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EDF en grève le 19 septembre pour lutter contre "Hercule", un projet de réorganisation

Hercule vise à créer deux entités. Une "bleue" détenue à 100% par l'Etat, une "verte" qui serait introduite en bourse à hauteur de 35%

Hercule vise à créer deux entités. Une "bleue" détenue à 100% par l'Etat, une "verte" qui serait introduite en bourse à hauteur de 35% - AFP

Les représentants du personnel d'EDF ont présenté un "front uni" contre le projet de réorganisation de l'entreprise baptisé "Hercule" avant une journée de grève unitaire le 19 septembre, lors d'une conférence de presse du comité central d'entreprise.

Hercule ne fait pas l'unanimité au sein des salariés d'EDF. C'est le nom d'un projet de réorganisation qui vise à séparer l'entreprise en deux entités dont l'une sera détenue à 100% par l'Etat. La seconde serait introduite en bourse à hauteur de 35%. Les représentants du personnel d'EDF ont présenté un "front uni" contre ce plan. Lors d'une conférence de presse mercredi du comité central d'entreprise, il ont annoncé une journée de grève unitaire le 19 septembre.

"Cette unité est d'autant plus remarquable que nous avons des élections professionnelles en novembre", a observé Philippe Page Le Merour (CGT). "La journée du 19 septembre vise aussi la réforme des retraites qui remet en cause le régime des Industries électriques et gazières (IEG)", a-t-il souligné, prédisant une "forte mobilisation". CGT, CFDT, FO et CFE-CGC dénoncent unanimement un projet "financier" qui "découpe EDF pour faire la part belle à la concurrence" en scindant la production et la commercialisation.

Le projet Hercule, présenté dans ses grandes lignes le 20 juin aux syndicats, créerait d'un coté un "EDF bleu" comprenant le nucléaire, les barrages hydroélectriques et le transport de l'électricité et de l'autre un "EDF vert" avec Enedis, EDF Renouvelables, Dalkia, la direction du commerce, les activités d'outre-mer et de la Corse d'EDF.

"On risque d'être mis devant le fait accompli"

L'entité bleue serait détenue à 100% par l'Etat tandis que la verte, "qui regroupe toutes les activités qui ont des revenus garantis" selon les syndicats, serait introduite en bourse à hauteur de 35%. "On privatise les gains et on nationalise les pertes", a estimé Hervé Desbrosses (CFE-CGC). Alain André (FO) craint les "conséquences sociales", avec 5.000 agents d'accueil évoqués alors que plus de 8.000 personnes travaillent à la commercialisation chez EDF.

Selon l'intersyndicale, cette réorganisation "pérennise et rend irréversible le dispositif Arenh" (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) qui contraint EDF à céder un quart de son électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixe (42 euros par mégawattheure), jugé trop bas par EDF pour couvrir ses coûts de production. 

En échange de la scission production/commercialisation et de l'ouverture au marché de cette dernière, l'Etat demanderait à la Commission européenne un relèvement du prix du tarif Arenh à 45 euros le MWh, selon Le Parisien, qui révèle qu'un "dossier de pré-notification" serait d'ores et déjà ouvert à Bruxelles sur ces discussions. Selon les syndicats, la notification officielle à la Commission européenne n'est pas prévue avant décembre. Vincent Rodet (CFDT) dénonce "un calendrier confus". "On commence à comprendre qu'il y a des discussions informelles à Bruxelles et qu'on risque d'être mis devant le fait accompli", déplore-t-il.

Pascal Samama avec AFP