Note de facteur aux articles ci-dessous :

malgré leurs réticences et leurs nombreux griefs (Voir quelques éléments ci-dessous), les facteurs utilisaient en grande partie le moteur google afin de trouver des dépêches sur l'actualité de l'énergie.pour alimenter ces listes .

Ils viennent donc enfin, depuis quelques jours, de franchir le pas afin de ne plus utiliser ce moteur : peut-être avez vous déjà remarqué un changement ?

Bien sûr cette démarche fondamentale pour nous n'affectera en rien le monstre...

Bonnes lectures.

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Source : 01 du Net

https://www.01net.com/actualites/fusion-nucleaire-les-algorithmes-de-google-a-la-recherche-de-l-energie-infinie-1224652.html

Fusion nucléaire : les algorithmes de Google à la recherche de l’énergie infinie

Associé à la start-up Tri Alpha Energy, les équipes de Google Research ont développé un algorithme pour tenter de maintenir le plasma en fusion. Une première étape pour prouver la faisabilité de cette technologie qui pourrait révolutionner l’approvisionnement énergétique.

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Source : Alternatives Economiques

https://www.alternatives-economiques.fr/lempire-google-enquete-lentreprise-puissante-monde/00111011?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_content=03052024&utm_campaign=hebdo

L’empire Google, enquête sur l’entreprise la plus puissante du monde

 
PHOTO : © Jules Le Barazer

La puissance de Google n’a d’égale que sa notoriété. Dans le monde numérique, il est aisé de citer les services de Google devenus indispensables ou a minima dominants : le moteur de recherche évidemment, mais aussi le système d’exploitation pour smartphone Android, le navigateur Chrome, YouTube, Maps, Gmail, l’outil de navigation Waze, etc.

Le fonctionnement de cet empire est cependant moins connu : comment la firme entretient et étend-elle cette domination ? Quel effet produit-elle sur l’ensemble des entreprises et des utilisateurs qui en dépendent ? Le procès historique qui oppose Google au département américain de la Justice, dont le verdict devrait être connu dans les prochains mois, est l’occasion de plonger dans les fondements du « système Google ».

 

La publicité en ligne, premier moteur de richesse de Google

8 min

Le géant américain a imposé ses outils, de plus en plus fermés, au marché mondial de la publicité numérique. Il en tire la plupart de ses ressources grâce à sa position dominante… et à une criante absence de régulation.

PHOTO : © Jules Le Barazer

Si le nom de Google reste associé à son moteur de recherche, la plupart des utilisateurs savent que son empire s’étend bien au-delà : Gmail, l’un des services de messagerie dominants, la plateforme de vidéos YouTube, Android – système d’exploitation de plus de deux smartphones sur trois –, l’outil de cartographie Maps, le navigateur le plus utilisé au monde Chrome, le service de paiement Google Pay, l’application d’aide à la conduite Waze, etc.

Cette liste de produits grand public est allongée par l’offre à destination des entreprises : Google Cloud, Wind (société de livraison par drones), l’entreprise de conduite autonome Waymo (ex-Google Car), les solutions de cybersécurité, etc.

La gamme des services déployés par Alphabet (la maison mère qui regroupe l’ensemble des entités) est celle d’une entreprise du numérique très diversifiée reposant sur de nombreuses activités. Pourtant, à l’examen des sources de revenus de la firme, celle-ci apparaît avant tout comme un géant de la publicité, qui fournit 80 % de ses ressources et finance donc la quasi-totalité des services de Google, dont une partie est gratuite.

 

A hauteur de 600 milliards de dollars par an, le marché de la publicité en ligne est considérable, et Google en capte 220 milliards. Soit quatre fois plus que le fruit de la vente de voitures pour Renault (52 milliards d’euros) ou près de huit fois plus que la somme des ventes de produits laitiers pour Danone (28 milliards d’euros).

Le marché mondial de la publicité en ligne est en situation de duopole, voire triopole avec la montée en puissance d’Amazon. Meta, la maison mère de Facebook, domine les publicités sur les réseaux sociaux et Google sur les autres supports.

