Un vent mauvais souffle-t-il sur l’éolien terrestre ? Après avoir encouragé pendant deux ans son développement, l’exécutif amorce un changement de cap qui ravit les opposants et provoque l’inquiétude de la filière.
C’est Emmanuel Macron lui-même qui a planté la première graine de cette nouvelle donne, le 14 janvier, à Pau. Lors d’une table ronde sur le thème de « l’écologie dans nos territoires », le président de la République avait appelé à être « lucide » en affirmant que « la capacité à développer massivement l’éolien est réduite ».
« Le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays », expliquait-il, avant d’ajouter que « de plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux, considèrent que leur paysage est dégradé ».
Quelques jours plus tard, dans un entretien dans le Monde du 21 janvier, Elisabeth Borne déclarait que « le développement de l’éolien est très mal réparti en France ». « Cela s’est fait de façon anarchique, et on a des territoires dans lesquels il y a une saturation, y compris visuelle », soulignait la ministre de la transition écologique et solidaire, rompant ainsi avec le discours très enthousiaste sur l’éolien de ses prédécesseurs Nicolas Hulot et François de Rugy. Le 18 février, auditionnée au Sénat, elle précise sa pensée, dénonçant la « covisibilité avec des monuments historiques » et « une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable », plaidant pour un « développement harmonieux ».
« Inflexion politique »
« Le message des antiéolien a été entendu par le chef de l’Etat, il a reçu beaucoup de messages à ce sujet, il faut qu’on soit vigilants », décrypte une source élyséenne, qui souligne que la relation avec les Français ruraux est une priorité de la deuxième partie du mandat, et résume :
« Emmanuel Macron ne veut pas pourrir la vie de nos concitoyens, il sent que ça monte en milieu rural. »
« Le président veut changer de politique. Il a pris conscience qu’il ne pouvait pas avoir l’image de celui qui a détruit les paysages de la France », se réjouit Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable (FED), l’une des principales associations antiéolien. Mais M. Butré reste prudent sur les conséquences de ce revirement. « Elisabeth Borne a suivi le président, mais son ministère peine à appliquer les nouvelles consignes », déplore-t-il.
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