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Nucléaire : EDF découvre un « défaut significatif » sur une soudure à Penly

Une fissure profonde avec « un risque de fuite » a été découverte sur un circuit de secours d'un réacteur à l'arrêt. L'Autorité de sécurité nucléaire demande à EDF de revoir ses plans de réparations. L'impact sur la production nucléaire reste incertain.

La fissure mise au jour à Penly 1 serait « massive », et mesurerait 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres d'épaisseur.
La fissure mise au jour à Penly 1 serait « massive », et mesurerait 23 millimètres sur un tuyau de 27 millimètres d'épaisseur. (Lou BENOIST/AFP)

Par Guillaume Guichard

Publié le 7 mars 2023 à 15:48Mis à jour le 7 mars 2023 à 19:59

Près d'un an et demi après la découverte d'un problème générique de microfissures qui lui aura coûté plusieurs dizaines de milliards d'euros en 2022 et qui aura considérablement pesé sur la production d'électricité , EDF a rencontré ces dernières semaines une nouvelle mauvaise surprise.

L'exploitant a indiqué sur le site Internet de la centrale de Penly avoir décelé un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur un circuit de secours du réacteur numéro 1 du site. Ce circuit se situe au sein de la zone radioactive, dans le « bâtiment réacteur ».

Nouvelle alerte

Cette installation est actuellement à l'arrêt dans le cadre du vaste programme de contrôle de « corrosion sous contrainte ». Ce phénomène générique, décelé en premier lieu à Civaux à l'automne 2021, a entraîné la fermeture de nombre de réacteurs en 2022 et a alimenté en très grande partie la perte de 17,9 milliards d'euros enregistrée par l'électricien l'année dernière .

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Les fissures provoquées par la corrosion sous contrainte découvertes jusqu'à présent n'étaient pas profondes de plus de quelques millimètres. Ce n'est pas le cas de celle mise au jour à Penly 1.

« La fissure s'étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm, a précisé l'ASN mardi soir, classant le dossier au niveau 2 de l'échelle d'incidents nucléaires Ines. La présence de cette fissure conduit à ce que la résistance de la tuyauterie ne soit plus démontrée. »

Risque de fuite

Autrement dit, il existe un risque de fuite de la tuyauterie. Par conséquent, l'ASN « a demandé à EDF de réviser sa stratégie [de contrôle des soudures] pour tenir compte de ces nouvelles informations », a indiqué l'Autorité.

Mardi après-midi, EDF n'était pas en mesure de préciser si ce défaut est de nature à prolonger l'arrêt du réacteur de Penly 1, ou à provoquer la mise à l'arrêt anticipée d'autres réacteurs pour contrôle. L'impact sur la production électrique est donc à ce stade non précisé.

« Expertises en cours »

« Des expertises métallurgiques sont en cours, le dossier est en instruction », indique-t-on chez EDF. « Ce défaut significatif de corrosion sous contrainte a été vraisemblablement généré par ces opérations ciblées de « double réparation » lors du premier montage des tuyauteries, explique l'électricien sur le site Internet de Penly 1.

En clair, c'est lorsque des soudures non conformes ont été réparées, au moment de la construction de la centrale, au début des années 1980, que la tuyauterie aurait été fragilisée.

« Cette ligne était considérée par EDF comme non sensible à la fissuration par corrosion sous contrainte en raison notamment de sa géométrie. Toutefois cette soudure a fait l'objet d'une double réparation lors de la construction du réacteur, ce qui est de nature à modifier ses propriétés mécaniques et les contraintes internes du métal au niveau de cette zone », précise l'ASN.

« Ce « défaut significatif » pose la question d'une possible présence de fissures plus profondes que celles envisagées jusqu'à présent par l'exploitant, y compris sur les six réacteurs de la même famille que celui de Penly 1 qui n'ont pas encore été contrôlés à ce jour », analyse Yves Marignac, membre des groupes permanents d'experts de l'ASN et ainsi que de NegaWatt, une association hostile à l'énergie atomique.

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« Cela conduira à la réalisation d'interventions de réparations limitées à la zone concernée », minimise aujourd'hui EDF.

Réacteurs P'4

Le réacteur de Penly appartient à la famille dite des « P'4 », d'une puissance de 1.300 mégawatts. Il figure parmi les plus gros du parc d'EDF. Parmi cette classe d'installations, l'exploitant n'a pas encore contrôlé les deux paires de réacteurs de Belleville et Nogent, ainsi qu'un réacteur à Cattenom et un autre à Golfech.

EDF avait envisagé initialement de contrôler seulement par ultrason les circuits sensibles à la corrosion de ces six réacteurs, avant de changer de pied à la fin de l'année dernière et d'opter pour le découpage et remplacement de ces éléments dès 2023 .

Guillaume Guichard

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