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Nucléaire : six mois de retard supplémentaire pour l'EPR de Flamanville

EDF repousse le lancement de son EPR de Flamanville. L'énergéticien annonce désormais une date de démarrage commercial du réacteur mi-2024.

Pour EDF, ce nouveau réacteur sur ce chantier qui affiche plus de dix ans de retard, implique un nouveau surcoût.
Pour EDF, ce nouveau réacteur sur ce chantier qui affiche plus de dix ans de retard, implique un nouveau surcoût. (Sameer Al-Doumy/AFP)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 16 déc. 2022 à 18:14Mis à jour le 18 déc. 2022 à 14:48

Alors que la France s'engage résolument vers la construction de nouveaux réacteurs de type EPR , EDF annonce un énième revers sur son chantier de Flamanville. Compte tenu de nouvelles difficultés techniques, EDF repousse le démarrage commercial de son réacteur de six mois.

Le chargement du combustible dans le coeur du réacteur EPR normand est désormais programmé pour le premier trimestre 2024 et la production des premiers électrons sur le réseau électrique français mi-2024.

Ce retard est le énième pour ce chantier qui accumule les déboires depuis son lancement en 2007. Censé démarrer, à l'origine, en 2012 et coûter à peine plus de 3,3 milliards d'euros, l'EPR de Flamanville affiche - selon les dernières estimations d'EDF - un coût à terminaison de 13,2 milliards d'euros contre 12,7 milliards avant ce nouveau retard.

Pour expliquer ces délais, EDF met en avant la difficile réalisation des « traitements thermiques de détensionnement » des tuyauteries du circuit secondaire de l'EPR, celles qui ont été réparées ces deux dernières années.

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« A l'été, le traitement thermique des soudures complexes a dû être arrêté car les méthodes traditionnelles entraînaient des comportements de températures non souhaitées. Nous avons repris les études et les tests. D'ici à la fin de l'année nous aurons les autorisations pour reprendre les traitements thermiques », explique Alain Morvan, le directeur du projet Flamanville 3.

« Ces traitements thermiques » sont l'étape ultime de la réparation des soudures sur le circuit secondaire du réacteur EPR demandées par L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à EDF en 2019, après plusieurs années de débats. « Ces traitements sont nécessaires quand vous réalisez une activité de soudage sur un acier carbone pour relâcher la contrainte sur les installations », précise Alain Morvan. Sur les 200 traitements thermiques à réaliser sur le circuit secondaire de l'EPR, 150 sont particulièrement sensibles car situés à proximité de vannes dont la température ne peut pas monter au-delà de 300 degrés au risque de les fragiliser.

Un démarrage de courte durée

Si EDF parvient à démarrer, comme prévu, son réacteur mi-2024, ce sera, a priori, pour une très courte durée. Au cours des années passées et après de longs débats avec l'ASN, EDF a convenu de remplacer le couvercle de l'EPR de Flamanville avant fin 2024, compte tenu du niveau élevé de concentration de carbone dans l'acier qui le compose. « Nous respecterons les délais prescrits par l'ASN pour changer le couvercle », indique Alain Morvan.

Pour EDF, ce nouveau coup dur tombe à un très mauvais moment. Alors que le groupe est pointé du doigt pour sa propension à faire déraper sans cesse les budgets et les délais, ce nouveau retard n'aide pas à restaurer sa crédibilité.

D'autant que le groupe vient d'annoncer d'importants décalages dans son programme de redémarrage de ses réacteurs en France, cet hiver. En décembre, environ 1 GW de moins que prévu devrait être disponible pour produire de l'électricité, ce sera aussi 2 GW de moins que prévu en janvier et 3 GW en moins en février.

Pour la France qui devrait affronter encore plusieurs hivers difficiles sur le plan de l'approvisionnement en électricité, cela signifie aussi que l'EPR ne viendra pas en secours du réseau pendant l'hiver 2023-2024.

Outre les surcoûts liés au chantier - ce retard représente aussi un manque à gagner potentiellement très important pour EDF qui ne profitera pas (ou très peu) des prix de l'électricité élevés attendus en 2024 pour tirer parti de la production de son EPR.

Sharon Wajsbrot

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