Un Technocentre à Fessenheim ?

, par   Jean-Marie Brom

Depuis le 30 juin 2020, la centrale nucléaire de Fessenheim est définitivement arrêtée, laissant des milliers de tonnes de déchets radioactifs.

Le nouveau projet d’EDF concerne les générateurs de vapeur (6 engins de 300 tonnes pièce) : il s’agirait de construire un "Technocentre", autrement dit une fonderie, d’y découper les générateurs, de les fondre, puis en écrémant une partie des radionucléides, de "libérer" ces métaux dans l’industrie conventionnelle, sans plus aucune traçabilité. Mais bien sûr, pour assurer un minimum de rentabilité à ce Technocentre, il est question de prendre en charge tous les générateurs de vapeur français, anciens (la plupart des centrales nucléaires ont déjà dû les remplacer) ou actuellement en service. Et même d’y associer l’Allemagne – qui a refusé, n’acceptant pas l’exportation de déchets radioactifs.

A terme, ce Technocentre pourrait impliquer des centaines de convois de 300 tonnes convergeant vers l’Alsace, et des milliers de tonnes de métaux officiellement inactifs relâchés dans l’industrie… En outre, même si pour EDF ce Technocentre ne concerne officiellement que les générateurs de vapeur, on peut craindre que cette structure concerne les métaux TFA en général.

C’est bien sûr actuellement impossible, la France ne reconnaissant pas de tels "seuils de libération". Mais le gouvernement a déjà promis des "dérogations ciblées"…

Lors de la vidéo-réunion publique du 24 novembre 2020 sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) et les déchets de très faible activité (TFA), il a été très clairement confirmé que le Technocentre de Fessenheim serait à même de prendre en charge l’ensemble des générateurs de vapeur français (passés et à venir), mais aussi l’ensemble des déchets de démantèlement de l’usine Georges Besse (plus de 100 000 tonnes), en évoquant même la possibilité de contrats avec toute l’Europe... Il n’y aurait qu’un seul Technocentre en France, et ce serait à Fessenheim.