► En quoi consiste le compromis sur la surveillance du programme nucléaire iranien ?

Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) vont pouvoir intervenir pour entretenir l’équipement et remplacer les disques durs des caméras placées par l’agence dans les installations iraniennes. Le précédent compromis avait expiré en juin, et l’AIEA craignait de perdre des données en cas de saturation de la capacité d’enregistrement des appareils.

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L’AIEA n’aura toujours pas accès aux données des caméras, mais elles seront placées sous scellés jusqu’à ce que les pourparlers de Vienne aboutissent. Cette concession iranienne suit la publication d’un rapport très sévère de l’AIEA sur les entraves mises par Téhéran à ses activités de surveillance.

Ce compromis évite une nouvelle escalade sans mettre fin au délitement de l’accord de 2015. Depuis le retrait des États-Unis de l’accord, en mai 2018, et le rétablissement de leurs sanctions, la République islamique s’est libérée progressivement de ses engagements en augmentant son stock d’uranium enrichi.

► La nouvelle direction iranienne veut-elle revenir dans l’accord de 2015 ?

La nouvelle direction iranienne, incarnée par le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi, élu le 18 juin, a durci sa position sur un point crucial. Téhéran refuse de s’engager explicitement à négocier, ensuite, un « accord élargi » sur la question des missiles et de son influence régionale.

Ebrahim Raïssi s’est déclaré favorable à la poursuite des négociations en vue d’un retour dans l’accord de 2015. Certains de ses conseillers – en particulier Ali Bagheri, ancien négociateur sous la présidence d’Ahmadinejad –, préconisent toutefois une approche plus musclée, consistant à faire monter les enchères dans le domaine nucléaire, à travers de nouvelles violations des engagements pris en 2015, afin d’obtenir des concessions plus importantes de la part des États-Unis.

«Le nouveau gouvernement conservateur entend faire durer le processus de négociation tout en essayant d’obtenir un meilleur accord que le gouvernement précédent», analyse Clément Therme, chercheur, spécialiste de l’Iran. «Une levée, même partielle, des sanctions demeure un objectif prioritaire pour le président Raïssi, pour développer le commerce avec les pays voisins et renforcer les relations avec la Chine et la Russie. À terme, son idée est de construire un modèle économique qui protège l’économie iranienne de l’influence des choix politiques américains. »

► Quelle est la position des pays occidentaux ?

La priorité des pays occidentaux reste d’empêcher que l’Iran ne devienne un État du seuil nucléaire, c’est-à-dire disposant des capacités de produire l’arme atomique dès qu’il en aurait pris la décision politique.

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La poursuite des négociations pour un retour à l’accord de 2015 reste la préférence de l’administration Biden et des Européens. Si cela s’avère impossible, parce que le programme nucléaire iranien est trop avancé pour que l’accord rétabli puisse le contenir, les États-Unis et leurs alliés pourraient revenir à leur politique initiale de la carotte et du bâton. Adopter de nouvelles sanctions économiques, tout en cherchant un accord de non-prolifération plus solide avec Téhéran.