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Climat : les alertes ne suffisent plus

Pour que le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publié lundi 4 avril, ne soit pas un énième avertissement s’ajoutant, sans grand écho, aux précédents, il est indispensable de mobiliser les Etats, les entreprises et les citoyens.

Publié le 06 avril 2022 à 11h29 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Sixième cycle d’évaluation, troisième volet. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se déclinent comme une tragédie grecque, qui compterait de plus en plus d’actes et de scènes, sans pour autant donner le sentiment que le dénouement annoncé puisse être réécrit. Le dernier opus publié lundi 4 avril ne fait pas exception à la règle.

En dépit des avertissements, des manifestations toujours plus visibles du réchauffement climatique, de la prise de conscience grandissante dans l’opinion publique de la gravité de la situation, le GIEC sonne le tocsin, une fois encore, avec un compte à rebours qui se raccourcit dangereusement. Après trois décennies de mobilisation onusienne, au travers de vingt-six COP, le monde ne s’est toujours pas mis sur la bonne trajectoire pour qu’il reste encore vivable d’ici à la fin du siècle. Désespérant.

Cette énième alerte est évidemment nécessaire, mais elle s’ajoute aux précédentes dans une sorte de routine du catastrophisme dont nous serions incapables de nous extraire pour sauver ce qui peut encore l’être. « C’est maintenant ou jamais », avertit, avec un air de déjà-vu, Jim Skea, le coprésident du groupe du GIEC qui a travaillé sur cette publication. Mais, alors que les climatosceptiques sont clairement une espèce en voie de disparition, toute une partie de l’humanité trouve, malgré tout, de bonnes raisons pour continuer à procrastiner.

Duplicité

Ce décalage entre des constats toujours plus alarmistes et des réponses politiques qui peinent à se hisser à la hauteur des enjeux doit interroger. Dire que rien ne bouge, comme certains tentent de le faire croire, finit par être contre-productif. Même si énormément reste à faire, mieux vaut adopter une stratégie d’encouragement et d’incrémentation pour mobiliser.

En France, la question climatique a beau progresser dans l’opinion, elle ne profite pas à Europe Ecologie-Les Verts. Le parti, qui en a fait son porte-étendard, plafonne dans les intentions de vote à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle. Une fois le scrutin passé, ses dirigeants ne pourront pas faire l’économie d’une introspection sur ce paradoxe.

L’autre écueil réside dans la duplicité de certains gouvernements et grandes entreprises, qui, pensant gagner du temps, ne joignent pas leur parole à leurs actes. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, n’a pas hésité à les accuser de mensonges, qui ont conduit au constat accablant dressé par le GIEC.

Son dernier rapport ne se contente pas d’alerter, il tente aussi d’esquisser des solutions en appelant à se défaire le plus vite possible de notre dépendance aux énergies fossiles. La baisse spectaculaire du coût des technologies bas carbone (panneaux solaires, batteries, éolien) doit nous y aider. Mais, plus important encore, il faut réfléchir à la façon d’accompagner ce sevrage, qui affectera en premier lieu les plus pauvres, les Etats comme les individus.

La modification des comportements – en matière de consommation de l’énergie, d’alimentation, de transport, de logement – et la décarbonation de l’industrie vont nécessiter d’énormes transferts financiers. Collectivement, nous avons les moyens d’assumer les coûts de cette transition. Reste qu’il faut maintenant mobiliser, organiser, répartir le plus équitablement possible ces transferts. Ces sujets fondamentaux ne sont pas suffisamment au cœur du débat politique. Tant qu’ils ne seront pas sérieusement traités, les rapports du GIEC risquent de continuer à s’empiler, malgré l’urgence.

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