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Environnement - Loir-et-Cher
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Source : La Nouvelle République
https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/commune/saint-laurent-nouan/4-quel-loir-et-cher-en-2050-la-centrale-nucleaire-de-saint-laurent-sera-t-elle-encore-en-service
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Mis en service en 1981, les deux réacteurs de la centrale de Saint-Laurent B auront 69 ans en 2050. Produiront-ils encore de l’électricité ? Tout est question de sûreté.
Dire que la centrale nucléaire de Saint-Laurent fonctionnera encore en 2050 est prendre un gros risque, déclare Gilles Clément, président de la communauté de communes de Grand Chambord, territoire où sont situés les réacteurs. Tout dépend si les cuves des deux réacteurs sont capables d’assumer leur rôle en toute sûreté.
L’élu évoque dans un premier temps une prolongation « pratiquement acquise » de leur exploitation pour dix années supplémentaires suite à la quatrième visite décennale qui s’est déroulée en 2023 sur le réacteur n° 2 – le réacteur n° 1 subira la sienne en 2025. Une enquête publique commune aux deux réacteurs viendra clore le processus en 2026 dans le but de recueillir les attentes de la population et d’éclairer la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire sur la poursuite ou non de la centrale.
Si les indicateurs laissent à penser que l’ASN donnera son feu vert pour dix ans de plus, elle précise qu’elle ne fera néanmoins pas un chèque en blanc à l’exploitant EDF l’obligeant à apporter des améliorations. Mais à quel coût ?
« Au niveau national, EDF a déjà engagé les études techniques et d’orientation du réexamen périodique des 50 ans, annonce l’exploitant. Ces cinquièmes visites décennales seront centrées sur les effets du changement climatique et l’eau, un sujet particulièrement important pour les sites situés en bord de fleuve. EDF est confiant dans sa capacité à exploiter en toute sûreté ses 56 réacteurs jusqu’à 60 ans et au-delà. »
On semble loin de la vision établie en 2011 par l’association Négawatt, qui prévoyait d’arrêter les centrales au bout de 40 ans. « On pense que le nucléaire va tomber économiquement parlant. L’État et EDF s’acharnent à mettre beaucoup d’argent dans des projets inutiles », regrette Didier Narbeburu, coprésident de Sortir du nucléaire 41. Jean Coly, membre du réseau et siégeant à la commission locale d’information, évoque un scénario plus pessimiste, celui d’une fermeture de la centrale de Saint-Laurent en 2040 suite à un grave accident nucléaire sur le parc français vieillissant.
Ce qui est sûr, c’est que la centrale de Saint-Laurent aura un jour une fin de vie. Le territoire le sait et s’y prépare. Le président de Grand Chambord cite ainsi la transformation, par de l’investissement privé, du site des Bordes à Saint-Laurant-Nouan en un lieu d’hébergement touristique ramenant « des emplois et des recettes fiscales ».
Le territoire ne s’est pas positionné pour accueillir de nouveaux réacteurs, contrairement à l’intercommunalité chinonaise qui a postulé suite à l’annonce d’Emmanuel Macron en 2022 de construire des EPR pour relancer la filière.
Mais il restera une activité sur le site de la centrale de Saint-Laurent avec les chantiers de démantèlement et de déconstruction – ceux sur les deux précédents réacteurs sont toujours en cours après leur arrêt en 1990 et 1992. « La responsabilité des opérations de démontage incombe à l’exploitant, avec un objectif : “ faire vite et bien ” », explique Albane Fontaine, chef de la division ASN d’Orléans. Mais dans le nucléaire, la notion de rapidité est à relativiser. L’ASN parle de la fin du démantèlement des deux premiers réacteurs vers 2100. D’ici là, Sortir du nucléaire 41 redoute un effondrement des bâtiments qui les abritent et une contamination. Quant au démantèlement des deux réacteurs actuels de 900 MW, il s’agira de se servir des retours d’expérience dans le monde.
Journaliste, rédaction de Blois