 

L’avènement de la publicité « programmatique »

La particularité de Google est qu’il est présent sur deux types d’espaces. En premier lieu ses propres services, à commencer par le moteur de recherche. Quelques liens « sponsorisés », c’est-à-dire des publicités, apparaissent en premier dans les résultats des requêtes des internautes : des entreprises achètent, via des ventes aux enchères, des mots-clés. On imagine aisément le nombre de sociétés désirant figurer en tête de liste quand un utilisateur tape « hôtel à Barcelone » ou « smartphone pas cher ».

A lire Alternatives Economiques n°446 - 05/2024
 

Centre névralgique des actions en ligne, les moteurs de recherche constituent un espace majeur pour la publicité sur internet. Ils représentent ainsi en France 21 % du marché publicitaire total, soit autant que les spots à la télévision et davantage que ceux sur les réseaux sociaux. Les dépenses publicitaires sur les moteurs de recherche atteignent plus de 3 milliards d’euros en France, pays où Google jouit d’une part de marché de plus de 90 %.

Ce quasi-monopole se réplique dans la plupart des pays occidentaux, en Amérique latine, en Inde, au Japon, en Corée… et qui donne une idée de la manne captée par la firme. A cela s’ajoutent les publicités sur les autres services de Google – principalement YouTube.

En second lieu, une des forces d’Alphabet est d’intervenir aussi dans la gestion de la publicité sur les autres sites, quelle que soit leur nature : média, site de cuisine ou de commerce en ligne qui, s’ils veulent héberger de la publicité, doivent passer par des prestataires pour commercialiser leurs espaces. Et dans l’écosystème d’entreprises de ce marché, Google occupe une place prépondérante.

Les dépenses publicitaires sur les moteurs de recherche atteignent plus de 3 milliards d’euros en France, où Google jouit de plus de 90 % de part de marché

Le secteur de la publicité en ligne connaît une transition technologique en passe d’être achevée : l’avènement du programmatique. Derrière ce terme technique, un changement de logique : on ne propose plus un espace publicitaire pendant x jours à un annonceur pour diffuser son message, mais on vend l’audience représentée par un internaute, avec toutes les informations connues sur lui, afin d’afficher un message publicitaire à son intention.

Concrètement, quand on ouvre un site web, une phase d’enchères se déroule durant le temps de chargement, mettant en compétition différents annonceurs pour déterminer celui qui est prêt à payer le plus cher pour diffuser son message à cet internaute en particulier.

Cette audience est proposée à grand renfort de données extraites du traçage des comportements de l’internaute (historique de navigation et d’achats, sexe, âge, lieu de connexion, etc.). Le processus se déroule en quelques millièmes de seconde et est entièrement automatisé, mais il suppose toute une série d’intermédiaires techniques entre l’annonceur et l’éditeur.

« La publicité programmatique implique une forte intermédiation technologique entre les acheteurs et les vendeurs d’espaces publicitaires, indique l’Inspection générale des finances &(IGF) dans un rapport sur le sujet. La complexité des algorithmes et des données à traiter explique la spécialisation des fonctions sur la chaîne de valeur allant des annonceurs aux consommateurs. »

 

Stratégie du « jardin clos »

Une véritable industrie s’est ainsi développée pour déployer toutes ces solutions techniques. On estime à 40 % la part de la dépense réalisée par l’annonceur captée par ces intermédiaires.

« La particularité de Google est que, sur ce marché-là, il dispose de solutions tout au long de la chaîne, aussi bien du côté éditeur et que du côté annonceur », expose Rémi Deveaux, économiste. Cette position de force sur les sites tiers se double d’un monopole total sur l’ensemble de ses propres services.

« Pour la publicité programmatique sur les sites tiers, Google peut se greffer aux outils des autres, mais sur ses propres services, il est plus difficile pour les autres de se greffer aux outils de Google, explique Théophile Megali, chercheur associé en gestion à l’Université Paris Dauphine. Si l’on souhaite faire de la publicité sur YouTube ou sur le moteur de recherche de Google, on est obligé de passer par les outils d’automatisation de l’entreprise. »

Cette stratégie dite du « jardin clos », qu’on retrouve chez Facebook, permet à Alphabet de proposer « un achat automatisé contrôlé de bout en bout et leur permettant de maîtriser les enchères, l’adressage technique, le ciblage et, enfin, la mesure de l’audience et de l’efficacité des campagnes. […] Par ce biais, les plateformes développent un environnement technique où les données sont produites et valorisées de manière intégrée, dans une logique d’accumulation », détaille ainsi Théophile Megali dans un article sur le sujet.

