EDF veut construire une usine de recyclage des déchets nucléaires sur les restes de Fessenheim
Source : La Tribune
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EDF veut construire une usine de recyclage des déchets nucléaires sur les restes de Fessenheim
Que faire à la place de Fessenheim (Haut-Rhin)? EDF a tenté de répondre à cette question en présentant, ce mardi, un projet d'usine de recyclage de métaux faiblement radioactifs près de l'ancienne centrale nucléaire fermée en 2020.
Lors d'une réunion de présentation, l'ancien exploitant de la centrale a proposé ce projet de « technocentre » dont l'ouverture est projetée pour 2031. Le site, qui occuperait 15 hectares, réutiliserait des bâtiments annexes à la centrale, dont le démantèlement devrait se terminer en 2042.
L'usine refondrait des métaux dits « très faiblement radioactifs » pour les transformer en lingots de fonte ou d'acier utilisables normalement, la partie radioactive partant dans des installations de traitement des déchets nucléaires. Les métaux très faiblement radioactifs sont essentiellement des gravats, des terres ou des ferrailles issus du démantèlement ou de l'exploitation d'installations nucléaires ou d'industries classiques utilisant des matériaux naturellement radioactifs.
« L'usine produirait des lingots d'une vingtaine de kilos de métaux conventionnels après un processus de contrôle (...) qui sont voués à toute utilisation », a détaillé Laurent Jarry, directeur du site EDF de Fessenheim, lors de la présentation du projet.
« On compte nouer des partenariats avec des fondeurs régionaux pour qu'ils transforment ces lingots pour leurs clients », a-t-il précisé.
Selon EDF, cette usine supposerait un investissement d'environ 450 millions d'euros et emploierait 200 personnes.
« Il s'agirait d'apporter de l'activité sur le territoire, de créer des emplois à hauteur de 200 environ et de participer à une redynamisation (...) du territoire », a déclaré ce lundi, Jean-Louis Laure, le président de la commission créée pour le débat qui devra avoir lieu sur le sujet.
Celui-ci a reconnu « un certain ressentiment, ou en tout cas une déception pour certains, que la centrale nucléaire ait été arrêtée ».
La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim a entraîné la destruction d'environ 2.000 emplois directs et indirects dans ce territoire rural, à mi-chemin entre Colmar et Mulhouse et frontalier de l'Allemagne.
Le projet d'EDF est encore loin d'être gravé dans le marbre: un débat public de quatre mois se tiendra du 10 octobre au 7 février prochain, pour évoquer les enjeux industriels, socio-économiques, sanitaires, environnementaux, etc. Il faudra ensuite obtenir l'autorisation environnementale et une dérogation au code de la santé publique afin que les lingots produits dans l'usine puissent être utilisés. Surtout, en Alsace, les opposants au nucléaire, qui avaient accueilli l'arrêt de Fessenheim comme une victoire tardive, sont déjà opposés au projet.
D'autres projets sont aussi à l'étude, mais sans piste claire pour le moment. « Il existe en France 19 sites qui permettent d'accueillir une production nucléaire, dont Fessenheim. Il ne faut pas geler ce territoire. Le petit réacteur modulaire SMR serait le bon format pour conserver sa vocation », plaidait, auprès de La Tribune en décembre dernier, Raphaël Schellenberger, député (LR) du Haut-Rhin et président de la Commission locale d'information et de surveillance (Clis) de Fessenheim.
Les élus locaux plaident aussi pour la relance du territoire par l'accueil d'autres activités économiques. Plus de 200 hectares de surfaces foncières aux abords immédiats du site EDF ont été prévus pour accueillir des projets, mais aucune des pistes évoquées dans le photovoltaïque, l'hydrogène ou le bois énergie n'ont encore abouti.
Les surfaces prévues pour ce redéploiement industriel ont récemment été réduites à une cinquantaine d'hectares et la société d'économie mixte Novarhéna, imaginée par les collectivités pour porter les projets fonciers, a été mise en faillite faute de projets concrets. « Certaines promesses ont ressemblé à des grosses farces », confiait Raphaël Schellenberger, décidé à défendre coûte que coûte un avenir pour la filière nucléaire à Fessenheim.
(Avec AFP)