PARLEMENTSur le glyphosate, Macron a-t-il renié ses ambitions écolos?

Sur le glyphosate, Emmanuel Macron a-t-il renié ses ambitions écolos?

PARLEMENTL'interdiction du glyphosate dès 2021 n'a pas été inscrite dans la loi lundi, comme le souhaitait une cinquantaine de députés LREM...
Nicolas Hulot, un vert au sourire jaune.
Nicolas Hulot, un vert au sourire jaune. - VILLARD/SIPA
Laure Cometti et Thibaut Le Gal

Laure Cometti et Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Lors des débats sur la loi EGalim dédiée à l'agriculture et l'alimentation, l'interdiction du glyphosate dès 2021, promesse d'Emmanuel Macron, a été rejetée par la majorité.
  • Pour les députés LREM écolos, il s'agit d'un nouveau renoncement de l'exécutif.
  • Ces arbitrages fragilisent-ils le maintien de Nicolas Hulot au gouvernement ?

Une nouvelle promesse abandonnée. En novembre dernier, Emmanuel Macron s’était engagé à interdire le glyphosate, cet herbicide très utilisé en France et controversé, « au plus tard dans trois ans ». Des amendements allant dans ce sens ont pourtant été rejetés par la majorité présidentielle lundi soir lors des débats sur la loi EGalim consacrée à l’agriculture et l’alimentation. L’un d’eux était soutenu par une cinquantaine de députés de La République en marche. Mais la ligne fixée par la présidence du groupe a prévalu : une énième couleuvre à avaler pour les écologistes engagés auprès du chef de l’Etat ?

« On perd tous les arbitrages »

« Au bout d’un an, on perd tous les arbitrages », grince l’ancien d’EELV François-Michel Lambert, passé chez LREM aux dernières élections. L’élu des Bouches-du-Rhône constate après les derniers débats dans l’hémicycle que « les avancées promises n’ont pas lieu. Il est plus que jamais urgent de créer un groupe parlementaire écolo au sein d’En marche », un projet en gestation depuis plusieurs semaines.

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« La question du glyphosate est un concentré de tous les enjeux de santé publique, de biodiversité, du poids des lobbys dans la démocratie, de falsification scientifique… Depuis l’engagement du président de la République, il y a eu une savante agitation dans les coulisses, pour que cette parole soit détricotée, amendée, nuancée. C’est une blague ! », juge l’ancienne ministre de l’Ecologie Delphine Batho.

Même colère chez le député européen EELV Yannick Jadot. « J’ai été triste de voir les amendements de mes amis écologistes rejetés à l’Assemblée. Stéphane Travert ne leur a rien laissé : sur les vidéos dans les abattoirs, le glyphosate ou les poules en cage. Ces trois engagements présidentiels ont été balayés d’un revers de main ».

« Aucun renoncement » dans l’ambition écolo de Macron

« On ne peut pas tout changer du jour au lendemain, tout cela se pilote car certaines filières ne sont pas prêtes. Et il ne faut pas croire que toutes les solutions viendront de la loi », réplique le porte-parole du groupe Gilles Le Gendre. Pour autant, il assure qu'« il n’y a aucun renoncement » dans l’ambition écolo de la majorité.

Il y a un an, cette ambition s’affirmait à grand renfort de tweets : Emmanuel Macron s’affichait alors en leader mondial de l’écologie après la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris, parodiant le slogan de son homologue Donald Trump.

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Mais le bilan est maigre pour les écologistes au sein de la majorité. « L’abandon du projet d’aéroport à NDDL c’est la seule vraie bonne nouvelle, souligne François-Michel Lambert. Au sein de LREM, la priorité écologique n’est pas affirmée. Ils se préoccupent plus de la dette publique que de la dette écologique », glisse-t-il au sujet de ses collègues.

Vers un départ de Nicolas Hulot ?

La députée Sandrine Le Feur, déçue du vote de son groupe, relativise : « les écolos ont eu les clés en main pour répondre à cette urgence [écologique], ils ne l’ont pas vraiment fait. Ce n’est pas en braquant le monde économique, les entrepreneurs, qu’on va réussir à changer les choses. Nous avons une feuille de route à long terme, élaborée au niveau du ministère de la Transition écologique et solidaire. Cela prend du temps », poursuit l’agricultrice bio dans le Finistère.

Dès cet été, pourtant, Nicolas Hulot pourrait claquer la porte du ministère. « S’il quittait le gouvernement, ce serait difficile pour nous », admet Sandrine Le Feur. Delphine Batho s’interroge : « si même lui, avec sa sincérité et sa popularité n’y arrive pas, c’est que les appareils politiques ne sont pas capables de défendre l’écologie ». Ce mardi soir, à l'occasion d'un déplacement en Corse, Nicolas Hulot s'est dit «déçu», mais a jugé que «ce qui compte (...) c'est que l'objectif ne soit pas remis en cause». Si l'engagement présidentiel, la sortie du glyphosate d'ici 2021 ne sera pas gravée dans la loi, le gouvernement assure que l'herbicide controversé sera malgré tout abandonné à cette date, «en partenariat» avec les industriels.

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