En découle une forme de conflit d’intérêts dans l’organisation du marché de la publicité en ligne, car Google assiste à la fois l’annonceur et l’éditeur, qui ont des intérêts divergents, et organise les termes et l’espace de la vente. Le tout dans une grande opacité technique.

« En matière de mesure d’audience et de performance, les échanges entre les annonceurs et les plateformes s’articulent uniquement sur des données de suivi et d’impact produites par les plateformes elles-mêmes, et non vérifiables par les acheteurs d’espace. Les plateformes, en “s’auto-mesurant”, sont donc à la fois juge et partie », pointent les auteurs du rapport de l’IGF.

 

Défaut de régulation

Ce pouvoir d’imposer ses outils à tout un écosystème pour renforcer sa position est une constante des Gafam. Dans le cas de Google, on peut le mesurer par l’annonce que son navigateur Chrome ne prendrait plus en charge les cookies tiers. Le géant américain profite de sa position dominante pour mettre fin à un outil qui concentre nombre de critiques sur la surveillance en ligne, mais constitue une technologie qui n’appartient à personne et permet à un tout écosystème de se développer.

Pour les remplacer, Google va pouvoir mettre en avant ses propres solutions. En effet, quelle meilleure alternative que « les univers loggés », c’est-à-dire ceux des identifiants uniques permettant d’accéder à plusieurs services, univers comme ceux de Google et Facebook qui comptent le plus d’utilisateurs au monde ?

Autre trait commun aux Gafam : cette domination de Google est en partie le produit des rachats visant à renforcer la position de l’entreprise.

« Google avait sa propre régie publicitaire, mais n’avait pas assez d’annonceurs. Ils ont donc racheté leur principal concurrent en 2007, DoubleClick, explique Rémi Deveaux. Celui-ci comptait beaucoup d’annonceurs importants et leur intégration dans Google a mécaniquement fait jouer les effets de réseau et amplifié son poids dans le secteur. »

La puissance de Google dans ce domaine est aussi la conséquence d’une absence de régulation et d’un moindre encadrement de la publicité numérique en regard des autres formats, soumis à des contraintes plus fortes.

Réguler le secteur est une urgence et une nécessité politique

En télévision, par exemple, le temps alloué aux publicités est limité, et la loi interdit aux chaînes ou encadre strictement les spots de certains secteurs (grande distribution, édition, alcool, préparation alimentaire pour nourrisson, etc.). Un jingle doit également séparer les séquences publicitaires du reste des contenus, et la publicité segmentée1 y a longtemps été interdite, etc.

Réguler le secteur est donc une urgence et une nécessité politique. Mais s’attaquer aux règles et au fonctionnement de la publicité en ligne, au cœur du modèle et des ressources de Google, c’est s’attaquer à une des entreprises les plus puissantes au monde.

  • 1. La publicité segmentée consiste à ne pas délivrer le même message à l’ensemble des téléspectateurs, distingués en différents segments d’audience. En tenant par exemple compte de leur localisation géographique, la publicité diffusée à Quimper sur TF1 peut être différente de celle diffusée à Perpignan.
 

 

 

Comment Google vassalise des pans entiers de l’économie

7 min

De nombreux contentieux portent sur des abus de position dominante du groupe. Dans les jeux vidéo, la presse ou le commerce en ligne, Google n’hésite pas à affronter les acteurs établis.

PHOTO : © Jules Le Barazer

Se placer en intermédiaire permet parfois de se tailler la meilleure part du gâteau. La preuve par Google. Alphabet, la maison mère qui regroupe l’ensemble des activités de la firme, s’est imposée comme un maillon incontournable dans nombre de secteurs, de l’hôtellerie au commerce en passant par les jeux vidéo, et s’est mis à concurrencer les acteurs historiques.

