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« La France ne doit pas divorcer du nucléaire par inadvertance »

Dans une tribune au « Monde », l’économiste Christian Stoffaës s’inquiète de certaines décisions du gouvernement qui, sous couvert d’un soutien officiel réaffirmé, reflètent la tentation d’une sortie du nucléaire.

Publié le 22 novembre 2019 à 15h28 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Ces derniers mois ont été marqués par une avalanche de critiques fustigeant le réacteur EPR : « dérives inacceptables «, « sonnette d’alarme ignorée », « exigence d’un audit de défiance, dont toutes les conséquences seront tirées à tous les étages d’EDF », etc. Il n’y a là rien de neuf pour les antinucléaires, mais ces propos ont été tenus sur différentes radios par Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, et de tutelle de l’entreprise. Tutelle qui, en même temps, réaffirme la place du nucléaire dans le monde nouveau, confirme la confiance officielle dans la filière au sein de la programmation pluriannuelle de l’énergie.

« La fermeture de Fessenheim, longtemps promise, semble maintenant irréversible. Cette centrale est-elle la victime expiatoire qui paierait pour les autres ? »

Au-delà des paroles, plusieurs décisions prises cet été risquent pourtant de sceller le sort du choix nucléaire français, bien plus sûrement que ne l’aurait été la fermeture d’un nouveau contingent de centrales. Premièrement, la fermeture de Fessenheim, longtemps promise, semble maintenant irréversible. Cette centrale est-elle la victime expiatoire qui paierait pour les autres – comme Plogoff en 1981 ? Ou bien la tête de liste d’une longue série ? On ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment…

Deuxièmement, le projet de scission d’EDF, Hercule, isole la production d’énergie nucléaire dans une entité spécialisée, qui pourrait aisément se muer en structure de défaisance. Cela n’a pas de sens : sans les débouchés garantis par le monopole intégré de la distribution, le risque économique d’un pari d’une telle ampleur ne peut pas être pris – et pourra difficilement être maintenu dans un univers de concurrence.

Troisièmement, le programme de recherche du CEA sur la quatrième génération de réacteurs à neutrons rapides, Astrid, a été arrêté en catimini. S’il n’y a plus d’avenir à préparer, le mouvement s’interrompt. Là, l’Etat exprime sa distance avec la filière plutonium (retraitement-MOX-surgénérateur). Plus perversement, la zizanie risque de s’installer entre le monopole électrique et le monopole atomique – comme du temps de la guerre entre les filières graphite, gaz et eau légère.

Quatrièmement, l’aggravation à un niveau spoliateur du tarif de vente contrainte du kilowattheure d’EDF à ses concurrents (tarif d’« accès régulé à l’énergie nucléaire historique », Arenh), handicape gravement la capacité d’autofinancement des investissements d’entretien et de développement du parc nucléaire.

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