Sûreté nucléaire : l'ASN craint que le phénomène de corrosion soit un « défaut générique »

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté son rapport devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques ce mardi 17 mai 2022.

Les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Flamanville sont concernés par les phénomènes de corrosion sous contrainte affectant un système de sécurité. Un potentiel défaut « générique » pour les réacteurs de 1 450 et 1 300 MW.
Les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Flamanville sont concernés par les phénomènes de corrosion sous contrainte affectant un système de sécurité. Un potentiel défaut « générique » pour les réacteurs de 1 450 et 1 300 MW. (©La Presse de la Manche)
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« En 2021, la sûreté des installations nucléaires ainsi que la radioprotection dans les secteurs médicaux, industriels et des transports de substances radioactives se sont maintenues à un niveau satisfaisant », a assuré Bernard Doroszczuk, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), en présentant mardi 17 mai 2022 son rapport devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

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Dans le domaine industriel, l’année a été particulièrement chargée pour EDF. Les travaux d’achèvement de l’EPR de Flamanville ont « notablement avancé ».

En amont de l’autorisation de mise en service du réacteur, « un travail important reste encore à mener sur de nombreuses thématiques identifiées depuis plusieurs années, présentant des enjeux de sûreté importants », souligne l’ASN.

EDF devra également tirer le retour d’expérience acquis sur les EPR mis en service en Finlande et en Chine, en particulier sur les anomalies du combustible affectant le cœur du réacteur de Taishan.

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« Événement sérieux »

Autre sujet évoqué devant les parlementaires, la découverte inattendue, fin 2021, de fissures de corrosion sous contrainte sur des circuits de sécurité raccordés aux tuyauteries principales du circuit primaire de plusieurs réacteurs. 

Il s’agit d’un événement sérieux, dont la stratégie de traitement est en cours d’examen par l’ASN.

« EDF a procédé à la mise à l’arrêt ou à la prolongation d’arrêts programmés de douze réacteurs pour expertise approfondie, et le cas échéant pour réparation. » Il s’agit des quatre réacteurs les plus récents et les plus puissants (1 450 MW), dits du palier N4, de cinq parmi les vingt réacteurs de 1 300 MW (dont les deux réacteurs de Flamanville) et de trois des trente-deux réacteurs de 900 MW.

Les analyses « semblent à ce stade privilégier une cause prépondérante, qui est liée à la géométrie des lignes des tuyauteries », a relevé Bernard Doroszczuk.

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D’autres mises à l’arrêt ?

Les réacteurs les plus anciens (900 MW) ont en effet été construits selon une conception directement héritée du groupe américain Westinghouse, tandis que les modèles suivants s’écartent de ce modèle initial. « Si cette hypothèse était confirmée, elle pourrait expliquer pourquoi les réacteurs les plus anciens ne sont pas ou peu affectés. »

Sur son parc de cinquante-six réacteurs, EDF en compte actuellement vingt-neuf à l’arrêt, dont douze indisponibles pour ces problèmes de corrosion.

Mais ce problème inattendu peut théoriquement laisser craindre le scénario cauchemardesque d’un défaut dit « générique », c’est-à-dire concernant l’ensemble du parc français.

« Si les résultats des contrôles réalisés en visite décennale mettaient en évidence des défauts d’ampleur, il faudrait ajuster la stratégie et peut-être prévoir la mise à l’arrêt de précaution de réacteurs supplémentaires », a mis en garde le président de l’ASN.

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