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Les Vingt-Sept s'accordent enfin sur un embargo sur le pétrole russe

Les dirigeants européens ont décidé, tard lundi soir, d'en finir avec les importations de pétrole russe, mais en deux temps. Ils vont d'abord prononcer un embargo sur les livraisons maritimes d'ici la fin de l'année. Ils se prononceront « aussi vite que possible » sur le pétrole livré par oléoduc à la Hongrie. Les autres mesures du sixième paquet de sanctions entreront en vigueur rapidement.

Le veto du premier ministre hongrois Viktor Orban au volet pétrolier des sanctions a été contourné.
Le veto du premier ministre hongrois Viktor Orban au volet pétrolier des sanctions a été contourné. (Emmanuel Dunand/AFP)

Par Karl De Meyer, Catherine Chatignoux

Publié le 30 mai 2022 à 19:08Mis à jour le 1 juin 2022 à 11:11

Ce fut long, mais les Vingt-Sept sont finalement arrivés, lundi soir juste avant minuit, à un accord sur leur sixième paquet de sanctions à l'encontre de la Russie, après s'être entendus sur le problématique volet pétrolier. Pour contourner le veto hongrois, ils ont décidé de distinguer entre le pétrole russe acheminé par voie maritime (deux tiers des importations de l'UE) qui sera interdit d'ici six mois, et le pétrole livré par oléoduc, critique pour des pays enclavés comme la Hongrie et la Slovaquie, dont le sort sera réglé plus tard, « aussitôt que possible » selon la terminologie officielle.

Comme l'Allemagne et la Pologne se sont engagés à ne plus acheter de pétrole russe transporté par oléoduc d'ici la fin de l'année, « l'UE va donc tarir de 90 % les livraisons de pétrole russe d'ici la fin 2022 », s'est félicité Charles Michel, le président du Conseil européen, autour de 1h du matin.

Un traitement à la carte

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Les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l'UE doivent se réunir ce mercredi, après avoir déjà planché dimanche et lundi matin sur le sujet, pour acter cette décision. Ils doivent valider aussi le reste du sixième paquet de sanctions proposé par la Commission début mai : exclusion de trois nouvelles banques russes du système de messagerie financière Swift , et notamment de la Sberbank, première banque domestique avec 37 % du marché ; interdiction de diffusion dans l'UE de trois radiodiffuseurs russes ; allongement de la liste noire des personnalités sanctionnées, dont le chef de l'église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien inconditionnelle du présidenr russe, Vladimir Poutine ; interdiction des services de conseil ou de comptabilité à des entités russes.

Plus tard, ils devront déterminer comment et quand mettre fin aux importations pétrolières via les oléoducs. La Hongrie réclame des garanties de livraisons alternatives en cas de rupture de l'oléoduc Droujba, critique pour son approvisionnement en énergie. Elle exige aussi des aides financières pour adapter ses raffineries, qui à l'heure actuelle ne peuvent traiter que du brut russe et devront à terme pouvoir fonctionner avec le pétrole reçu via l'oléoduc Adria en provenance de Croatie. D'autres Etats membres demandent des clauses dérogatoires, notamment la Bulgarie et la Croatie. Ce traitement à la carte pourrait donner un avantage concurrentiel aux pays bénéficiaires, un facteur qui devra être pris en considération. Le dirigeant hongrois qui a fait monter les enchères jusqu'au dernier moment s'est félicité de l'exemption dont il bénéficie : « Les familles peuvent dormir paisiblement, nous avons écarté l'idée la plus farfelue qui soit» , celle d'un embargo, a commenté Viktor Orban dans un message diffusé dans la nuit sur sa page Facebook.

« Les querelles en Europe doivent cesser »

Les Vingt-Sept avaient été une fois de plus interpellés, dans l'après-midi, par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un appel vibrant à adopter ces nouvelles sanctions au plus vite. Il a rappelé que le pays a subi de nombreuses pertes humaines depuis l'adoption du cinquième paquet. « Les querelles en Europe doivent cesser […], l'Europe doit montrer sa force. Car la Russie ne comprend que l'argument de la force », a déclaré le dirigeant ukrainien par visioconférence en fin d'après-midi.

Compte tenu des derniers développements de la guerre en Ukraine, il est probable que la question d'un embargo gazier arrive prochainement sur la table des Vingt-Sept. Les pays baltes sont particulièrement demandeurs.

Sanctions bancaires

Les dirigeants européens ont aussi validé une aide macro-économique de 9 milliards d'euros à l'Ukraine pour combler les besoins de liquidités de Kiev, qui continue à honorer ses engagements internationaux. Cette aide se fera sous forme de prêts ultra-préférentiels pour adresser aux marchés le signal que l'Ukraine reste solvable. D'autres partenaires internationaux apporteront d'autres enveloppes, les Etats-Unis ayant déjà promis 7,5 milliards de dollars.

Les chefs d'Etat et de gouvernement ont déjà abordé la question de la reconstruction de l'Ukraine, mais, a averti Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission, « l'investissement ne viendra qu'avec des réformes ». Les Européens entendent conditionner leurs fonds à des progrès dans l'administration et la gouvernance de l'Ukraine. La Commission doit se prononcer d'ici deux semaines sur l'opportunité d'accorder à Kiev le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.

Mardi, les Vingt-Sept évoqueront le plan RePowerEU de la Commission qui vise à accélérer l'indépendance énergétique du continent. Ils plancheront aussi sur la sécurité alimentaire, alors que le blocage des exportations de céréales ukrainiennes fait redouter une famine sur le continent africain. Ils veulent trouver un moyen de les déstocker, pour éviter leur pourrissement et faire de la place aux récoltes de 2022.

VIDEO. Ce que la fin du pétrole russe coûterait aux Européens

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Catherine Chatignoux et Karl De Meyer (Bureau européen)

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