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Gaz, électricité : les prix s'affolent en Europe

Alors que la Russie menace de réduire encore ses livraisons en Europe, les prix du gaz s'envolent. Ce contexte, le manque de production nucléaire et les vagues de chaleur entraînent les prix de l'électricité dans une spirale infernale.

En France, les prix de l'électricité pour livraison l'hiver prochain sont les plus élevés d'Europe.
En France, les prix de l'électricité pour livraison l'hiver prochain sont les plus élevés d'Europe. (iStock)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 26 juil. 2022 à 16:18Mis à jour le 26 juil. 2022 à 18:26

Tous les voyants sont au rouge sur les marchés de l'énergie. Dans la foulée des annonces de Gazprom sur la baisse imminente de ses livraisons en Europe, les prix des contrats à terme de fourniture de gaz se sont envolés, dépassant ce mardi les 190 euros le mégawattheure (MWh) . Ils s'approchent ainsi du record historique de 215 euros le MWh atteint en mars 2022, lorsque la Russie a lancé son attaque en Ukraine.

Cette nouvelle flambée vient alimenter l'envolée des prix de l'électricité déjà quasi continue depuis mi-juin, lorsque Gazprom a pour la première fois réduit ses livraisons en Allemagne.  Selon les estimations du cabinet Rystad Energy, « le mois de juillet est en piste pour devenir le mois le plus cher de tous les temps » sur les marchés de l'électricité en Allemagne, en France et en Italie. 

La parfaite tempête sur les marchés

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Cela n'a rien d'habituel en juillet. Traditionnellement, le beau temps, le début des congés et les exportations massives de nucléaire français font baisser les prix. Mais cette année, « toutes les conditions sont réunies pour un ouragan sur les marchés de l'électricité, les tensions sur les livraisons de gaz russe, des prix du charbon et du CO2 élevés, des vents faibles et une sécheresse », liste Fabian Rønningen, analyste chez Rystad Energy.

A cela viennent s'ajouter la très faible disponibilité du nucléaire d'EDF et plusieurs journées de canicule qui ont mis sous tension les systèmes électriques. Au total, la demande d'électricité a augmenté de 3 % en Europe, depuis début juillet, essentiellement à cause des vagues de chaleur et des besoins de climatisation.

Le Royaume-Uni a ainsi frôlé la panne de courant le 20 juillet dernier, avec une température proche des 40 degrés et un réseau électrique extrêmement tendu. Le prix des électrons importés par les Britanniques de Belgique, pour éviter la panne, a ainsi atteint le niveau inédit de 11.500 euros le MWh.

200 heures de défaillances anticipées cet hiver

En France, le sujet est aussi particulièrement aigu. Compte tenu du manque de production nucléaire, les prix de l'électricité pour livraison l'hiver prochain y sont les plus élevés d'Europe. Ces dernières semaines, l'écart entre la France et l'Allemagne s'est encore largement creusé : les contrats de fourniture d'électricité pour livraison au quatrième trimestre 2022 en France coûtent désormais 824 euros le MWh, soit deux fois plus cher qu'outre-Rhin.

Un contexte qui inquiète le régulateur de l'énergie en France. « Ces prix reflètent soit des anticipations de forte pénurie, soit une prime de risque élevée sur le marché de l'électricité français, et vraisemblablement la conjonction des deux », indique la CRE.

« Cela signifie que le marché anticipe jusqu'à 200 heures de défaillance en France l'hiver prochain, c'est un scénario très extrême qui impliquerait 30 jours de défaillance au cours des trois mois d'hiver », précise le directeur général de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Dominique Jamme. Autrement dit, les marchés semblent surestimer les difficultés attendues cet hiver en France.

« On a l'impression que le marché ne fait pas confiance aux plannings d'EDF », indique un autre expert. Soucieux de contenir cette flambée des prix et d'éviter la manipulation de cours, le régulateur va interroger tous les acteurs du marché sur leurs stratégies de couverture dans une cadre d'« une surveillance renforcée ».

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Un problème de compétitivité pour la France

Le sujet est de fait crucial pour la compétitivité des entreprises françaises. Compte tenu de l'inertie des contrats de fourniture d'énergie encore en cours, toutes ne sont pas touchées mais certaines doivent déjà affronter la perspective d'une hausse brutale de leurs coûts de production.

« Les entreprises dont les contrats de fourniture d'énergie arrivent à échéance à la fin de l'année sont complètement paniquées. Certaines attendaient le dernier moment pour renouveler leurs contrats, espérant une baisse des prix, mais cette position est de moins en moins tenable », indique Julien Teddé, le directeur général du courtier Opéra Energie.

Pour les pouvoirs publics et les ménages, le sujet est aussi extrêmement sensible. Lorsque le premier bouclier tarifaire a été mis en place pour protéger les consommateurs, les prix de l'électricité oscillaient entre 150 et 300 euros le MWh, or on dépasse désormais les 400 euros le MWh. En 2023, le coût de la prolongation d'un tel bouclier tarifaire sera donc décuplé pour les finances publiques. A moins que le gouvernement n'opte pour un dispositif bien moins protecteur pour les consommateurs. Le choc pour les ménages risquerait alors d'être redoutable.

Sharon Wajsbrot

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