Source : 7 sur 7

https://www.7sur7.be/monde/brest-base-nucleaire-et-nid-despions-la-france-sinquiete-du-nombre-de-mariages-entre-ses-marins-et-des-etudiantes-chinoises~a076a744/?referrer=https%3A%2F%2Fduckduckgo.com%2F

Brest, base nucléaire et nid d’espions? La France s’inquiète du nombre de mariages entre ses marins et des étudiantes chinoises

 
Des marins français préparent au départ le sous-marin Rubis, en rade de Toulon. Photo d'illustration.
Des marins français préparent au départ le sous-marin Rubis, en rade de Toulon. Photo d'illustration. © AP

 

Alors que les affaires de possible espionnage au profit de la Chine et de la Russie se multiplient, la France s’inquiète. Ses marins bretons pourraient-ils tomber sous les charmes des renseignements chinois? Une menace prise au sérieux, dans cette région qui accueille de nombreuses infrastructures et industries stratégiques. Un spectre de l'espionnage chinois de plus en plus visible en Europe.

Matthias Bertrand Dernière mise à jour: 15:22 Source: Financial Times, Le Point
 
 

La semaine dernière, un assistant d’un eurodéputé allemand d’extrême-droite a été arrêté, sous la suspicion d’espionnage au profit de Pékin. Il est accusé d’avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois. Et ce n’est que la dernière affaire en date qui esquisse les réseaux de renseignement qui semblent avoir été tissés par la Chine.

 

Des marins et des étudiantes

De quoi faire remonter une étrange affaire devant l’Assemblée nationale française, lors d’une récente audition à huis clos. À Paris, on s’inquiète du nombre de relations et de mariages entre les sous-mariniers de la base de Brest, et des étudiantes venues de Chine. Car si la cité bretonne abrite la base des sous-marins nucléaires et plusieurs industries stratégiques à la défense du pays, elle compte aussi de nombreuses facultés renommées à l’international. Et Pékin y a également fondé un institut Confucius. Un réseau de promotion de la culture et de la langue chinoises, mais qui est aussi suspecté de servir au soft power de Pékin.

Or, selon un rapport du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) de 2019, le nombre de mariages entre des militaires français basés dans la région et des ressortissantes chinoises aurait nettement augmenté en quelques années. “Comment devrions-nous évaluer de telles relations ?” interrogeait récemment un parlementaire français.

Quand l’affaire a commencé à faire parler d’elle pourtant, le président de l’Université Bretagne occidentale Mathieu Gallou reconnaissait seulement “trois ou quatre cas suspects depuis 2016” mais appelait à se méfier des rumeurs. D’autres analystes français, tout en la relativisant, soulignaient toutefois une menace bien réelle.

 

“L’ensemencement exquis” de Pékin

Cinq ans plus tard, les questions suscitées par l’espionnage chinois se font toujours plus pressantes. “Les activités d’espionnage de la Chine ont été jusqu’à présent moins actives en Europe qu’aux États-Unis” confie au Financial Times Nigel Inkster, ancien directeur des opérations du Secret Intelligence Service, l’agence de renseignement extérieur britannique. “Mais alors que les attitudes européennes ont commencé à se durcir envers la Chine, nous pouvons nous attendre à voir plus d’opérations d’influence.”

Une activité croissante que Pékin nie vivement, évoquant des allégations mensongères destinées à faire pression sur le pays. Mais les affaires se multiplient, et les experts craignent que Pékin ne bénéficie de l’aide de Moscou, qui cultive des réseaux d’influence en Europe depuis plus longtemps. En particulier dans les réseaux d’extrême droite, à travers des partis politiques comme le Rassemblement national français, par exemple.

L’affaire de la semaine dernière tombait juste après trois autres arrestations en Allemagne. Des scientifiques auraient collecté des informations sur des “technologies innovantes pouvant servir à des fins militaires.” Deux cas qui ne font que confirmer l’activité croissante de réseaux chinois.

 

Des agences décentralisées et en concurrence

Selon le Financial Times, les services de renseignements chinois ont leur logique propre. Il s’agirait d’un réseau décentralisé d’agences, mises en concurrence entre elles et plus ou moins spécialisées par zone géographique. Ce service, nommé MSS (Chinese Ministry of State Security), ou Guoanbu en chinois, aurait été fondé en 1983, et a été décrit comme un hybride entre la CIA et le FBI, sans séparation entre la surveillance intérieure et l’espionnage extérieur.

Le MSS se serait spécialisé dans ce que les Anglo-Saxons qualifient de “exquisite seeding”, ce qu’on pourrait traduire par “ensemencement exquis”. Il s’agit d’un long travail de sape destiné à influencer les institutions étrangères d’une manière qui satisfait l’agenda du Parti communiste chinois. Cela passe par contrecarrer les tentatives de représentations internationales de Taïwan par exemple, mais aussi à mettre des bâtons dans les roues d’organismes humanitaires critiques envers Pékin sur la question des droits humains.

 


--

powered by phpList 3.6.12, © phpList ltd