C'est l'histoire d'une petite Japonaise d'Hiroshima dont le destin tragique a inspiré des organisations non gouvernementales (ONG) qui aident les enfants victimes de catastrophes naturelles, de conflits ou de conditions de vie difficile.
La fillette s'appelait Sadako Sasaki. Agée de 2 ans au moment du bombardement atomique de 1945, elle a succombé à une leucémie à 12 ans. Entre la découverte de sa maladie fin 1954 et son décès l'année suivante, elle aura plié mille grues de papier, de plus en plus petites à mesure que ses forces déclinaient. Car une légende raconte que celui qui fait un voeu alors qu'il plie mille grues sera exaucé. Et Sadako ne voulait pas mourir.
L'émotion suscitée par sa mort, son courage et sa ténacité, ont fait d'elle un modèle et un symbole au Japon. Un monument a été érigé dans le parc de la Paix d'Hiroshima grâce à des fonds collectés par ses camarades d'école. De la forme d'un dôme, il est surplombé d'une statue de petite fille emportée vers les cieux par une grue. Autour sont accrochées des milliers de grues de papier, envoyées régulièrement de toutes les écoles du pays.
GRUE DE PAPIER
Aujourd'hui, son histoire dépasse les frontières de l'Archipel. Cela grâce à la volonté de Tomoko Watanabe, fille d'un hibakusha ("survivant au bombardement atomique") et énergique directrice de l'organisation humanitaire ANT-Hiroshima.
Cette ONG est engagée dans des opérations à vocation essentiellement éducative. Elle s'inspire, explique Mme Watanabe, de "l'expérience des survivants du bombardement atomique, qui ont rebâti leur ville anéantie dans un esprit de paix et de réconciliation".
En 2003, elle fait découvrir au réalisateur afghan Nourullah Saifi l'histoire de Sadako, relatée dans l'ouvrage illustré et titré Le Voyage de la grue de papier. M. Saifi y voit une similitude de destin entre la petite Japonaise et les enfants de son pays. Il traduit le livre en dari et pachtoune, le fait imprimer à Kaboul. L'ouvrage est distribué dans des écoles.
En octobre 2005, Mme Watanabe se rend au Pakistan qui vient d'être frappé par un violent tremblement de terre. Outre l'aide à la reconstruction d'écoles, son organisation réalise avec l'artiste locale Fauzia Minallah une version ourdoue du livre. Le succès auprès des écoliers incite une ONG pakistanaise à prendre le nom de Fondation Sadako. Une école primaire du nom de la petite Japonaise est bâtie.
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