (constitué à 75 % de verre), mais contiennent la majeure partie de la valeur. Yun Luo et Guy Chichignoud (aidés par Daniel Bajolet, cofondateur de Rosi Solar, aujourd’hui à la retraite) ont développé un procédé pour dissocier les éléments du sandwich de silicium, d’argent et de cuivre, agglomérés à un polymère. Une pyrolyse permet dans un premier temps de transformer le polymère en gaz et d’isoler les métaux. Puis un traitement à base de chimie douce sépare les métaux.

« Nous utilisons de la chimie basique [par opposition à la chimie « acide », ndlr] qui n’a pas d’impact environnemental, explique Antoine Chalaux, le directeur commercial de Rosi Solar, à L’Usine Nouvelle. Nos effluents seront acheminés hors site et traités par des filières spécialisées. Il s’agit de boues qui ne sont pas dangereuses. »

Démarrage de la production en 2023

À partir de l’année 2023, Rosi Solar prévoit de réceptionner 100 000 panneaux solaires et récupérer 2 tonnes d’argent, 20 tonnes de cuivre et 60 tonnes de silicium par an. « Notre procédé permet de valoriser au moins 80 % des métaux du panneau », précise Antoine Chalaux. La production sera installée dans une ancienne usine de La Mure, où travailleront une trentaine de salariés. Rosi Solar a noué des partenariats avec Envie 2E et Soren pour réaliser la collecte des panneaux en France, principalement en Aquitaine et Occitanie.

Le coût total dédié à l’usine de La Mure est de 5 millions d’euros, dont 1 million potentiellement financé par le plan France Relance. Une nouvelle levée de fonds de 8 millions d’euros doit permettre l’expansion de l’entreprise à l’international et le financement de la R & D. Sur ce montant, 4 millions ont déjà été accordés par l’European Innovation Council, le fonds d’investissement européen dédié aux start-up à fort potentiel.

Encore peu de panneaux en fin de vie

Avec le décollage encore récent de la filière photovoltaïque, les premiers panneaux recyclés de Rosi Solar seront essentiellement des équipements détériorés ou cassés. Avant les années 2010, les capacités solaires en France étaient insignifiantes et la durée de vie d’un panneau solaire se situe autour de trente ans. Pour voir arriver massivement les premiers panneaux en fin de vie, Rosi Solar devra donc attendre quelques années.

 

Les capacités d'énergies renouvelables en France. Source : Panorama de l'électricité renouvelable, septembre 2021.

Cependant, les installations se comptent déjà en dizaines de millions de panneaux dans l’Hexagone. Les capacités déployées dans l’énergie solaire ne cessent de croître pour représenter aujourd’hui près de la moitié de celles de l’hydraulique – le plus important des renouvelables en France. Pour réceptionner les panneaux en fin de vie, les structures de recyclage devront être considérablement développées. La constitution de cette filière permettra de réduire la tension sur certains métaux comme le silicium, classé dans la liste des matières premières critiques par la Commission européenne.