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Deux centrales nucléaires en rade, Barbara Pompili demande un audit indépendant

L'entrée de la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne.

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a demandé ce vendredi 17 décembre à Jean-Bernard Levy, président directeur général d’EDF de « prendre toutes les mesures pertinentes pour renforcer à court terme la sécurité d’approvisionnement » électrique, ainsi que de mener un « audit indépendant sur la maîtrise industrielle et l’optimisation des arrêts de réacteurs, afin de renforcer la disponibilité du parc nucléaire français à moyen terme ». Cette demande fait suite à l’annonce mercredi 15 décembre de la mise à l’arrêt des quatre réacteurs nucléaires de Civaux (Vienne) et Chooz (Ardennes), après la découverte de défaillances sur des pièces essentielles en cas d’accident.

Lire aussi : Corrosion et fissures : les quatre plus gros réacteurs nucléaires français à l’arrêt

Concernant l’audit, « un point d’étape est attendu avant mi-mars. Cet audit visera à identifier les pistes qui permettraient d’optimiser les arrêts de réacteurs et leur planification, en étudiant notamment les enjeux relatifs aux moyens humains, à la disponibilité d’équipements critiques et aux ressources d’ingénierie, et à identifier des améliorations qui pourraient être déployées dès les prochains hivers. Il visera également à tenir compte des bonnes pratiques mises en œuvre sur d’autres parcs nucléaires à l’international ou sur d’autres activités de maintenance sensibles », a précisé le ministère de la Transition écologique dans un communiqué.

EDF avait annoncé mercredi 15 décembre avoir détecté un problème de corrosion et de fissuration dans les circuits d’injection de sécurité des deux réacteurs de Civaux (Vienne). Ce circuit est essentiel en cas d’accident, puisqu’il permet d’injecter de l’eau borée dans le cœur du réacteur pour arrêter la réaction en chaîne en cas de brèche dans la cuve et de surchauffe du combustible pouvant aller jusqu’à la fusion du cœur — ce qui s’était produit pour les pires accidents nucléaires jamais enregistrés, à Fukushima, au Japon, en 2011, à Tchernobyl, en URSS, en 1986 et à Three Mile Island, aux États-Unis, en 1979. En réaction, le groupe a mis les réacteurs à l’arrêt, découpé les tuyauteries corrodées pour expertise et prévu de les remplacer. Il a également mis à l’arrêt la centrale de Chooz (Ardennes), équipée du même type de réacteurs, pour vérifier ses équipements de sécurité.

Inquiétudes sur la production d’électricité cet hiver

Pour l’heure, aucune date de redémarrage n’a été communiquée pour ces quatre réacteurs, ni par EDF, ni par l’Autorité de sûreté nucléaire, seule habilitée à autoriser la remise en service. Pire, d’autres réacteurs pourraient être concernés ; des contrôles « pourraient s’avérer nécessaires sur les autres réacteurs », a indiqué l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire au média Contexte.

Ces arrêts suscitent l’inquiétude quant aux capacités de production d’électricité cet hiver. « La prolongation de l’arrêt des réacteurs de Civaux et la mise à l’arrêt des réacteurs de Chooz entraînent une perte d’environ 1 TWh [térawattheure] sur la fin de l’année 2021 », a précisé EDF dans son communiqué. Il y a trois semaines, RTE alertait sur des tensions possibles dans l’approvisionnement électrique cet hiver, notamment en janvier et février en cas de vague de froid. Les effets de la crise sanitaire sur la production d’électricité nucléaire « ne sont pas encore résorbés » et la disponibilité du parc nucléaire français « reste basse, à un niveau similaire à l’hiver dernier », avait indiqué le gestionnaire du réseau haute tension en France métropolitaine.

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