Tribune. En août 2020, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) avait déposé un dossier en vue d’obtenir la déclaration d’utilité publique (DUP) pour Cigéo, projet d’enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux à Bure, dans la Meuse. Le 13 janvier, l’Autorité environnementale [instance indépendante créée en France en 2009, conformément au droit européen de l’environnement], a rendu son avis sur l’étude d’impact globale de l’Andra, soulignant de nombreux oublis ou lacunes et demandant des études complémentaires.
L’Autorité environnementale confirme ainsi nos doutes. Une vigoureuse opposition ne cesse d’alerter, depuis 1987, sur les risques immenses du stockage géologique des déchets radioactifs. L’avis de l’Autorité environnementale corrobore ce que dénoncent des milliers de citoyens, d’élus et de scientifiques indépendants depuis des années, sans être véritablement entendus.
Argilite du sous-sol meusien
Rejoignant nos analyses, l’Autorité environnementale pointe une longue liste d’insuffisances : absence de rapport sur la sécurité de Cigéo ; impossible récupération des déchets en situation accidentelle ; choix discutable de l’argilite du sous-sol meusien ; besoin d’études complémentaires sur la sismicité et les impacts environnementaux (dont la protection de la nappe phréatique) ; non-prise en compte de la ressource géothermique dont la présence aurait dû interdire le projet…
Les autorités compétentes (Autorité de sûreté nucléaire, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) ont déjà reconnu, en 2017, que l’Andra n’avait pas suffisamment étudié les risques d’accidents (incendie souterrain, explosion, etc.), ni prévu les mesures adéquates. A ce jour, les réponses de l’Andra se font toujours attendre.
La prise en compte des enjeux environnementaux est visiblement insuffisante. Ce chantier de plus d’un siècle aurait une énorme incidence sur la ressource en eau, la biodiversité et sur les milieux naturels ; notamment sur le Bois Lejuc, cette forêt occupée pendant un an et demi pour la protéger de la destruction.
Pour les populations concernées, difficile aussi d’accepter le principe de « compensations du préjudice écologique », alors que se profile une mutation profonde de leur territoire. Rappelons que la déclaration d’utilité publique donnerait le feu vert à des expropriations et à des travaux préparatoires dévastateurs, avant même tout dépôt de demande d’autorisation de création.
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