Après trois ans de concertation avec les élus et les citoyens, le tracé de la future ligne électrique entre la France et l’Espagne a été validé par le ministère de la Transition Ecologique. Appelé Fuseau de Moindre Impact[1], il dessine le chemin que prendra la ligne en reliant les postes électriques de Cubnezais (près de Bordeaux) et de Gatika (près de Bilbao), soit environ 400 km de long. Une étape majeure franchie avant la phase d’autorisation puis la construction de cette interconnexion essentielle pour accompagner la transition énergétique et renforcer la solidarité entre les États.

Un gros câble électrique doit transporter en courant continu haute tension (CCHT ou HVDC en anglais), l’équivalent de la puissance de deux centrales nucléaires. Cette nouvelle interconnexion entre la France et l’Espagne permettra, à partir de 2027, de doubler les échanges d’électricité entre les deux pays pour les porter à 5.000 MW, c’est-à-dire l’équivalent de la consommation électrique de 5 millions de foyers environ.
Face au défi de la transition énergétique, l’objectif est de profiter de la complémentarité des productions électriques françaises et espagnoles pour trois raisons :

  • En cas d’aléas (période de forte consommation, intempéries, incidents, …), une plus grande solidarité entre la France et l’Espagne ;
  • Une plus grande capacité de transport de l’électricité produite de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, notamment à partir des énergies renouvelables ;
  • Une électricité au meilleur prix car une part plus importante des productions des deux pays pourra être mieux échangée dans le cadre du marché européen de l’électricité.

Compte-tenu de ces atouts, ce projet a été qualifié de « projet d’intérêt commun » par l’Union européenne qui lui a attribué une subvention de 578 millions d’euros sur un investissement total de 1,75 milliards d’euros, porté par RTE – le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français – et Red Eléctrica España (son homologue espagnol).

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Un tracé en grande partie sous-marin élaboré avec les acteurs locaux

Le tracé sera essentiellement sous-marin – sur 300 km – et souterrain sur 100 km, notamment pour rejoindre le poste électrique de Cubnezais en Gironde depuis la côte médocaine et pour contourner le canyon de Capbreton par l’intérieur des terres. Il a été élaboré avec la participation du public (élus, citoyens, pêcheurs, monde forestier) à chacune de ses étapes. Un dialogue qui se poursuivra lors de l’enquête publique qui doit débuter en 2022 en vue de la reconnaissance « d’utilité publique ».

Objectif : mise en service en 2027

La validation du tracé marque donc l’entrée du projet dans une phase opérationnelle. Les études environnementales et techniques se poursuivent ; et l’étude d’impact va pouvoir être finalisée. En parallèle, le tracé précis sera défini en concertation avec les propriétaires et les gestionnaires d’infrastructures concernés. Une fois les autorisations obtenues, en 2023, les travaux devraient commencer pour s’achever en 2027.

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[1] Le Fuseau de Moindre Impact (FMI) correspond à la bande de terrain réduite (de quelques dizaines à quelques centaines de mètres), retenue à l’issue de la concertation, comme celle techniquement et règlementairement réalisable permettant d’éviter au mieux les zones de sensibilités environnementales au sens large (milieux physique, naturel, humain, paysager et patrimonial…).