Une analyse a montré qu'une forte baisse de l'approvisionnement en électricité depuis le début des années 2000 a coïncidé avec une croissance beaucoup plus lente du niveau de vie

Par Owen Evans
8 mars 2025 08:06 Mis à jour: 8 mars 2025 15:23

Selon une étude réalisée par une banque d’investissement, les efforts de décarbonation du Royaume-Uni ont appauvri le pays.

Le 3 mars, la banque d’investissement britannique Peel Hunt a publié une analyse qui remet en cause l’affirmation du gouvernement selon laquelle il n’y a pas de compromis entre le « zéro net » et la croissance économique.

Le rapport indique que la baisse de l’approvisionnement en électricité depuis le début des années 2000 a coïncidé avec une croissance beaucoup plus lente du niveau de vie.

« Jusqu’à présent, les efforts de décarbonation du Royaume-Uni se sont traduits par une faible croissance économique, des prix de l’énergie élevés, une productivité stagnante et aucun impact significatif sur les émissions mondiales », a déclaré, sur la plateforme de médias sociaux X, Kallum Pickering, économiste en chef de Peel Hunt, qui a mené l’étude.

Réagissant à cette analyse, Andy Mayer, analyste de l’énergie à l’Institut des affaires économiques, un groupe de réflexion sur le marché libre, a déclaré par courriel à Epoch Times qu’il était « évident pour beaucoup depuis un certain temps que l’approche du Royaume-Uni en matière de décarbonation a produit une énergie coûteuse plutôt que la promesse d’une croissance verte ».

 

En janvier, Rachel Reeves, chancelière de l’Échiquier du Royaume-Uni, a déclaré : « Il n’y a pas de compromis entre la croissance économique et le zéro net. »

Peel Hunt a affirmé le contraire dans son rapport.

« Notre analyse remet en question l’affirmation du gouvernement qui prétend qu’il n’y a pas de compromis entre le ‘zéro net’ et la croissance économique. Deux décennies d’expérience suggèrent le contraire », a-t-elle écrit.

Le Royaume-Uni est légalement tenu, en vertu de la loi sur le changement climatique de 2008, de ramener toutes les émissions de gaz à effet de serre à un niveau net nul d’ici à 2050. Cette loi constitue le premier cadre juridiquement contraignant à long terme pour la réduction des émissions.

Les « budgets carbone » de la loi fixent des limites juridiquement contraignantes pour les émissions sur des périodes de cinq ans.

Le Royaume-Uni est connu pour être un leader mondial des énergies renouvelables, en particulier de l’énergie éolienne en mer. Il dispose d’une capacité installée supérieure à celle de tout autre pays, représentant environ 20 % de la capacité éolienne offshore mondiale, selon UK Research and Innovation, une agence nationale de financement qui investit dans la science et la recherche.

Cependant, le prix de l’électricité au Royaume-Uni est également parmi le plus élevé au monde.

 

Selon le gouvernement britannique, le prix de l’électricité au Royaume-Uni est progressivement devenu plus cher que ceux de la plupart des autres pays de l’UE. Au début des années 2000, son prix était le deuxième le plus bas de l’UE, qui était constituée de 15 États membres.

 

Ralentissement de la productivité

Peel Hunt a suggéré que le ralentissement de la productivité en Grande-Bretagne, un indicateur important de la performance économique, a commencé avant la crise financière.

Le rapport indique que le niveau de vie au Royaume-Uni, le PIB (produit intérieur brut) par habitant et les estimations de la productivité, principal moteur du niveau de vie, ont augmenté régulièrement « selon une ligne de tendance prévisible » depuis 1970 jusqu’à la crise financière mondiale de 2008 et 2009, qui a plongé le Royaume-Uni dans une profonde récession budgétaire.

« La plupart des analyses établissent un lien entre la faiblesse de la productivité et les effets à long terme de la crise financière mondiale », indique le rapport.

La consommation d’énergie par habitant et le PIB par habitant présentent une forte « corrélation positive », selon Peel Hunt. La banque a noté que lorsque la quantité d’électricité disponible au Royaume-Uni a atteint son maximum et a commencé à diminuer, la tendance à la hausse de la productivité s’est fortement ralentie.

En outre, l’étude indique que la capacité de production d’électricité a diminué de 21 % depuis le pic atteint en 2005. Cette baisse s’explique en grande partie par le déclassement prévu de diverses installations de production d’électricité – charbon, pétrole et nucléaire.

« La capacité ayant été détruite ou mise en veilleuse, elle n’a pas été remplacée par une production équivalente, et la quantité totale d’électricité disponible a diminué de façon spectaculaire », a indiqué l’étude.

« Si une économie ralentit sa production d’énergie, elle réduit sa capacité à produire tous les types de biens et de services. La productivité est le principal moteur du PIB par habitant. »

En 2005, année où l’approvisionnement en électricité du Royaume-Uni a atteint son maximum, l’énergie par habitant représentait 50 % du niveau des États-Unis, tandis que le niveau de vie s’élevait à environ 79 % du niveau des États-Unis.

Toutefois, en 2022, la consommation d’énergie par habitant du Royaume-Uni est tombée à environ 38 % de celle des États-Unis. Dans le même temps, son PIB par habitant était tombé à 74 %.

Peel Hunt a averti que le Royaume-Uni a payé un prix en termes de niveau de vie, prévoyant que la Pologne et la Corée du Sud dépasseront le Royaume-Uni d’ici 2030, puisque leur consommation d’énergie par habitant continue d’augmenter.

Le Royaume-Uni représente aujourd’hui moins de 1 % du total mondial des émissions.

Toutefois, cette réduction s’explique en partie par la désindustrialisation, précise le rapport, les émissions de carbone étant transférées à l’étranger.

 

 

La promesse de la croissance verte

Le mois dernier, la Confédération de l’industrie britannique (CIB) a publié un rapport indiquant que l’industrie « zéro net » avait connu une croissance de plus de 10 % entre 2023 et 2024.

Ce taux est nettement supérieur aux prévisions de croissance du PIB pour l’ensemble de l’économie britannique établies par le Bureau de la responsabilité budgétaire en octobre 2024, qui étaient de 1,1 % en 2024 et de 2 % en 2025.

Selon M. Mayer, le « point de vue contraire » adopté par des analystes tels que le CIB et le gouvernement britannique tend à suivre un « schéma familier consistant à isoler la croissance dans les industries nettes zéro, à ignorer le coût des subventions et des réglementations, et à exiger davantage de la même sorte ».

« Ce document n’est pas sérieux et s’apparente davantage à de la documentation commerciale pour les industries des énergies renouvelables qu’à une analyse économique », a-t-il souligné.

Pour lui, le secteur financier britannique « a eu tendance à adhérer à cette pensée de groupe, désireux d’extraire des rentes des contrats lucratifs de financement vert, peut-être le seul secteur climatique dans lequel le Royaume-Uni est le leader mondial ».

Pour M. Mayer, il est bon d’entendre « des opinions divergentes des analystes de la City, étayées par une analyse rigoureuse ».

Le ministère britannique de la Sécurité énergétique et du Zéro Net n’a pas répondu à une demande de commentaire formulée par Epoch Times avant l’heure de publication.

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