« Plus un secteur a besoin d’informations, plus il a besoin de Google. C’est le cas notamment des services aux particuliers », résume Julien Maldonato, spécialiste de la transformation numérique chez Deloitte, un cabinet de conseil.

Initialement tournée vers le grand public, la société californienne est rapidement devenue indispensable aux entreprises, avides d’apparaître en bonne place sur son moteur de recherche et son service de cartographie, Maps. Elle a ensuite développé des offres de solutions sectorielles à destination de l’industrie, l’automobile, l’énergie… peu ou prou tous les pans de l’économie.

Son offre dédiée aux services financiers inclut des fonctionnalités pour gérer l’octroi de prêts et « des algorithmes sur étagères pour calculer le risque crédit », illustreJulien Maldonato. Mais si le champion de la tech accompagne PME et grands groupes, il se met de plus en plus à rivaliser avec eux.

 

Un grand rival des médias

La presse constitue un cas d’école. « Google s’est interposé entre les lecteurs et les éditeurs », pointe l’avocat Damien Geradin, spécialiste en droit de la concurrence, qui est à l’origine de plusieurs plaintes contre Google pour abus de position dominante.

Dans un premier temps, les médias trouvaient leur compte dans leurs relations avec Alphabet. Le moteur de recherche utilisait leurs contenus dans ses pages de résultats et sur Google News. Quand un utilisateur posait une question, des liens renvoyaient vers les titres de presse, générant des revenus publicitaires pour Le Monde, BFM TV ou France Info.

 

« Cet équilibre a été rompu quand Google ne s’est plus contenté de renvoyer vers des articles, mais s’est mis à répondre lui-même aux questions des internautes avec des fonctionnalités comme Knowledge Panels et Featured Snippets », poursuit Damien Geradin.

« Google garde l’internaute dans sa plateforme et fait chuter le trafic vers les médias » – Damien Geradin, avocat

Le premier, créé en 2012, fournit des informations directement sur la page de résultats sans que l’utilisateur ait besoin de naviguer sur d’autres sites. Le second est un résumé de réponses à des questions fréquemment posées, qui apparaît dans un bloc distinct en haut des résultats. Ce qui paraît anodin à l’écran est lourd de conséquences. « Google garde l’internaute dans sa plateforme et fait chuter le trafic vers les médias. Il devient un concurrent direct », analyse Damien Geradin.

Le déséquilibre est en train de s’aggraver avec l’agent conversationnel Gemini qui reprend des contenus de médias. Il est ainsi possible de lui demander, comme d’ailleurs à ChatGPT et aux autres outils d’intelligence artificielle (IA) génératives : d’après The Economist, est-ce que Donald Trump va gagner les prochaines élections ?

« L’intelligence artificielle répond directement aux questions des internautes, les désincitant à lire les sources premières », décrypte Damien Geradin.

Les annonceurs ne s’y trompent pas. Ils détournent leurs investissements publicitaires des médias pour les orienter vers Google ou Meta, la maison mère de Facebook et Instagram.

 

Play Store, la poule aux œufs d’or

Les pouvoirs publics ont bien tenté de réagir. Une directive européenne, transposée en France en 2019, oblige les géants du web à rémunérer les médias lorsqu’ils réutilisent leurs contenus. On appelle cela les « droits voisins ». Mais Alphabet traîne des pieds. En 2021, l’Autorité de la concurrence l’a condamné à 500 millions d’euros d’amende pour ne pas avoir négocié « de bonne foi » avec les éditeurs de presse tricolores. Rebelote cette année, avec une nouvelle sanction de 250 millions d’euros pour « non-respect de ses engagements concernant les droits voisins ».

La domination de Google s’illustre aussi, de manière flagrante, dans la vente d’applications mobile. 95 % des applications sur Android, qui équipe deux tiers des smartphones au monde, sont achetées sur le magasin Play Store de Google. Or Alphabet, tout comme Apple via l’App Store sur iPhone, prennent une commission allant jusqu’à 30 %. On parle là d’un marché alléchant.

