Le secteur du nucléaire doit être en mesure d'attirer, de former et de recruter près de 100 000 personnes dans les dix prochaines années. Un immense défi pour cette filière qui a peu à peu perdu de son attrait au profit de celle des énergies renouvelables.

La filière nucléaire doit recruter 100 000 talents

En février 2022, lors de son discours à Belfort, Emmanuel Macron a précisé la stratégie énergétique de la France. Pour “être en mesure de produire jusqu'à 60 % d'électricité en plus qu'aujourd'hui” dans les décennies à venir, le pays va devoir miser “tout à la fois sur les énergies renouvelables et le nucléaire”. Le chef de l'État a annoncé le lancement d’un programme de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, accompagné d’études concernant huit réacteurs additionnels. Des EPR qui seront construits et exploités par EDF, et qui vont nécessiter du personnel. Depuis deux ans, le secteur nucléaire embauche donc en masse. L’objectif : recruter 100 000 salariés d’ici 2033, soit environ 10 000 par an en moyenne, dont 3 000 cadres.

Des initiatives nationales pour promouvoir les métiers du nucléaire

En France, la filière du nucléaire a perdu de son attrait. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, comme une longue période d’absence de projets dans les années 1990-2000, une réglementation en constante évolution ou encore une plus forte médiatisation de l’éolien et du solaire. Résultat, les employés actuels partent peu à peu à la retraite sans transmettre leur expertise aux plus jeunes. Pour attirer de nouveaux talents, (techniciens, soudeurs, ingénieurs ou encore spécialistes du traitement des déchets radioactifs), la filière a entamé une stratégie offensive. Elle propose des salaires attrayants, des possibilités d’ascension sociale et des conditions de travail de qualité. Les reconversions en cours de carrière ou pendant les études sont encouragées, tandis que des formations sont proposées aux demandeurs d’emploi. En 2023 et 2024, France Travail a même organisé la Semaine des Métiers du Nucléaire, proposant des centaines d’événements à travers la France pour promouvoir la filière auprès des étudiants, des demandeurs d’emploi et des salariés en reconversion.

63 réacteurs en France d’ici 2042

À ce jour, le nucléaire constitue la troisième filière industrielle en France, avec près de 220 000 emplois directs et indirects. EDF entretient 57 réacteurs de différents niveaux de puissance, dont celui de Flamanville, récemment mis en service. Les six futurs réacteurs (trois paires d’EPR 2) seront construits à Penly (Seine-Maritime), à Gravelines (Nord) et au Bugey (Ain). Le chantier est estimé à plus de 67 milliards d’euros, avec, dans le meilleur des cas, une mise en service des réacteurs de Penly en 2035, de ceux de Gravelines en 2038 et de la paire du Bugey en 2042.