Guerre en Ukraine : Recruter des conscrits russes serait « un aveu d’échec cuisant » pour Poutine, selon le général Desportes

Kommersant/SIPA

Alors que l’armée ukrainienne vient de reconquérir 6000 km2 de territoire, où en est l’armée russe ? Le général Vincent Desportes, professeur à Sciences Po Paris et HEC, a livré son analyse au micro de Guillaume Durand dans la matinale de Radio Classique.

Officiellement, le président russe Vladimir Poutine ne fait pas la guerre

Le général Vincent Desportes décrit une armée ukrainienne « qui a toujours un moral incroyable, après 7 mois de guerre », or, ce différentiel psychologique est crucial. « Le premier vecteur de l’efficacité militaire, c’est le moral, la volonté », explique le conseiller militaire, détaillant : « les soldats ukrainiens se battent pour une cause existentielle qui s’appelle l’Ukraine, alors qu’on sait bien que les soldats russes ne savent pas véritablement pourquoi ils se battent ». Dans ce contexte les ultra-nationalistes russes poussent pour une conscription générale, un appel de tous les Russes en âge de se battre à rejoindre l’armée. « Ce serait un aveu d’échec cuisant pour Vladimir Poutine », réagit le général Desportes, rappelant qu’officiellement, le président russe ne fait pas la guerre.

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Vladimir Poutine ne perdra pas cette guerre, selon le général Desportes, il sera évincé ou il va réagir

En prenant cette mesure, il avouerait non seulement faire la guerre, mais aussi être en train de la perdre. « Ce serait presque le début de la fin », poursuit l’invité de Guillaume Durand. Même si un tel scénario se réalisait, c’est un échec qui se profilerait pour l’armée russe : « quand bien même il mobiliserait tous les Russes [en âge de combattre], cette force-là devrait être entraînée. L’effet sur le théâtre [de guerre] serait visible dans un an ». Vincent Desportes pense que Vladimir Poutine ne perdra pas cette guerre : « soit il sera évincé, tué comme le tsar Nicolas II en 1917, soit il va réagir, tel le chien blessé ». Il envisage même une possible « réaction nucléaire » côté russe, sans pour autant de réponse de l’Otan, qui ne compte pas verser le sang des soldats des pays qui la composent : « c’est une proxy war, comme disent les Américains, une guerre par procuration ».

Béatrice Mouedine

 

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