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Sélection de livres de sciences (numéro 8)

Publié le 01 juillet 2015 à 19h10 Temps de Lecture 6 min.

Tout comme vous pouvez trouver, chaque fin de semaine, dans Passeur de sciences, une sélection de liens, il y a régulièrement (mais plutôt tous les six mois) une sélection des livres que j’ai reçus. Voici la huitième, juste avant les départs en vacances, histoire de bronzer ou de se reposer en s'instruisant... C'est aussi le 500billet de ce blog. Merci pour votre fidélité !

Le grand pillage : Comment nous épuisons les ressources de la planète, d'Ugo Bardi (Les petits matins, 428 p., 19 €).

Le grand pillage d'Ugo Bardi, spécialiste de chimie physique à l'université de Florence, s'inscrit dans la droite ligne de la grande prise de conscience environnementaliste de la finitude de la Terre et de ses ressources. Ce texte dense est d'ailleurs un rapport au club de Rome (dont l'auteur est membre), ce groupe de réflexion fondé en 1968 associant chercheurs, économistes, industriels, qui a joué un rôle pionnier dans cette prise de conscience. L'ouvrage propose une relecture de l'histoire et de l'économie à travers le prisme de l'accès aux ressources minérales et énergétiques et à travers celui de leur exploitation. La thèse principale consiste à montrer à quel point le maintien de nos sociétés dans leur état de confort actuel dépend de la disponibilité de ces ressources à bas coût.

Cela n'est certes pas complètement nouveau mais, en abordant la thématique sous l'angle, très scientifique, des limitations physico-chimiques de cette exploitation et non pas sous celui, toujours plus contestable, des sciences économiques, Ugo Bardi évite l'écueil idéologique inhérent, d'ordinaire, aux livres consacrés au sujet « Gaïa ». Ici, pas de posture à la Cassandre ni de grandes prédictions sur la fin brutale des ressources, mais une position rationnelle et plutôt pondérée, ouverte : malgré un titre-choc un peu malheureux (surtout pour la version française...), l'auteur a visiblement analysé l'inefficacité d'un positionnement catastrophiste. Son recours à plusieurs intervenants extérieurs pour expliquer, dans des encadrés, l'état des réserves de différents métaux ou molécules – or, cuivre, nickel, zinc, uranium, phosphore, pétrole, etc. – est une manière habile de montrer l'existence d'un certain consensus scientifique autour du sujet.

En conclusion, Ugo Bardi ne peut néanmoins s'empêcher de se livrer à ce qu'il appelle une "eschatologie minérale" en décrivant le jour où "veines, puits et minerais étant épuisés, nous assisterons à la disparition des machines qui servent à l'extraction minière, des puits de forage ou des plateformes de forage en mer. Le concept même de la mine tombera en désuétude. Nous oublierons ces trous creusés jusque dans les entrailles de la Terre pour en extraire ces précieux minéraux qui s'étaient formés à des époques reculées. (...) Ainsi s'achève un cycle qui n'aura duré qu'un laps de temps extrêmement bref, géologiquement parlant, mais qui nous semblait appartenir pour toujours à l'ordre même des choses. Il n'en était rien. " "Nous laissons à nos descendants un lourd héritage, poursuit Ugo Bardi : déchets radioactifs, métaux lourds dispersés aux quatre coins de la planète et gaz à effet de serre (CO2 principalement) accumulés dans l'atmosphère et absorbés par les océans. La Terre ne sera plus jamais ce qu'elle était. Nous en avons fait une nouvelle planète."

L'auteur ne pense pas pour autant, et c'est ce qui fait l'intérêt de cet ouvrage intelligent, que cet appauvrissement minéral généralisé débouchera forcément sur la fin de la civilisation. Le mur, assure-t-il, peut être évité, à condition toutefois que nous sachions apprendre la parcimonie dans l'usage que nous faisons des minéraux rares et, aussi, que nous nous décidions à développer vraiment l'énergie solaire. Reste à savoir si, après ce "grand pillage" tellement facile, l'humanité saura faire preuve de sagesse et économiser ce que la nature lui a donné. Et pour cela le chimiste qu'est Ugo Bardi n'a pas de réponse.

Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook)

*

Une petite sélection d'ouvrages sympathiques, dans différents domaines :

– Le rendez-vous annuel incontournable pour les astronomes amateurs, Le guide du ciel de juin 2015 à juin 2016, de Guillaume Cannat (amds édition, 352 p., 33 €) : mois par mois, et presque heure par heure, mon collègue du blog Autour du ciel vous invite aux spectacles du firmament. Un livre que l'on peut compléter avec Le grand guide de l'astronomie : le système solaire, les étoiles, les galaxies et les constellations, ouvrage collectif publié par les éditions Atlas et l'Istituto geographico De Agostini (256 p., 25 €). Toujours dans le domaine de l'astronomie, mais cette fois à destination des parents et enseignants, je recommande la réédition-compilation en un seul volume du travail pédagogique remarquable de Mireille Hartmann (décédée en 2013), intitulé Découvrir le ciel est un jeu d'enfant (Le Pommier, 268 p., 23 €). Enfin, signalons la réédition du livre Les cadrans solaires. Tout comprendre pour les construire, par le "pape" en la matière, Denis Savoie (Belin, 144 p., 19,50 €).

– En ce centième anniversaire de la publication de la théorie de la relativité générale, Einstein à la plage : La relativité dans un transat, de l'astrophysicien Marc Lachièze-Rey vous promène dans le monde de la cosmologie, entre Big Bang et trous noirs (Dunod, 160 p., 14,50 €). A compléter avec Le Futur du cosmos : Matière noire et énergie sombre, de Joseph Silk (Odile Jacob, 166 p., 22,90 €).

– Deux ouvrages sur les épidémies, après un début d'année marqué par Ebola et le coronavirus MERS : tout d'abord Le petit livre des grandes épidemies, de Peter Moore, avec 50 fiches de maladies infectieuses particulièrement virulentes (Belin, 144 p., 12 €) ; et ensuite Des épidémies, des animaux et des hommes dans lequel l'épidémiologiste François Moutou examine la notion de maladie émergente en analysant les relations entre les humains et le reste du monde animal, avec tous les micro-organismes pathogènes qui transitent entre les deux (Le Pommier, 384 p., 23 €).

– A noter la parution d'Une énergie, des énergies, ouvrage collectif réalisé sous la direction de Béatrice Salviat, Brigitte Proust et Katia Allégraud (Belin, 352 p., 26,50 €), véritable manuel de référence sur la question de l'énergie, traitée sous toutes ses facettes, depuis celle qu'utilise l'organisme des êtres vivants jusqu'à l'énergie atomique, en passant par les lois de la thermodynamique.

– Dans la collection "Infographie" de Belin, signalons la parution de Manger écologique ?, de Vincent Tardieu, et L'Avenir des forêts ?, de Stéphane Guéneau et Isabelle Bagliotti (80 p., 19 €).

– Je rappelle la sortie de Demain, les animaux du futur, de Jean-Sébastien Steyer et Marc Boulay (Belin, 160 p., 23 €), auquel j'ai consacré un billet il y a peu.

– Terminons en pensant aux enfants qui, eux aussi, ont le droit de se poser avec un livre pendant les vacances. A partir de 10 ans, De quels atomes sommes-sous faits ? - La matière... ce qu'on ne sait pas encore, d'Anna Alter avec Etienne Klein, illustré par Thanh Portal (Le Pommier, 48 p., 13,90 €), pour faire un tour dans cette étrange chose dont nous sommes tous faits. Et Sciences pas bêtes pour les 7 à 107 ans, qui annonce la couleur et tente de répondre à toutes ces questions qui trottent dans la caboche des plus jeunes – "Pourquoi le sang est-il rouge ?", "Comment volent les avions ?", "Peut-on marcher sur Jupiter ?", etc. Un ouvrage de Bertrand Fichou et Marc Beynié, illustré par Pascal Lemaître (Bayard Jeunesse, 92 p., 14,90 €).

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