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Billet de blog 10 mars 2021

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Fukushima: un 1er ministre pronucléaire devenu champion du monde des antinucléaires

Naoto KAN est devenu célèbre dans le monde à la suite du rôle qu'il a dû jouer dans la gestion de crise de la catastrophe de Fukushima, il y a 10 ans. Avant cette catastrophe, il était pro-nucléaire. Après cette catastrophe, il est devenu activiste anti-nucléaire. Il explique qu'aucun pays au monde n'a le droit de prendre le risque de devoir déplacer le tiers ou la moitié de sa population.

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Gorbatchev a déclaré que Tchernobyl était la cause première de l'effondrement de l'URSS.

De même il y a 10 ans, la catastrophe de Fukshima, faisant suite au séisme du 11 mars 2011, a bien failli signer l'effondrement du Pays du Soleil Levant.

Illustration 1
Naoto Kan, 1er ministre du Japon en 2011

Naoto Kahn était premier ministre du Japon au moment où un tsunami a fait exploser Fukushima.

Avant cette catastrophe, il était pro-nucléaire. Après cette catastrophe, il est devenu activiste anti-nucléaire. Depuis lors, il parcourt la planète pour expliquer qu'il faut absolument sortir du nucléaire.  Il tente de convaincre les responsables nationaux, et notamment les autres politiciens comme lui, de ne pas attendre une autre catastrophe pour changer d'avis à propos du risque nucléaire.

Naoto KAN restera d'abord dans l'Histoire comme héros bien malgré lui choisi par le destin pour gérer la crise de Fukushima, une crise dont on parlera encore dans 100 ans, car la radioactivité de l'accident n'aura guère disparu.

Mais il restera aussi dans l'Histoire grâce aux leçons qu'il tire et qu'il partage à propos de cette gestion de crise. A mon sens, la leçon essentielle qu'il a retiré de Fukushima et qu'il martèle tous azimuts est en substance celle-ci: aucun pays au monde (pas même la France) n'a le droit de prendre le risque de devoir déplacer le tiers ou la moitié de sa population.

Il est permis de penser que, suivant l'exemple de l'Autriche, tous les pays devraient inscrire l'interdiction du nucléaire dans leur Constitution.

Comme nous l'avions souligné, la modestie de Naoto KAN dont l'engagement anti-nucléaire repose sur une expérience unique et fondamentale contraste avec l'arrogance du lobby nucléaire qui s'acharne à rassurer la population française en pratiquant la désinformation et l’esbroufe. Avec un brin d'ironie, Naoto KAN fustige le ridicule de la visite de SARKOZY au Japon juste après la catastrophe, comme si la France était capable de gérer un accident nucléaire majeur.

Faut-il rappeler que le Concorde, un avion français s'est écrasé sur le sol français ou qu'un TGV français a déraillé en France ?

Un Fukushima made in France n'est pas improbable. Une telle catastrophe signerait du jour au lendemain la fin du nucléaire en France, et peut-être même une descente aux enfers, sous contrôle policier voire militaire, d'une France décimée au plan économique et sanitaire pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles.

Naoto KAN affirme que La France pourrait sortir du nucléaire.

En 2016, un film intitulé le FUKUSHIMA Le Couvercle du Soleil a été réalisé avec la collaboration de Naoto Kahn pour faire revivre les premiers moments de la catastrophe et la gestion de crise.

C'est en janvier 2019 que la CRIIRAD annonça la visite prochaine de Naoto Kahn à Valence pour présenter ce film. Naoto Kahn avait choisi Valence pour la première projection de ce film en France afin de remercier la CRIIRAD (installée à Valence) et son rôle courageux et éclairé au moment de la crise de Fukushima.

Comme le souligna Science et Avenir, il fallut attendre 3 ans pour que ce film important arrive en France, un pays qui avec ses 56 réacteurs nucléaires civils, est le plus concerné au monde par la probabilité d'une catastrophe nucléaire.

Le 18 février 2019, la CRIIRAD fit une conférence de presse pour commenter cette visite. Cette conférence fut intégralement reprise dans une vidéo exclusive présentée sur ce blog Mediapart et diffusée sur YouTube.

Le soir du 18 février, le film fut projeté au cinéma Le Navire de Valence. Après la projection, Naoto Kahn en personne répondait aux questions du public lors d'un débat que j'avais enregistrée en vidéo.

Le lien YouTube de cette vidéo exclusive sera donné demain dans le prochain article sur ce blog.

D'ici là, je vous recommande de voir ou revoir le "FUKUSHIMA Le Couvercle du Soleil" dont la bande annonce est visible ici.

Je vous recommande aussi les 2 webinaires que la CRIIRAD a réalisé ce samedi 6 mars 2021 avec des invités japonais qui sont impliqués dans l'analyse des conséquences de la catastrophe de Fukushima. Ils montrent à quel point les autorités japonaises continuent à nier ou à minimiser, non sans cynisme, l'ampleur de la catastrophe.

Voici les adresses des 2 webinaires du 6 mars: celui du matin et celui de l'après-midi.

Parmi les présentations, qu'il me soit permis de recommander plus particulièrement les 2 dernières interventions. 

D'une part, le témoignage sincère et émouvant d'Akiko MORIMATSU dont la famille a dû fuir la zone contaminée. Elle explique, en parfaite connaissance de cause, à quel point une catastrophe nucléaire peut perturber la vie des gens qui ont choisi de fuir la radioactivité et aussi celle des gens qui sont restés dans les zones trop contaminées.

D'autre part,  l'exposé de Bruno CHAREYRON, l'un des piliers de la CRIIRAD, que l'on voit ci-dessous avec Naoto KAN. Il démontre le rôle essentiel des associations comme contre-pouvoir face à un discours officiel particulièrement biaisé en France.

Sa présentation expose notamment un communiqué officiel du Ministère de l'Agriculture qui osait prétendre au lendemain de Tchernobyl, le 6 mais 1986: "Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radio-nucléides consécutives à l'accident de la centrale de Tchernobyl. A aucun moment, les hausses observées de radioactivité n'ont posé le moindre problème d'hygiène publique." Il est prouvé que cette déclaration était parfaitement incorrecte et mensongère.

Bruno CHAREYRON en déduit : "Avoir des capacités de mesures citoyennes indépendantes, c'est extrêmement important, en particulier en cas de catastrophe nucléaire."

Pour l'heure, je vous invite tous à adhérer à la CRIIRAD (45€ par an), l'une des meilleures assurances possibles contre la désinformation qu'organise le lobby nucléaire auquel obéissent les pouvoirs publics, surtout en France.

Illustration 2
Naoto Kan visite la CRIIRAD, le 19 février 2019 © Le Dauphiné Libéré

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