Faut-il y voir un mauvais signal pour le projet de stockage souterrain des déchets radioactifs ou, au contraire, des pistes destinées à améliorer encore la conception du site ? L’avis de l’Autorité environnementale (AE) sur le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), publié le 18 janvier, a relancé les critiques concernant ce dossier contesté de longue date. A Bure, dans la Meuse, doivent être enfouis à 500 mètres de profondeur les déchets nucléaires les plus dangereux, qui resteront radioactifs pendant des centaines de milliers d’années.
L’AE le précise d’emblée : elle ne délivre pas une opinion favorable ou défavorable et ne se prononce pas sur l’opportunité de Cigéo. Son avis vise en revanche à apprécier la qualité de l’évaluation environnementale faite par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) – qui porte le projet – et qui figure dans la demande de déclaration d’utilité publique remise en août 2020 au gouvernement. Un dossier « très détaillé et didactique » et d’une « ampleur peu commune » (3 000 pages et une vingtaine de pièces), souligne l’AE.
Au-delà de cette appréciation positive, l’AE regrette que « de façon générale », la prise en compte des enjeux environnementaux n’apparaisse « pas toujours suffisante ». « Incertitudes » quant aux incidences du projet sur les sites Natura 2000 et sur les milieux aquatiques, interrogations sur la composition chimique du sous-sol, nécessité de « vérifier » le caractère asismique du site et de « reprendre » les études du potentiel géothermique, analyse « limitée » des accidents pouvant avoir lieu dans le laboratoire souterrain… Le document de 56 pages aborde une grande variété de sujets.
Réversibilité et roche argileuse
Parmi ceux-ci figure l’un des points clés du projet : celui de la réversibilité, c’est-à-dire la possibilité de récupérer les déchets enfouis. La loi prévoit qu’il soit envisageable de retirer un conteneur durant la période d’exploitation du site, avant sa fermeture définitive au bout d’un siècle. Mais les opposants critiquent un principe complexe, hypothétique et qui ne s’exercera que sur quelques générations.
Dans son avis, l’AE relève que la réversibilité n’est prévue que pendant une phase assez courte au regard de la longue durée de vie et de la nocivité des déchets radioactifs. « Même pendant cette période, des incertitudes demeurent », ajoute-t-elle. L’Andra assure toutefois que cet enjeu est bien pris compte. « La réversibilité sera vérifiée lors de l’instruction, par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), de la demande d’autorisation de création de Cigéo, explique Sébastien Crombez, directeur de la sûreté et de l’environnement à l’Andra. Elle sera ensuite testée lors de la phase industrielle pilote, pendant laquelle on pourra faire des essais sur la récupération des colis. »
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