Si Orano la Hague retraite, l’usine Melox de Marcoule fabrique le Mox, un assemblage composé d’uranium et de plutonium issu de combustibles usés.
Ainsi, en France, « 10 % de l’électricité nucléaire provient du Mox, un nouveau combustible fabriqué à partir de matières recyclées », aime à rappeler l’entreprise Orano sur son site internet.
Problème de fabrication
Mais ces derniers temps, le recyclage a des ratés. Un nouveau process de fabrication a en effet été testé à Marcoule, passant de « la voie humide » à « la voie sèche ». Mais il s’avère que de nombreuses pastilles n’ont pas une bonne homogénéité et sont alors mises au rebut…
« Il y a un rebut phénoménal qui remonte jusqu’à la Hague », s’inquiète Yannick Rousselet, de l’association Greenpeace.
Une situation que ne nie pas Orano :
Il y a eu des difficultés ces deux dernières années. Ce sont des aléas qui arrivent, mais les équipes ont tout de suite réagi et un plan d'action a été mis en place, notamment pour revenir à Melox en refaisant de la voie humide.
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« Engorgement de rebuts »
Dans un communiqué, la CGT de l’usine Melox dénonce néanmoins « l’engorgement » de la Hague « par des rebuts de Mox et du Pu sur étagère ». « La direction a lancé en urgence le projet RBM, qui prévoit de stocker des boîtes de rebuts Mox dans d’autres bâtiments », révèle au passage le syndicat.
En juin dernier, face à cette augmentation de rebuts, Orano a en effet informé l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de son souhait de modifier différents ateliers de production et d’entreposage d’oxyde de plutonium, en vue d’augmenter leur capacité. Un premier dossier a été déposé à l’ASN le 17 septembre. Il est en cours d’instruction.
Mais la situation est assez tendue puisque, dès le 1er février 2022, les premiers conteneurs doivent être transférés.
S'il n'y a plus de place pour accueillir les rebuts de Mox, il peut y avoir de graves conséquences. Notamment sur le site de Melox, qui ne pourra plus produire.
Un contexte contrôlé
Déjà, Greenpeace dénonce le problème. « À l’usine nucléaire Orano de la Hague, ça déborde de partout. Après les piscines, c’est au tour des bâtiments BST1 et BSI pleins de plutonium et de rebuts de Mox de saturer », écrit sur sa page Facebook Yannick Rousselet, en charge des questions nucléaires pour l’ONGI.
De son côté, la direction d’Orano la Hague soutient qu’il n’y a pas de question de saturation. « C’est parce que nous anticipons que nous avons fait la demande à l’ASN, explique l’entreprise. Le scénario est identifié. » Les délais seraient même largement tenables.
Ce n'est pas un bâtiment neuf, mais une nouvelle zone d'entreposage à aménager, dans des locaux existants. Il y a quelques ajustements mais pas de modifications majeures.
Un discours corroboré par le syndicat Sud. « C’est un transfert entre deux bâtiments, réagit Hervé Sohier. Il n’est pas question de saturation. Pour nous, il n’y a pas de problème. »
Le sujet pourrait néanmoins susciter quelques débats lors de la prochaine Commission locale d’information.
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