Alphabet, tout comme Apple, prennent une commission allant jusqu’à 30 % sur la vente d’applications pour smartphones

En 2021, Google aurait généré 11 milliards d’euros de profits sur cette seule activité. Le groupe américain tente bien de justifier ses frais, mettant en avant « la conception de technologies au service des développeurs, la revue des applications par ses salariés avant mise en ligne, l’entretien et les mises à jour régulières du store », énumère le consultant Christophe Carugati, fondateur du cabinet Digital Competition. Mais les éditeurs ne sont pas dupes.

Particulièrement rentable, avec des marges de l’ordre de 70 % du chiffre d’affaires, la commercialisation des applis est devenue une rente considérable pour Google et Apple qui fait grincer des dents les Netflix, Spotify et autres Tinder.

Prenons l’exemple des jeux vidéo. L’éditeur Epic Games, connu pour son jeu Fortnite, a engagé un bras de fer contre le duopole en 2020. Il s’est fait exclure des deux magasins d’application pour avoir mis en place sa propre boutique afin de contourner les commissions d’Apple et Google. Il est allé en justice et un tribunal californien a reconnu en décembre dernier que le Play Store jouissait d’une position « dominante et illégale ».

Epic Games a affirmé qu’Alphabet abusait de sa situation « pour exiger des frais exorbitants, étouffer la concurrence et réduire l’innovation ». Un changement de pratique de la part de Google est attendu pour cette année. Entré en vigueur en mars, le Digital Market Act (DMA) européen oblige Alphabet et Apple à autoriser les boutiques d’application tierces sur leurs systèmes d’exploitation. Cependant, « les programmes de mise en conformité qu’ils ont présentés sont très loin du compte. On ne peut pas exclure qu’il y ait d’autres litiges », tempère Damien Geradin.

 

Contentieux à la pelle

Presse, applis, la mainmise d’Alphabet va bien au-delà de ces deux exemples emblématiques. Depuis près de 15 ans, un contentieux oppose l’Union européenne et le géant de la Silicon Valley sur le marché des comparateurs de prix. En janvier, la justice européenne a confirmé l’amende de 2,4 milliards d’euros infligée au groupe pour avoir favorisé son outil Google Shopping au détriment de ses rivaux tels que Trivago, Kelkoo ou Kayak. Il a modifié l’affichage de ses résultats pour se conformer à la réglementation européenne.

« Le DMA doit mettre fin à l’auto-préférence », espère Christophe Carugati.

Mais tout n’est pas réglé pour autant. Faites le test. Si vous cherchez « hôtel Rome » sur Google, vous tombez sur une carte de Maps qui propose différents établissements. Ceux-ci rémunèrent le moteur de recherche pour la mise en relation. Les comparateurs comme Booking doivent payer s’ils veulent figurer au-dessus de cette carte.

« Ainsi, Google déliste ses concurrents… qui doivent payer pour revenir en bonne position. C’est le crime parfait ! », commente Damien Geradin.

Le département juridique d’Alphabet a fort à faire, mais cela n’a pour l’instant pas calmé les ardeurs du mastodonte.

« La philosophie des géants du web, c’est "move fast and break things" (va vite et casse l’ordre établi), reprend Damien Geradin. Mais Google fait face à une centaine de contentieux dans le monde. Il est possible qu’il finisse par plier. »

Il n’est pas exclu non plus qu’Alphabet, qui emploie désormais plus de 180 000 personnes, se fasse dépasser par un nouvel entrant. Sa croissance lui a fait perdre en agilité. Le succès de ChatGPT a démontré que d’autres entreprises pouvaient proposer un service précieux et collecter des données monétisables. Mais pour l’heure, la domination du champion californien reste écrasante.

 

Thomas Lestavel

 
 
Numérique

L’empire Google peut-il être démantelé ?

8 min

Brandi comme la solution au monopole de Google, son démantèlement soulève une série de dilemmes. Le verdict imminent du procès intenté par le département américain de la Justice ne devrait pas trancher le débat.

