C’est une nouvelle mise en garde, particulièrement inquiétante, alors que les opérations militaires s’intensifient entre forces russes et ukrainiennes : Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a prévenu samedi 6 mai 2023 que la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine était devenue "potentiellement dangereuse", tandis que les autorités pro-russes ont commencé à évacuer les habitants des zones voisines, notamment la ville d’Enerhodar. Il demande que des mesures soient prises pour garantir la sécurité du fonctionnement de la plus grande centrale nucléaire d'Europe. "La situation générale dans la zone autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia devient de plus en plus imprévisible et potentiellement dangereuse" précise Rafael Grossi sur le site internet de l'AIEA.
"Prévenir la menace d'un grave accident nucléaire"
Le ton employé par Rafael Grossi est sans équivoque : "Je suis extrêmement préoccupé par les risques bien réels que court la centrale en termes de sûreté et de sécurité. Nous devons agir maintenant pour prévenir la menace d'un grave accident nucléaire et de ses conséquences sur la population et l'environnement."
Lire aussiNucléaire : le débat public s’immisce dans l’avenir énergétique de la France
Les forces russes se sont emparées de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, peu après le début de l'invasion de l'Ukraine, et procèderaient à des lancers de missiles à partir de ce camp retranché. Les forces d’Ukraine auraient également déclenché des tirs à proximité du site. La situation était devenue explosive en août 2022, et le pire évité de justesse, les équipements clés étant restés intacts.
Une offensive ukrainienne redoutée?
Mais une contre-offensive ukrainienne d’ampleur serait attendue ce printemps dans cette région contrôlée à 80% par Moscou. Le gouverneur installé par la Russie dans la zone a évoqué des "bombardements s'étant intensifiés ces derniers jours" avant d'ordonner vendredi l'évacuation des villages proches de la ligne de front, les habitants étant dirigés vers la mer d’Azov. L’Agence Reuters, qui a recueilli les déclarations des deux camps, n’a pu vérifier ces informations de manière indépendante.
Lire aussiL'Allemagne fait ses adieux définitifs au nucléaire en fermant samedi ses trois derniers réacteurs
Rafael Grossi s'est rendu pour la dernière fois à la centrale de Zaporijjia en mars 2023 afin de tenter de trouver des mesures de protection acceptables pour Moscou et Kiev. Les centrales - construites en temps de paix et non équipées pour résister aux bombardements -, peuvent être endommagée de plusieurs façons : missiles ouvrant une brèche, coupure d’électricité entraînant la fusion des cœurs, etc. Ce qui peut avoir des conséquences gravissimes sur la population et la nature environnante, voire bien au-delà. Mais l’agence considère d’ores et déjà que les sept piliers indispensables à la sûreté et à la sécurité nucléaires qu’elle a défini au début du conflit, en février 2022, ont été compromis ou menacés pour la quasi-totalité d’entre eux. Y compris ceux liés à l'intégrité physique d'une centrale nucléaire, des systèmes de sûreté et de sécurité fonctionnels, du personnel et des alimentations électriques externes.
Avec Reuters