Le 30 octobre 1961, une bombe atomique de 57 mégatonnes explose au-dessus du site de Novaya Zemlya, en Russie. Baptisée Tsar Bomba, elle est la plus puissante bombe de l'Histoire.


au sommaire


    Nous sommes le matin du 30 octobre 1961, et un avion s'apprête à quitter la base aérienne d'Olenya, dans la péninsulepéninsule de Kola. À son bord, un monstre dort, prêt à s'éveiller dès qu'on lui en donnera le signal. Mesurant 8 mètres par 2,1 pour un poids total de 27 tonnes, la Tsar Bomba, une bombe à hydrogène d'une puissance de 57 mégatonnes, s'apprête à battre un record historique : celui de l'explosion nucléaire la plus puissante jamais enregistrée. Un documentaire récemment déclassifié par l'Agence fédérale russe de l'énergie nucléaire (Rosatom) dévoile des images inédites des équipes sur place, de sa préparation et de sa détonation.

    Tsar bomba : naissance d'un monstre

    À la suite du Tu-95V transportant la bombe, un Tu-16 se charge de mener les observations et de recueillir des échantillons. Au sol et sur l'eau, scientifiques et militaires supervisent, filment et mesurent l'événement. La bombe est relâchée, tout juste ralentie par un parachuteparachute qui offrira le temps aux pilotes de s'éloigner suffisamment pour avoir 50% de chances de survivre. L'explosion survient à 4 kilomètres au-dessus du site, accompagnée d'une intense lumière visible sur un rayon de près de 100 kilomètres. Une colonne de poussière s'élève tandis qu'à 60 kilomètres d'altitude, un dôme de feu de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre prend forme. Le champignonchampignon nucléaire est né.

    Une colonne de poussière et de fumée s'élève à 60-65 kilomètres d'altitude © Rosatom
    Une colonne de poussière et de fumée s'élève à 60-65 kilomètres d'altitude © Rosatom

    Une bombe nucléaire « propre »

    Tandis que la fissionfission génère des retombées radioactives importantes et une quantité considérable de déchets radioactifsdéchets radioactifs dangereux sur une longue durée, la fusion, elle, est jugée plus propre. Les Soviétiques parlent donc de bombe H « propre » dans le cas de la Tsar Bomba, dont seul un trentième de l'énergie provient de la fission. La vidéo montre ainsi les pilotes présents lors du test atterrir sur le site, quelques heures après l'impact. « Même au centre du site, [la radioactivitéradioactivité] est négligeable », nous dit le commentateur.

    Une puissance de destruction sans précédent

    « Le rôle du test n'est pas d'étudier l'effet destructeur de l'onde de choc : par conséquent, aucune structure n'a été érigée ni aucun équipement militaire été installé sur le site », ajoute-t-il. Néanmoins, une simple visite de Novaya Zemlya suffira à estimer les dégâts « Son apparence a désormais beaucoup changé. La terre est brûlée par l'explosion sur des dizaines de kilomètres à la ronde. Les entrées vers les structures souterraines contenant les instruments sont défoncées. Même sur la base des donnéesbase des données les plus préliminaires, il est évident que l'explosion produite détient un record de puissance. » Un record qui, nous l'espérons, n'aura plus jamais besoin d'être battu.