PHOTO : © Jules Le Barazer

C’est l’arme ultime du droit de la concurrence qui est brandie contre l’une des entreprises les plus puissantes du monde. Google risque, théoriquement, le démantèlement dans le procès historique qui l’oppose au département américain de la Justice pour abus de position dominante.

Le verdict devrait être rendu dans le courant du mois de mai, et même si l’activation de cet outil de régulation reste assez improbable, son évocation pose à nouveau la question de l’encadrement d’un tel empire.

Le géant du numérique est poursuivi pour avoir abusé de sa puissance financière afin de renforcer sa position dominante dans la recherche en ligne. Durant les auditions, ont ainsi été décrites les méthodes de l’entreprise pour que son moteur de recherche soit installé par défaut dans les smartphones des principaux fabricants (Apple, Samsung, etc.) et dans les différents navigateurs (Safari, Mozilla, etc.).

 

Alphabet, la maison mère de Google, versait ainsi chaque année des milliards de dollars en commissions à ses partenaires, l’addition ayant atteint 26 milliards en 2021. Le seul Apple a, par exemple, reçu 18 milliards de dollars cette année-là.

Le procès ne concerne certes que la partie moteur de recherche, qui reste tout de même au cœur du système Google, mais il s’agit d’un contentieux l’opposant au puissant département américain de la Justice. Or, l’épisode convoque des précédents historiques : les grands procès contre Microsoft à la fin des années 1990, IBM dans les années 1970 ou, la décennie suivante, le puissant opérateur téléphonique AT&T contraint au démantèlement. Mais, cette fois, le recours soulève la question d’un monopole numérique.

 

Un empire impossible à découper ?

L’ère numérique change en effet la donne car, contrairement à AT&T, il apparaît quasiment impossible, techniquement, de découper l’empire Google en plusieurs entités géographiques, comme l’avait été AT&T. Le moteur de recherche Google en France ou aux Etats-Unis repose sur la même architecture technique, tout comme ses autres services. Une option plus réaliste serait celle d’un démantèlement consistant à séparer les différents outils.

« Le problème est qu’il est très difficile de démanteler un système numérique comme Google, car celui-ci ne fonctionne que par la mutualisation des investissements d’un service à l’autre, explique Frédéric Marty, économiste au CNRS. C’est la cohérence de l’écosystème qui fait sa performance… tout comme les problèmes qu’il pose. »

En effet, la très large palette de services de Google1articule ceux-ci via des subventions croisées entre eux. L’argent vient principalement de la vente de publicité sur le moteur de recherche, qui finance le reste.

Démanteler Google en plusieurs entités, en séparant par exemple Android de YouTube ou du moteur de recherche, reviendrait à casser le lien entre tous ces services. Et obligerait à réinventer le modèle économique de chacun.

« Nombre de services de Google sont aujourd’hui gratuits car hautement subventionnés par d’autres. Si l’on va vers un démantèlement, ces services deviendraient payants, ou bien il faudrait trouver une autre source de financement », confirme Frédéric Marty.

Rompre le lien entre le moteur de recherche et Chrome ou Android ne cassera pas à court terme la position dominante de chacun d’entre eux

« Le démantèlement ne fait qu’empêcher les subventions croisées ou le partage de données entre les différents services, mais ces derniers peuvent rester fondés sur des logiques d’enfermement et d’effet de réseau, complète Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique. On retrouvera donc ces mêmes dynamiques d’enfermement pour toutes les entités séparées, mais sans tirer profit des avantages éventuels de l’intégration des services au sein d’un même groupe. »

Ainsi, rompre le lien entre le moteur de recherche et Chrome ou Android ne cassera pas à court terme la position dominante de chacun d’entre eux. Le monopole du moteur de recherche Google resterait le même au lendemain du démantèlement. Alors, le projet de démanteler Google a-t-il tout de la fausse bonne idée ?

