L'Allemagne accélère sa transition. Le pays, premier émetteur de CO2 en Europe, très dépendant du charbon, va sortir, "dans l'idéal" de ce combustible fossile d'ici 2030. C'est ce qu'a annoncé la nouvelle coalition gouvernementale mercredi 24 novembre. Une mesure arrachée par les Verts, ce qui avance de huit ans les précédents objectifs. Parallèlement, la coalition s'est accordée sur une sortie du gaz d'ici 2040.

C’est un symbole fort pour un pays encore très dépendant du charbon. Deux mois après les élections en Allemagne, la nouvelle coalition, dont le social-démocrate Olaf Scholz prend la tête, a trouvé un accord pour former le nouveau gouvernement. Cette coalition, composée des sociaux-démocrates du SPD, des libéraux du FDP et des Verts, acte une sortie du charbon d’ici 2030, confirmant les informations publiées la veille par l’agence Reuters. A l’issue d’intenses négociations, les Verts ont en effet obtenu cette mesure de taille alors qu’ils regrettaient, il y a quelques jours encore, l’absence de mesures précises sur le climat dans l’accord en discussion.
L’Allemagne a longtemps été réfractaire à toucher au plus polluant des combustibles fossiles. Premier émetteur de CO2 en Europe, Berlin repose aujourd’hui sur un mix électrique composé à 40 % de charbon. En 2019, l’ex chancelière Angela Merkel s’était engagée à sortir du charbon d’ici 2038, un horizon jugé trop lointain par les ONG environnementales. Mais le rapport de force a changé avec la percée des Verts aux dernières élections. "Après des années d’immobilisme, une "nouvelle dynamique" est lancée pour amener l’Allemagne sur la voie des 1,5 degré", ont déclaré les Verts au journal allemand Tagesspiegel."C’était indispensable".

Les énergies renouvelables vont monter à 80 % de la consommation électrique allemande


Concrètement, "cela exige le développement massif des énergies renouvelables", note l’accord, et implique "la construction de centrales à gaz modernes afin de couvrir les besoins croissants en électricité et en énergie au cours des prochaines années à des prix compétitifs". Le journal Hanbelsblatt décrypte : "Tant que l’expansion des énergies renouvelables n’ira pas plus vite, cependant, il faudra mettre davantage l’accent sur les centrales électriques au gaz. Cela est également dû au fait que la dernière centrale nucléaire sera déconnectée l’année prochaine et que de grandes quantités d’électricité seront nécessaires pour produire de l’hydrogène".


Une des solutions pour atteindre la neutralité carbone en 2045 passe en effet, pour l’Allemagne, par l’hydrogène alors que la coalition prévoit une sortie du gaz d’ici 2040. "N’en déplaise aux fanatiques du nucléaire, l’Allemagne s’apprête à démontrer qu’il est tout à fait possible de sortir du charbon sans recourir à l’atome. Question de volonté politique", a réagi sur Twitter le porte-parole de Greenpeace, Clément Sénéchal.


Reste deux conditions préalables à cet accord : que la sécurité d’approvisionnement soit garantie et que les difficultés sociales des salariés soient atténuées. En attendant, la coalition a distribué les portefeuilles ministériels et les Verts héritent de cinq ministères dont celui des Affaires étrangères et un "super-ministère" regroupant économie et protection du climat. Les libéraux s’emparent, eux, du ministère des Finances.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina

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