Le monde n’a jamais mis en service autant d’énergies renouvelables. L’an dernier, 295 gigawatts (GW) ont été installés, note un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publié mercredi 11 mai. Cette année, 320 GW supplémentaires sont prévus, soit l’équivalent de « la production totale d’électricité de l’Union européenne à partir du gaz naturel », souligne l’étude.

La Chine et le solaire dominent le paysage

À elle seule, la Chine représente 46 % de ces ajouts de capacités renouvelables dans le monde, devant l’Europe qui a déployé 36 GW en 2021, dépassant son précédent record de 2011, à 35 GW. Le solaire est l’énergie verte qui progresse le plus : 156 GW en plus attendus sur 2022, les deux tiers de la hausse s’expliquant par l’inauguration de très grands parcs.

Dans l’éolien, 89 GW supplémentaires seraient mis en service, avec le développement spectaculaire de l’offshore (+ 80 % par rapport à 2020). À la fin de l’année, la Chine devrait d’ailleurs devenir numéro un dans le monde pour l’éolien en mer, ravissant à l’Europe la place de leader.

Les coûts augmentent

La progression des renouvelables est d’autant plus à saluer, estiment les experts de l’AIE, qu’elle intervient dans un contexte où beaucoup de vents contraires agitent le secteur, avec les perturbations autour des chaînes logistiques pour des composants venant principalement d’Asie, et la hausse des cours des matières premières.

« Par rapport à 2020, les coûts d’investissement globaux des nouvelles centrales photovoltaïques et éoliennes terrestres à grande échelle sont de 15 % à 25 % plus élevés en 2022 », souligne l’AIE.

Sur un an, les prix du polysilicium, indispensable pour fabriquer des panneaux photovoltaïques, ont ainsi été multipliés par quatre. La hausse atteint 70 % pour le cuivre et 50 % pour l’acier, sans oublier les prix du fret maritime, multipliés par cinq.

Le risque d’un ralentissement

Dans ce contexte, la croissance globale des renouvelables pourrait marquer le pas en 2023, alerte Fatih Birol, le directeur de l’AIE. À cela s’ajoute un coup de frein sur l’arrivée de nouvelles capacités hydroélectriques (qui représentent encore 80 % de la production de renouvelables dans le monde), avec l’achèvement de grands chantiers de barrages, en particulier en Chine.

En 2021, des vitesses de vent parmi les plus faibles jamais enregistrées en Europe

L’Agence plaide pour la mise en place de nouvelles mesures, comme « accélérer la délivrance des permis et fournir des incitations adaptées au déploiement des énergies renouvelables ». Pour les États-Unis, par exemple, l’AIE s’inquiète des restrictions mises en place pour l’importation de produits venant de Chine et d’Asie du Sud-Est, qui menacent le solaire et l’éolien.

L’Europe veut accélérer dans le solaire

De ce côté-ci de l’Atlantique, le message de l’AIE devrait être entendu. En France, Emmanuel Macron a promis la mise en place de lois d’exception au cours de son second quinquennat, afin de favoriser la construction de nouvelles capacités renouvelables.

De son côté, la Commission européenne devrait annoncer, le 18 mai, lors de la présentation de sa feuille de route énergétique, d’objectifs plus ambitieux que prévu dans le déploiement du solaire. L’UE pourrait aussi encourager la production locale de panneaux solaires.