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La France va devoir importer de l'électricité cette semaine... et ça va coûter cher

La France entame une semaine tendue au niveau de l'énergie alors que RTE prévoit un pic de consommation, mardi soir.

La France va devoir importer de l’électricité cette semaine. C’est inhabituel, car en général, c’est plutôt nous qui exportons. Sauf qu’en ce moment, notre production n’est pas suffisante pour couvrir nos besoins.

Quatre réacteurs ont été stoppés ces derniers jours dans les Ardennes et dans la Vienne, car les visites de contrôle ont mis à jour un défaut sur le circuit d’injonction de sécurité.

Une nouvelle qui tombe très mal, d’abord parce que plusieurs réacteurs sont déjà en train d’être inspectés. Les contrôles techniques dans le nucléaire, c’est tous les 10 ans, c’est ce qu’on appelle les visites décennales, et ces visites avaient pris du retard à cause du Covid.

Cette électricité importée sera moins propre et coûtera 6 fois plus cher que celle qu’on produit

Au total, près un quart du parc nucléaire est inutilisable en ce moment alors même que l’hiver s’installe et qu’on monte le thermostat des radiateurs. Selon RTE, le gestionnaire du réseau, un pic de consommation aura lieu mardi soir, et il faudra donc acheminer de l’électricité depuis l’étranger, probablement depuis l’Allemagne et la Russie.

Le hic, c’est que c’est que l’électricité qui vient de là-bas est beaucoup moins propre: en Allemagne, elle est issue en grande partie d’usines à charbon. Et c’est aussi de l’électricité achetée par EDF au prix du marché. Et les prix du marché sont stratosphériques en ce moment: cette électricité importée coûtera 6 fois plus cher que celle qu’on produit.

Barbara Pompili assure qu’il n’y a pas de risque de pénurie

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili promet qu’il n’y aura pas de "black-out général d’ici la fin de l’hiver", donc pas d’effondrement du réseau. On peut toutefois remarquer que RTE est plus prudent que la ministre: l’approvisionnement est assuré, mais seulement pour cette semaine. Au-delà, RTE ne se prononce pas. C’est trop incertain.

Déjà parce que le problème repéré sur les centrales viennoises pourrait rendre nécessaire le contrôle d’autres réacteurs et donc générer d’autres arrêts, ce n’est pas exclu.

Des coupures temporaires pas écartées

Et puis il y a les aléas météo. Si les températures continuent de baisser, et se retrouvent à 4 ou 6 degrés au-dessous des normales saisonnières pendant plusieurs jours, et s’il n’y a pas de vent, donc pas d’éoliennes en service, le système sera sous tension, prévient RTE.

Alors sans aller jusqu’au black-out, dans ce genre de situation, il existe plusieurs leviers :

* 1) Couper le courant aux grosses usines très consommatrices en l’échange d’une compensation, car certaines usines consomment autant qu’une ville de taille moyenne.

* 2) Rationner les consommateurs, c’est-à-dire procéder à des baisses de tension : plutôt que vous distribuer 230 volts, on vous en distribue 218.

* 3) En cas de situation critique, on procède à des coupures tournantes, c’est-à-dire qu’on coupe l’électricité pendant 2 heures dans un département, puis un autre, etc. Face à la gravité de la situation, les experts ne rejettent désormais plus cette hypothèse.

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Victor Joanin (édité par J.A.)