« Aucune raison de faire un mea-culpa » : sur le nucléaire, François Hollande assume son bilan

La commission d’enquête parlementaire lancée en octobre 2022 à l’initiative des députés LR pour « établir les raisons de la perte de souveraineté énergétique de la France » a clos jeudi ses travaux avec l’audition de l’ancien président socialiste.

François Hollande (ici le 7 mai 2022) a été entendu ce jeudi à l'Assemblée nationale sur la question de la souveraineté énergétique. Quelques heures plus tôt, Nicolas Sarkozy l'avait chargé sur le sujet. LP/Fred Dugit
François Hollande (ici le 7 mai 2022) a été entendu ce jeudi à l'Assemblée nationale sur la question de la souveraineté énergétique. Quelques heures plus tôt, Nicolas Sarkozy l'avait chargé sur le sujet. LP/Fred Dugit

    D’emblée, François Hollande, auditionné ce jeudi par la commission d’enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France », met les choses au clair alors que sa politique énergétique est régulièrement critiquée : « Je n’ai aucune raison de faire un mea-culpa. » L’accord de mandature conclu quelques mois avant l’élection présidentielle de 2012 entre Europe écologie les Verts (EELV) et le Parti Socialiste (PS) est le principal sujet de questionnement.

    Il prévoyait la réduction de la part du nucléaire dans la production énergétique de 75 % à 50 % en 2025, et la fermeture progressive de 24 réacteurs sur les 58 que comptait le parc français. « L’accord comportait des dispositions inquiétantes pour la filière, assure l’ancien président de la République. C’est pour cela que je ne les ai pas reprises ». Alors que dans une précédente audition, son ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait dénoncé un François Hollande « empêtré dans ses compromis », celui-ci assure « ne pas être engagé par l’accord », car « déjà candidat au moment de la négociation, je n’étais pas partie prenante ». De ces dispositions, il en a retenu deux : « Les 50 % à l’horizon 2025, et la fermeture de Fessenheim avec Flamanville en substitution. »

    Duel à distance face à Sarkozy

    Il esquisse toutefois deux regrets. Celui de « n’avoir pas réussi suffisamment à faire monter la part d’énergies renouvelables, alors que la rentabilité est avérée et les prix extrêmement compétitifs. » Et « ne pas avoir pu obtenir l’ouverture de Flamanville ». Condition sine qua non à la fermeture de Fessenheim, elle devait initialement être mise en service en 2012. Si l’objectif n’a pas été atteint sous son mandat, « à quel horizon peut-on avoir 50 % de part du nucléaire dans la production d’électricité ? » s’est-il interrogé. « J’avais pensé 2025 possible, mais ça ne l’était pas. J’ai compris qu’Élisabeth Borne parle maintenant de 2050. » Et, satisfait, ajoute, « tout le monde convient donc qu’il faut une part substantielle de nucléaire et une part de renouvelables avec une sobriété énergétique. »

    Tout au long de son audition, il martèle sa position, affichée lors du débat d’entre-deux-tours en 2012 face à Nicolas Sarkozy. Il faut « garder le nucléaire comme principale source de production d’électricité, mais aussi réduire sa part au fur et à mesure de la hausse des énergies renouvelables. » Auditionné le matin par cette même commission, son prédécesseur a condamné « l’opportunisme politique » de l’accord conclu après Fukushima, dans une période où « le nucléaire a fait l’objet de dénigrement digne des chasses aux sorcières du Moyen Âge ».



    François Hollande rappelle, lui, que « dans les sondages, 65 à 80 % de nos concitoyens déclaraient souhaiter un arrêt progressif des programmes nucléaires sur vingt à trente ans au profit des énergies renouvelables ». Et raille son prédécesseur : « Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, aucune décision n’a été prise de lancer la construction de centrale nucléaire, la dernière était celle de Jacques Chirac avec Flamanville. »

    Dans ce duel à distance avec Nicolas Sarkozy, François Hollande s’étonne faussement qu’il ne condamne pas la décision prise par Emmanuel Macron en novembre 2018 de fermer de 12 réacteurs. « Il aurait pu exprimer avec courroux son opposition à la fermeture annoncée et se dire voilà une mise en cause de la filière nucléaire, mais enfin deux poids deux mesures… » Pour conclure, « ce n’est pas le modèle nucléaire qui est dépassé, mais celui du tout nucléaire ». Cette audition a clos les travaux de la commission. Le rapport est attendu dans les prochaines semaines.