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Nucléaire, énergies renouvelables : le gouvernement précise sa feuille de route

Deux mois après les annonces d’Emmanuel Macron, le gouvernement a mis en ligne, vendredi, son projet pour la transition énergétique.

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Publié le 25 janvier 2019 à 17h08, modifié le 25 janvier 2019 à 17h09

Temps de Lecture 3 min.

La centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), en octobre 2017.

Les annonces du président de la République, fin novembre, en pleine crise des « gilets jaunes », étaient passées presque inaperçues, au milieu des débats sur la taxe carbone et des violences policières. Vendredi 25 janvier, le ministère de la transition écologique et solidaire a mis en ligne le document de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la feuille de route énergétique de la France.

Le gouvernement confirme ainsi les orientations données par Emmanuel Macron : une baisse de la consommation d’énergies fossiles, le report à 2035 de la baisse de la part du nucléaire, un effort mesuré sur les énergies renouvelables, et une volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

  • La baisse du nucléaire attendra

Dans le texte de la PPE, le gouvernement prévoit une baisse progressive du nucléaire pour réduire à 50 % sa part dans la production d’électricité en 2035 – contre 2025 dans la loi de transition énergétique votée sous le quinquennat Hollande. Ce report, entériné par Nicolas Hulot dans les premiers mois de sa présence au gouvernement, permet au gouvernement de repousser à une date assez lointaine les premières fermetures de réacteurs.

A l’exception de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), qui devrait cesser sa production en 2020, la PPE prévoit deux fermetures de réacteurs en 2027 et 2028. Deux autres réacteurs pourraient être fermés en 2025 et 2026, si les conditions le permettent : un prochain gouvernement devra prendre cette décision en décembre 2022. Le reste des fermetures des réacteurs est repoussé à après 2028. Le ministère précise que ce sera à EDF de proposer les noms des réacteurs à fermer. Ils seront choisis parmi les sites du Tricastin (Drôme), du Bugey (Ain), de Gravelines (Nord), de Dampierre (Loiret), du Blayais (Gironde), de Cruas (Ardèche), de Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher).

  • Un pari sur l’éolien terrestre et le solaire

Dans son projet, le gouvernement prévoit de multiplier par 2,5 la puissance installée des éoliennes terrestres et de quintupler celle de l’énergie solaire. Concrètement, cela équivaut à environ 14 500 éoliennes sur le territoire français, contre environ 8 000 aujourd’hui (dont certaines ont une puissance plus faible). L’objectif de la PPE est d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables dans la production d’électricité à l’horizon 2030.

Les ambitions sont moins importantes sur l’éolien en mer, qui peine déjà à décoller en France. Le texte prévoit des appels d’offres limités dans les cinq prochaines années. Les professionnels de la filière espèrent encore convaincre le gouvernement de réviser ses ambitions à la hausse dans les mois qui viennent.

  • Une France en surproduction d’électricité ?

Le fait de multiplier les capacités d’énergies renouvelables tout en prolongeant la durée du parc nucléaire a une conséquence : la France devra exporter encore plus d’électricité qu’aujourd’hui. L’Hexagone est déjà le premier exportateur en Europe, et le texte de la PPE prévoit que la France vendra à ses voisins près du double de ce qu’elle exporte aujourd’hui. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle : l’abondance de capacités sur le marché fait peser le risque de faire chuter les prix de marché à l’échelle européenne, ce qui pèsera notamment sur les finances d’EDF.

Face à ce risque, un futur gouvernement pourra décider de fermer préalablement des réacteurs nucléaires. Mais il pourrait aussi être tenté de limiter les investissements dans les renouvelables.

  • Pas de trajectoire sur la taxe carbone

Le sujet qui a mis le feu aux ronds-points est reporté à plus tard. Alors que le grand débat national voulu par le président de la République s’ouvre à peine, la taxe carbone n’est pas détaillée dans le projet du gouvernement. Le ministère explique que la trajectoire sera fixée en fonction des conclusions du grand débat.

  • La décision de la construction de nouveaux réacteurs repoussée à 2021

Le texte de la PPE ne prend pas de position sur le sujet, tout en laissant ouverte l’option du nucléaire. Mais le gouvernement demande à la filière nucléaire de présenter, mi-2021, un programme de travail qui précisera notamment les conditions de financement d’un éventuel nouveau parc, un modèle réactualisé du réacteur pressurisé européen (EPR) et des propositions de sites de construction. Une date qui laisse penser que le choix ou non pour la France de continuer dans le nucléaire sera peut-être un débat lors de la prochaine campagne présidentielle.

  • Une loi avant l’été

Pour intégrer le report de la date de baisse de la part du nucléaire, le gouvernement présentera dans les prochains mois une loi sur l’énergie, qui devra inscrire noir sur blanc la date de 2035. Le ministère espère une « petite loi » qui se contentera de quelques ajustements, mais plusieurs parlementaires ont déjà fait connaître leur intention de se saisir pleinement du sujet, notamment au Sénat, où LRM n’est pas majoritaire. Le texte de la PPE devra également être soumis à plusieurs instances pour consultation avant son adoption définitive, probablement à l’automne prochain.

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