Source : Huffpost  (22/4/2024)

https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/les-energies-renouvelables-ont-battu-un-record-en-europe-mais-cela-cache-une-mauvaise-nouvelle_232723.htm

Les énergies renouvelables ont battu un record en Europe, mais cela cache une mauvaise nouvelle

La production d’électricité des énergies renouvelable a bondi en Europe en 2023. Une conséquence des températures, des tempêtes et des crues exceptionnelles.

Par Maëlle Roudaut
Une photo d’illustration d’une éolienne implantée devant la centrale électrique de Schkopau, alimentée au lignite et située au sud de Halle, le 4 janvier 2024
JOHN MACDOUGALL / AFP
Une photo d’illustration d’une éolienne implantée devant la centrale électrique de Schkopau, alimentée au lignite et située au sud de Halle, le 4 janvier 2024

ENVIRONNEMENT - Du vent dans les éoliennes et du courant pour les barrages. La filière d’électricité verte de l’Europe a fonctionné à plein régime en 2023, et la météo extrême n’y est pas pour rien. Dans un rapport publié ce lundi 22 avril, l’observatoire européen du climat Copernicus souligne que les énergies renouvelables ont compté pour 43 % de la production en électricité de l’Europe en 2023. Un record, et surtout un bon de géant par rapport aux 36 % de l’année précédente.

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Si une partie de cette progression s’explique par le développement des infrastructures et les politiques climatiques, les intempéries ont aussi leur part de responsabilité. « L’augmentation du nombre de tempêtes d’octobre à décembre a entraîné un potentiel de production d’énergie éolienne supérieur à la moyenne », note ainsi Copernicus, qui précise que ces tempêtes ont touché environ 550 000 personnes et ont fait au moins 63 morts.

Des méga inondations au service de l’hydroélectricité

Le vent n’est pas le seul facteur météorologique à avoir contribué à cette hausse de la production d’énergie propre. En 2023, l’Europe dans son ensemble a été environ 7 % plus humide que la moyenne. Selon l’ensemble des données, il s’agit de l’année la plus humide ou de la troisième année la plus humide jamais enregistrée.

Ainsi, « le potentiel de production d’énergie hydroélectrique au fil de l’eau a été supérieur à la moyenne dans la majeure partie de l’Europe, en raison de précipitations et d’un débit fluvial supérieurs à la moyenne », relève Copernicus. Les données sont en effet spectaculaires : en Grèce, à certains endroits, l’équivalent d’une année de pluie est tombé en un jour. En Italie, au mois de mai, 23 fleuves sont sortis de leur lit. Les inondations se sont étendues sur 540 km2 et on fait 15 morts.

De même en août, des inondations ont touché les deux tiers de la Slovénie, où 8 000 personnes ont été évacuées et six ont perdu la vie. Dans le même temps, la Norvège et la Suède étaient également sous l’eau. Si bien qu’une centrale hydroélectrique sur le fleuve Glomma s’est partiellement effondrée, entraînant de nouvelles inondations. La France a également enregistré des crues records dans le Pas-de-Calais.

Un mois de septembre (trop) ensoleillé

L’électricité solaire, produite à partir de panneau photovoltaïque, a elle aussi été boostée, en particulier dans le sud de l’Europe mais aussi en Finlande, en Suède et en Norvège. « C’est en septembre que les anomalies de la durée d’ensoleillement ont été les plus marquées », relève Copernicus. Conséquence logique : le mois de septembre a été très chaud, et même le plus chaud jamais enregistré en Europe avec un record de 0,93 °C au-dessus de la moyenne.

Si les chiffres de septembres sont impressionnants, il s’agit d’une tendance générale : 2023 est la première année au cours de laquelle chaque jour a dépassé de 1 °C le niveau préindustriel. Cette anomalie de température a provoqué un risque de feu de forêt supérieur à la moyenne pendant la majeure partie de l’année. De grands incendies se sont déclarés au Portugal, en Espagne, en Italie et surtout en Grèce, qui a connu le plus grand incendie de forêt jamais enregistré dans l’Union européenne, avec environ 96 000 hectares.

Le CO2 et le méthane continuent d’augmenter

En résumé, « en 2023, l’Europe a connu le plus grand incendie de forêt jamais enregistré, l’une des années les plus humides, de graves vagues de chaleur marine et des inondations dévastatrices généralisées », constate Carlo Buontempo, directeur du service changement climatique de Copernicus. Mais le plus inquiétant reste que « les températures continuent d’augmenter ».

Cette évolution suit les projections sur le réchauffement climatique. Les niveaux de concentration des deux principaux gaz à effet de serre responsables du phénomène, le CO2 et le méthane, dans l’atmosphère ont continué d’augmenter en 2023, atteignant des niveaux records selon Copernicus. La température globale à l’échelle de l’Europe a augmenté de 1,3 °C, s’approchant toujours plus de la limite des 1,5 °C à dépasser.


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