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EDF a déjà commandé des pièces pour de nouveaux EPR français

EDF a déjà commandé des pièces forgées à Framatome en vue de la construction de nouveaux EPR en France, a révélé l’AFP jeudi 28 janvier.

« Sans préjuger de la décision qui sera prise par le gouvernement de renouveler ou non le parc nucléaire, EDF, en sa qualité d’industriel responsable et en tant que chef de file de la filière nucléaire, met tout en œuvre pour s’assurer que le tissu industriel sera en capacité d’honorer la construction de nouveaux EPR si une décision était prise en ce sens », a expliqué un porte-parole d’EDF à l’AFP.

« Afin de maintenir les compétences de la filière et de tenir compte des délais de fabrication, dans l’attente de cette décision, EDF a demandé à Framatome de lancer la production de certaines pièces forgées », a-t-il poursuivi.

Le gouvernement et EDF envisagent la construction de six nouveaux EPR en France. Même si la décision définitive ne devrait pas intervenir avant 2023 et la mise en service de l’EPR de Flamanville, qui accumule d’interminables déboires techniques et d’importantes dérives de coûts, l’État et l’électricien sont déjà entrés dans le dur de la préparation de ce projet.

Mi-2021, EDF doit remettre à Emmanuel Macron un programme de travail sur ces futurs réacteurs. Pour l’heure, selon le média Contexte, l’électricien doit remettre un rapport définitif à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) clarifiant deux points jugés insuffisants par le gendarme du nucléaire — l’exclusion de rupture des tuyauteries et la résistance aux chutes d’avion. Il a par ailleurs commencé à réfléchir aux futurs emplacements des réacteurs et a opté pour la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) pour deux d’entre eux. De son côté, le gouvernement planche déjà sur le volet financement du projet et envisage une subvention de 25,6 milliards d’euros — soit plus de la moitié des 47,2 milliards que coûteraient au total les six réacteurs [1].

Cette réflexion intervient alors que la filière apparaît plus que jamais fragilisée. Dans un rapport rendu public mercredi 27 janvier, Réseau de transport d’électricité (RTE) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) confirment qu’un mix électrique français basé sur de fortes proportions d’énergies renouvelables électriques — hydroélectricité, solaire photovoltaïque, éolien terrestre et en mer, énergies marines et bioénergies — est techniquement possible d’ici 2050.

En juillet dernier, la Cour des comptes rendait un rapport très sévère sur la filière EPR, soulignant « un échec opérationnel, des dérives de coûts et de délais considérables ». « Il nous apparaît important de resituer la décision [de construire six nouveaux réacteurs] dans une analyse complète et une planification du mix électrique à l’horizon 2050 », avait déclaré son premier président, Pierre Moscovici, qui a souligné que cette décision « [aurait] des conséquences jusqu’au XXIIe siècle ». « Il demeure pour nous une incertitude sur la capacité de la filière nucléaire française, malgré les importants efforts qu’elle conduit actuellement, à construire de nouveaux réacteurs électronucléaires dans des délais et pour un coût qui demeurent acceptables », avait-il annoncé.

  • Source : Reporterre
  • Photo : L’EPR de Flamanville, en 2014. © Charly Triballeau/AFP
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