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« Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie » : les mensonges de la France dans le Pacifique

Le livre de Sébastien Philippe et Tomas Statius, à paraître le 10 mars, démontre comment l’Etat français a menti et minimisé l’impact des essais nucléaires dans les atolls de Mururoa et Fangataufa.

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Publié le 05 mars 2021 à 00h36, modifié le 05 mars 2021 à 05h50

Temps de Lecture 4 min.

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Livre. Il est des mensonges qui, comme le césium ou le plutonium, ont des durées de vie très longues. Ainsi des effets des essais nucléaires français dans le Pacifique. Pendant trente ans, de 1966 à 1996, l’armée et le Commissariat à l’énergie atomique ont testé la bombe en Polynésie, après avoir commencé leurs recherches dans le Sahara algérien. Les scientifiques ont procédé à 193 expériences sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, atmosphériques jusqu’en 1974, souterraines ensuite.

Des décennies plus tard, la fiction de l’innocuité des essais n’est plus guère entretenue que par quelques dévots de l’atome. Le président François Hollande a admis en 2016 un « impact » sur l’environnement et la santé.

Mais les autorités continuent de minimiser les conséquences, noyant dans un océan de résultats tronqués, de prélèvements parcellaires, de chiffres abscons une vérité trop crue : les essais ont tué, à petit feu certes, mais ils ont tué. Et les jolis noms d’étoile dont les militaires affublaient leurs essais n’étaient qu’une mystification de plus.

Le mensonge, encore, toujours, sans fin. « Il fait partie de l’héritage des essais nucléaires depuis le premier jour », écrivent Sébastien Philippe et Tomas Statius dans leur livre Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie. Le premier est un universitaire de renom, spécialiste du nucléaire militaire. Le second est un journaliste de Disclose, un média d’investigation en ligne. Ils se sont mis en tête de démontrer la duperie en prenant la suite de lanceurs d’alerte comme Bruno Barrillot, qui, à la fin du XXe siècle, dénonçait déjà le « tout va bien » officiel. Ils se sont rendus sur place, ont visité les lieux et interrogé les témoins et les victimes, du moins celles qui n’étaient pas déjà emportées par un cancer.

Des nuages jusqu’à Papeete

Les auteurs de Toxique ont aussi épluché deux mille pages de documents déclassifiés par le ministère de la défense en 2013. Ils ont lu dans ces rapports, noir sur blanc ou entre les lignes, que tout ne fut pas aussi serein que le tonitruait la communication officielle. Ils ont savamment décrypté le vocabulaire lénifiant et traduit les résultats, enregistrés en millisieverts ou dans l’antique picocurie, dans un langage accessible au grand public. Pour le néophyte, ils établissent des comparaisons avec les doses encaissées à Hiroshima, Fukushima ou Tchernobyl qui font froid dans le dos.

Lire aussi notre archive (2011) : Peut-on comparer Fukushima et Tchernobyl ?

« Nos conclusions révèlent d’importantes omissions dans les calculs du CEA [Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives] », affirment les auteurs. La contamination aurait été minimisée ou moyennée. Les auteurs relèvent également les inexactitudes dans les rapports météorologiques, afin de réduire la portée ou la direction des retombées. Ils ont établi de nouvelles modélisations de plusieurs nuages radioactifs. En 1974, l’essai Centaure et une saute impromptue des vents auraient ainsi atteint 110 000 habitants, jusqu’à Papeete.

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