« Expliquer que démanteler Google est extrêmement compliqué d’un point de vue technique et peut rendre les entités démantelées moins efficaces revient à raisonner comme un pur économiste, pondère Frédéric Marty. D’autres raisonnements peuvent s’appliquer, et notamment l’idée que la taille des firmes est un problème en soi auquel il faut s’attaquer pour des raisons économiques et surtout politiques. La concurrence est un outil de dispersion du pouvoir économique, qui est une condition sine qua non de la dispersion du pouvoir politique. »

 

L’activité publicitaire au cœur du problème

Autrement dit : Alphabet est trop puissant et cela pose un problème politique. Il faut réduire la taille de son empire pour diminuer son pouvoir. Mais on retombe sur la même épine : comment faire concrètement, et quoi séparer ?

« Le problème du démantèlement est qu’il s’agit d’un mot fourre-tout, et qu’on ne précise pas vraiment son contenu, abonde Joëlle Toledano, économiste à Paris Dauphine-PSL. Ceux qui avancent cette idée disent rarement ce qu’ils démantèlent concrètement, ni s’il s’agit de séparer les moteurs de recherche de Maps ou plutôt de détacher ce qui relève de la publicité – cette dernière option me paraissant beaucoup plus intéressante. »

La publicité est en effet au cœur de l’activité de la firme et représente plus des trois quarts de ses revenus. « Google définit les systèmes d’enchères publicitaires, sait ce que les uns et les autres sont prêts à payer, évalue le résultat des publicités et est à la fois à la place de l’annonceur et de celui qui affiche le message publicitaire. Une situation de conflit d’intérêts dans laquelle Google prend des commissions à tous les niveaux, poursuit l’économiste2.

Et d’ajouter :« Si le démantèlement revenait à une séparation de toutes ces activités publicitaires et qu’on puisse regarder ce qui se passe à chaque niveau, ce serait une clé pour remettre en cause son pouvoir de marché. » Ce qui équivaut, en définitive, à poser les termes de la régulation d’une activité : la publicité en ligne.

« J’espère que la prochaine étape de régulation sera celle de l’ouverture des écosystèmes fermés et du partage de la valeur, soutient Jean Cattan. Les réseaux sociaux et services numériques dominants empêchent l’innovation car on ne peut rien leur ajouter comme fonctionnalités ou outils. Il faut ouvrir leurs infrastructures et, pour cela, s’assurer du juste partage de la valeur générée entre l’ensemble des acteurs. »

 

Un instrument de la puissance états-unienne

Qu’attendre du verdict à venir ? La plupart des observateurs doutent d’un démantèlement. En plein conflit technologique et industriel avec la Chine, pourquoi les Etats-Unis casseraient-ils l’un des instruments de leur puissance ? Les épisodes analogues, par le passé, ont cependant livré quelques enseignements.

« Le procès de Microsoft en 1998 l’a conduit à être beaucoup plus prudent dans ses volontés d’acquisitions », Joëlle Toledano, économiste

« Le procès entamé en 1998 contre Microsoft ressemble à celui d’aujourd’hui contre Google, pointe Frédéric Marty. Même si le verdict n’a pas débouché sur quelque chose de concret et a pu donner l’impression de n’avoir rien changé, avoir mis ces firmes sur des charbons ardents leur a fait perdre de leur superbe. »

« Pendant une décennie, cela a conduit Microsoft à être beaucoup plus prudent dans ses volontés d’acquisitions et à se tenir tranquille car ses dirigeants ont compris que, quand ils se retrouvaient menacés par des juridictions, cela devenait le principal problème de l’entreprise et qu’elle risquait d’en mourir », abonde Joëlle Toledano.

« Si Microsoft n’avait pas été empêtré dans des contentieux en Europe et aux Etats-Unis, peut-être aurait-il été plus proactif dans le déploiement de l’Internet mobile dans les années 2000 », suggère Frédéric Marty.

Ces cas de figure résonnent avec la situation actuelle de Google. Le roi de l’économie numérique apparaît aujourd’hui menacé dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA) générative, incarné par ChatGPT de la start-up OpenAI, une quasi-filiale de Microsoft.

La vénérable institution de l’informatique est considérée ainsi, aujourd’hui, comme l’entreprise en pointe de l’IA générative. Si Microsoft a pu apparaître relativement dépassé dans les années 2000 et 2010, les fondamentaux de sa puissance avaient été préservés. L’histoire se répétera-t-elle pour Google ?

 

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