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Comment Orano veut capter une part du marché russe dans l’enrichissement d’uranium

La guerre en Ukraine relance le déploiement de projets au long cours dans le domaine de la conversion et de l’enrichissement de ce minerai nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires.

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Publié le 03 février 2023 à 11h30, modifié le 10 février 2023 à 14h36

Temps de Lecture 3 min.

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Dans l’usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse II, sur le site de Tricastin à Saint-Paul-Trois-Chateau, le 26 janvier 2023.

Ce n’est pour l’heure qu’un morceau de friche, balayé par le mistral. Mais d’ici quelques années peut-être, surgira ici une installation nucléaire stratégique. Une de plus sur ce site qui compte parmi les plus nucléarisés et surveillés d’Europe. Au Tricastin (Drôme), près de Valence, le groupe Orano, ex-Areva, ambitionne d’agrandir son actuelle usine d’enrichissement d’uranium George Besse II.

A l’étude en 2004, puis abandonné en raison de la morosité du marché à la suite de l’accident de Fukushima, ce projet d’extension ressort des cartons, porté cette fois par l’intérêt d’énergéticiens soucieux de réduire leur dépendance au russe Rosatom, un acteur quasi incontournable en matière d’enrichissement. Estimé entre 1,4 et 1,7 milliard d’euros, cet investissement permettrait à Orano d’augmenter d’un tiers environ ses capacités d’uranium enrichi civil pour espérer capter une partie des besoins aujourd’hui satisfaits par les Russes.

« Ce projet est vraiment lié au conflit et à la réduction de la dépendance aux approvisionnements russes, il n’est pas lié au nouveau nucléaire (ou) à la part de marché croissante du nucléaire dans la fourniture d’électricité », déclarait François Lurin, directeur du site Orano du Tricastin, mardi 1er février. « Il ne se fera que si nos clients en émettent un réel besoin », ajoutait-il alors que des négociations sont avancées avec plusieurs d’entre eux, notamment américains. Avant d’accorder son feu vert, le conseil d’administration veut effectivement être sûr de pérenniser son carnet de commandes sur les dix ou quinze prochaines années au moins.

Une étape cruciale du cycle

Au-delà de ces garanties financières, le projet doit également faire l’objet d’une concertation préalable sous l’égide de la Commission nationale du débat public pour informer et consulter les Français. Celle-ci a démarré ce 1er février et se tiendra jusqu’au 9 avril. « La décision de faire ou pas ce projet doit en tout état de cause être prise cette année si l’on souhaite pouvoir mettre l’usine en service dès 2028 », poursuit la direction, bien consciente que son futur avantage concurrentiel repose en partie sur sa capacité à livrer au plus vite. « Nos clients vont avant tout acheter une sécurité d’approvisionnement », ajoute-t-elle, avançant l’argument selon lequel la Russie pourrait cesser ses exportations comme elle l’a fait pour le gaz. Ce qui, en l’état, conduirait à des « pénuries de combustibles nucléaires » et « des arrêts potentiels de centrales ».

Un argument réfuté par les antinucléaires : « Le projet d’extension de l’usine George Besse II ne garantira aucunement une fin de la dépendance à l’uranium enrichi russe à court terme », estime Pauline Boyer, responsable de la campagne nucléaire chez Greenpeace. De manière générale, « la souveraineté énergétique occidentale que garantirait le nucléaire est un leurre », ajoute-t-elle, pointant d’autres dépendances de l’atome français dont celle à l’uranium naturel, « cette matière première qui est enrichie dans cette usine, est intégralement importée de pays comme le Niger, le Canada, l’Ouzbékistan ou le Kazakhstan ».

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