Bruno Le Maire fustige des "dérives inacceptables" d'EDF sur le chantier de l'EPR de Hinkley Point C
[ACTUALISÉ] Surcoût et risque de retard... EDF a annoncé une mauvaise nouvelle pour son projet d'EPR de Hinkley Point C au Royaume-Uni. Le 29 septembre, le gouvernement a réagi en dénonçant "des dérives inacceptables".
Mis à jour
30 septembre 2019
Actualisation du lundi 30 septembre : Le ministre de l’Économie et des Finances a réagi au surcoût annoncé par EDF sur le chantier de l’EPR de Hinkley Point C au Royaume-Uni.
"Toutes ces dérives sont inacceptables, a dénoncé Bruno Le Maire le 29 septembre au micro de LCI/RTL. Elles ne sont pas à la hauteur de ce que EDF représente et de l'expertise française en la matière." Le ministre a précisé qu’un audit indépendant sur la filière nucléaire et sur les EPR lui serait remis le 31 octobre. Les conclusions de ce rapport pourraient avoir des effets “à tous les étages”, a affirmé Bruno Le Maire. “L'énergie nucléaire est indispensable pour réussir la transition énergétique", a tout de même argumenté le ministre.
Cette fois, le risque de retard ne pèse pas sur l’EPR de Flamanville (Manche)... Mais sur l’EPR de Hinkley Point C au Royaume-Uni. Mercredi 25 septembre, EDF a annoncé un surcoût et un risque de retard “accentué” pour le projet de réacteur nucléaire de troisième génération. Dans un contexte difficile, la nouvelle risque d’accentuer les critiques contre la filière de l’atome.
Un retard de 15 mois envisagé pour le premier réacteur
En juin, l’électricien français se félicitait de la pose de la dalle de béton pour le premier réacteur nucléaire à Hinkley Point C. “À la suite de cette étape majeure, une revue des coûts, du calendrier et de l’organisation du projet a été engagée”, indique EDF dans un communiqué. Côté chantier, la dalle de béton du second réacteur nucléaire doit être posée dans les temps, en juin 2020.
En revanche, EDF envisage désormais un retard de la livraisons des deux unités. “Le risque de report de la livraison [...] des unités 1 et 2 communiqué précédemment (15 et 9 mois respectivement) s’est accentué”, révèle EDF. Le risque de ce retard avait été annoncé en juillet 2017. EDF vise toujours le début de la production d’électricité par le réacteur numéro 1 fin 2025. Mais l’entreprise renforce les moyens mis en oeuvre pour tenir le calendrier avec “des plans d’action opérationnels impliquant les équipes d’ingénierie du groupe EDF en Grande-Bretagne et en France, les constructeurs des bâtiments et des ouvrages annexes, et les fournisseurs d’équipements et de systèmes dans l’ensemble de la chaîne de fourniture.”
Au moins 2,15 milliards d’euros de surcoût
Si le retard n’est pas encore confirmé, EDF acte un surcoût du chantier. La facture à la fin du projet pourrait désormais s'élever entre 24,4 et 25,5 milliards d’euros (entre 21,5 et 22,5 milliards de livres sterling 2015). Il s’agit d’une augmentation de 2,15 à 3,3 milliards d'euros (1,9 à 2,9 milliards de livres sterling 2015) par rapport aux dernières évaluations du groupe français.
“Les surcoûts résultent essentiellement des conditions de sol difficiles, ayant rendu les travaux de terrassement plus coûteux que prévu, de la révision des objectifs des plans d’actions opérationnels, et des coûts supplémentaires liés à la mise en oeuvre du design fonctionnel d’une tête de série adaptée au contexte réglementaire britannique”, justifie EDF.
Ces évolutions sur le chantier de l’EPR arrivent en pleine série noire pour la filière nucléaire. Fin août, l’abandon du projet Astrid a soulevé des interrogations sur l’avenir de l’énergie de l’atome. En septembre, EDF a également révélé la livraison de pièces non conformes par Framatome sur plusieurs réacteurs, dont celui de Flamanville…