Source : BFM TV

https://www.bfmtv.com/economie/c-est-la-junk-food-contre-la-qualite-roland-lescure-defend-le-made-in-france-contre-les-panneaux-photovoltaiques-chinois_AV-202405070348.html

"C'est la junk food contre la qualité": Roland Lescure défend le Made in France contre les panneaux photovoltaïques chinois

Thomas Chenel
 
Le
 
 
Doze d'économie : Photovoltaïque, regards tournés vers la Chine - 05/04
 
Le ministre de l’Industrie et de l'Énergie a défendu sur BFM Business, ce mardi, la filière photovoltaïque française et ses perspectives face à la concurrence étrangère et notamment chinoise, qui fragilise les entreprises européennes du secteur.
 

La filière photovolaïque française est en souffrance face à la féroce concurrence de la Chine. Mais Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l'Énergie, se veut optimiste.

"On est en train de lancer deux gigafactories de panneaux photovoltaïques, une dans l’est de la France, une dans le sud. On va être compétitif, on va avoir des panneaux photovoltaïques faits en France, qui non seulement vont être vendus en France mais vont aussi être exportés", a assuré le ministre sur BFM Business.

La plus grande gigafactorie d'Europe de panneaux solaires doit effectivement voir le jour à Sarreguemines, en Moselle. Elle doit employer 1.700 collaborateurs et produire chaque année 10 millions de panneaux, soit le nombre nécessaire pour équiper un million de foyers, selon le consortium d'entreprises européennes HoloSolis, chargé du projet. C'est aussi l'équivalent "de 8 % des importations européennes de modules photovoltaïques chinois en 2022", selon la société TSE, membre du consortium.

Mais la mise en chantier de l'usine accuse du retard et les premiers panneaux ne devraient être produits qu'en 2026.

Une autre gigafactorie doit être construite à Fos-sur-Mer, sur le Grand port maritime de Marseille, avec là encore de premiers modules attendus en 2026.

 

 

"Standards environnementaux extrêmement dégradés"

"Il faut juste quelques années pour que ces industries puissent arriver à maturité. Donc il faut les protéger pendant 3-4-5 ans. C’est exactement ce qu’a fait la Chine, au moment du lancement de son industrie", a déclaré Roland Lescure.

Le ministre fait valoir la qualité de la production française, face aux panneaux solaires chinois qui inondent le marché européens et cassent les prix.

"Le défi aujourd’hui, c’est que si vous importez des panneaux photovoltaïques qui vont vous permettre de décarboner la France mais qui sont produits selon des standards environnementaux extrêmement dégradés, vous carbonez à droite là où vous décarbonez à gauche. Cela n’a aucun sens. Quand on dit il faut de la concurrence juste, il faut notamment qu’elle soit environnementalement juste", estime Roland Lescure.

L'essentiel des panneaux solaires européens sont importés, et parmi eux, 96% viennent de Chine, selon Eurostat. La France fait partie des 23 Etats membres de l'Union européenne à avoir signé mi-avril une "Charte solaire" qui vise à protéger et encourager l'industrie européenne, pour qu'elle soit plus compétitive et durable.

 

 

"Le pouvoir d'achat, c’est être capable de valoriser les produits à leur juste prix"

Roland Lescure invite en outre les consommateurs à privilégier le photovoltaïque européen.

"Il y a une schizophrénie. Le pouvoir d'achat, c’est être capable de valoriser les produits à leur juste prix. Aujourd’hui, les agriculteurs passent leur temps à nous dire nous sous-vendons nos produits qui sont de qualité extraordinaire parce qu’on est en concurrence avec des produits qui n’ont pas la même qualité. Le panneau photovoltaïque, c’est la même chose, c’est la junk food du panneau photovoltaïque contre la qualité", soutient le ministre.

 
 
"La qualité, cela veut dire que ça dure plus longtemps. Cela veut dire que c’est peut-être un peu plus cher à l’achat mais ce sera moins cher à
 

En attendant, de nombreux fabricants européens ne parviennent pas à suivre la concurrence chinoise. En France, deux PME du secteur ont mis la clé sous la porte rien qu'au mois d'avril, Recom-Sillia, à Lannion dans les Côtes-d’Armor, et Systovi, près de Nantes en Loire-Atlantique. La direction de Systovi explique ne pas avoir pu faire face à "l’accélération soudaine du dumping chinois".

Thomas Chenel

 


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