Jusqu’ici, on estimait que le chantier du réacteur de troisième génération EPR d’Olkiluoto (OL3), en Finlande, était un projet maudit. Désormais, les mots manquent pour qualifier la situation catastrophique du réacteur nordique. Débuté en 2005, il devait initialement se terminer en 2009 et coûter autour de 3 milliards d’euros. Après avoir enchaîné les difficultés techniques, les retards et les surcoûts, le réacteur ne sera pas connecté au réseau avant février 2022 – au mieux – selon les annonces, vendredi 28 août, de l’opérateur finlandais, TVO. Le coût total du projet, non communiqué, sera supérieur à 9 milliards d’euros – et une partie du surcoût devra certainement être épongée par l’Etat français.
Une nouvelle déception pour un projet qui n’a cessé d’accumuler les problèmes, alors qu’il devait être à l’origine la vitrine du savoir faire franco-allemand en matière de nucléaire. Le chantier mené par le consortium Areva-Siemens accuse désormais douze ans de retard, soit un peu plus que celui de l’EPR de Flamanville (Manche), qui ne devrait pas être connecté au réseau avant 2023. Seuls deux réacteurs EPR sont opérationnels dans le monde, à Taishan, dans la province du Guangdong, en Chine.
Fin 2019, le groupe finlandais TVO espérait encore une connexion au réseau fin novembre 2020. « L’avancement du projet n’était pas en accord avec le planning, et le Covid et les mesures de confinement ont accentué les problèmes », résume Raphaël Boucher, directeur adjoint des opérations d’Areva SA, qui se dit « confiant sur le fait que ce nouveau planning sera tenu ».
Défaut imprévu
Mais le détail des difficultés techniques rencontrées a de quoi inquiéter : plusieurs pièces défectueuses ont été repérées ces derniers mois, dont une soupape de sûreté du pressuriseur, un composant très sensible, qui doit être remplacé. Au fur et à mesure des tests menés, les équipes ont identifié des problèmes auxquels elles ne s’attendaient pas, comme des défauts dans l’un des générateurs diesel – qui sont censés prendre le relais en cas de perte de l’alimentation électrique de la centrale. « Bien sûr, il est normal que l’on rencontre des problèmes dans un aussi gros projet, mais il est regrettable de détecter ces défauts aussi tard. D’autant que pour ces équipements très spécifiques, obtenir des pièces de rechange peut prendre plusieurs mois et fait perdre beaucoup de temps », explique Jouni Silvennoinen, directeur du projet pour l’énergéticien TVO.
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