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« Les sanctions économiques contre la Russie marchent, mais à long terme seulement »

Agathe Demarais, cheffe économiste de l’Economist Intelligence Unit, a eu à gérer l’application des sanctions contre la Russie en 2014.

Propos recueillis par  (Londres, correspondance)

Publié le 30 octobre 2022 à 18h00, modifié le 30 octobre 2022 à 19h17

Temps de Lecture 2 min.

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En 2014, Agathe Demarais était attachée commerciale à l’ambassade de France à Moscou, elle a dû s’occuper des sanctions imposées contre la Russie après l’invasion de la Crimée et la guerre au Donbass. Aujourd’hui cheffe économiste à l’Economist Intelligence Unit, elle publie en novembre un livre sur le sujet des sanctions, Backfire. How Sanctions Reshape the World Against US Interests (« retour de flamme. comment les sanctions refaçonnent le monde contre les intérêts américains », Columbia University Press, non traduit).

La principale arme utilisée par les Occidentaux après l’invasion de l’Ukraine a été celle des sanctions. Est-ce que cela marche ?

Tout dépend de ce qu’était l’objectif de départ. Le premier objectif était d’envoyer un message fort à la Russie, qui ne soit ni un simple communiqué diplomatique, ni un acte de guerre. De ce point de vue, c’est réussi. Je crois que Poutine ne s’attendait pas à une telle réaction unie des Occidentaux. L’embargo sur le pétrole, qui sera bientôt en place, fait mal. Certes, la Russie vend à la place son pétrole à la Chine et à l’Inde, mais avec une forte remise. Aujourd’hui, la hausse des prix du pétrole, provoquée par la guerre, compense, mais l’année prochaine, le ralentissement économique mondial devrait provoquer une baisse des prix.

Le deuxième objectif était de compliquer le financement de la guerre. Là encore, cela fonctionne : l’économie russe va perdre environ quatre points de PIB cette année. C’est beaucoup, même si c’est moins que les prévisions initiales.

Le troisième objectif est la lente asphyxie de l’économie russe. La Russie est une économie de rente, avec l’exploitation de matières premières, qui nécessite un accès aux financements et à des technologies de pointe, notamment pour les forages dans l’Arctique. La Chine peut remplacer les financements, au moins en partie, mais elle ne dispose pas des technologies nécessaires. Aujourd’hui, la Russie vit donc sur ses réserves.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment l’économie russe résiste au choc des sanctions

Reste que les sanctions n’ont absolument pas mis fin à la guerre, ni mis l’économie russe à genoux…

Les sanctions marchent, mais seulement à long terme. C’est un poison lent, qui prend du temps pour agir. En Iran, il a fallu dix ans de sanctions avant que le régime accepte de faire des compromis pour signer l’accord sur le nucléaire.

Les sanctions sont-elles contre-productives, car elles ont un lourd coût économique, en particulier en Europe ?

C’est la Russie qui inflige ce coût, pas les sanctions. Il n’y a pas de sanctions sur le gaz, mais Poutine a décidé de progressivement utiliser cette arme cet été en coupant l’approvisionnement. De même, la hausse du prix du pétrole après le début de la guerre n’est pas la conséquence des sanctions : l’embargo sur le pétrole ne sera en place qu’au début de l’année prochaine. Il faut vraiment faire attention à ne pas écouter ce que raconte la Russie, qui tente de diviser les Occidentaux sur le sujet et de nourrir les extrémismes. Poutine avait tenté de faire croire que les sanctions bloquaient les exportations de grains et de céréales et risquaient de provoquer la faim dans le monde. C’était faux. Les Russes avaient mis en place un blocus des ports ukrainiens et les Ukrainiens les avaient piégés, mais il n’y avait pas de sanctions contre l’exportation alimentaire.

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