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Nucléaire - Chinon
Yves Lenoir est un fin connaisseur du nucléaire en général et de Tchernobyl en particulier. Ingénieur de formation, il ne cesse depuis 1986 de faire connaître les conséquences de l’accident nucléaire de Tchernobyl, notamment via l’association Enfants de Tchernobyl Bélarus, créée en 2001 et qu’il préside. « On récolte chaque année 200.000 € pour financer l’institut Belrad basé à Minsk, un organisme indépendant de protection radiologique du Bélarus. »
Avec Kolin Kobayashi, qui a travaillé sur Fukushima, il était invité par le groupe Sortir du nucléaire Chinon pour un ciné-débat autour de son documentaire Tchernobyl le monde d’après. Un film réalisé au Bélarus avec les moyens du bord et en « semi-clandestinité » à l’été 2016.
« 350 000 becquerels dans un kilo de champignons »
Depuis le 26 avril 1986, « chaque année, on retient la centrale éventrée de Tchernobyl, la guerre contre la radiation, mais Tchernobyl c’est encore aujourd’hui. La radiation, ce n’est pas un ennemi que l’on peut combattre, estime Yves Lenoir. Environ deux millions de Bélarusses, trois millions si l’on ajoute l’Ukraine et la Russie, vivent sur un territoire où personne ne voudrait vivre chez nous. » Yves Lenoir cite les populations locales qui se nourrissent de champignons, de baies et de gibiers contaminés dans les forêts où les radiations sont toujours présentes, 40 ans après l’accident. « L’institut a mesuré 350.000 becquerels dans un kilo de champignons. On mesure à peine 5 % de la nourriture. »
Pour Sortir du nucléaire Chinon, opposé à l’arrivée de deux nouveaux réacteurs à Avoine, ce témoignage d’Yves Lenoir doit permettre d’ouvrir le débat localement (70 personnes ont assisté à la soirée). « L’État et les collectivités voient dans le renouveau du programme nucléaire une continuité, alors qu’on pensait qu’il était en voie d’extinction. C’est le point le plus fragile de la décision avec la perte de compétences, explique Daniel Bigot. Les fiascos des EPR de Flamanville et à l’étranger le prouvent. »