En perspective des flocons de neige et du grand froid, la question a de quoi faire frissonner : la France aurait-elle à redouter une pénurie électrique ? Réponse rassurante : même dans le pire scénario, le gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité (RTE) exclut toujours tout risque de « black-out » et de « perte généralisée de l’alimentation électrique sur l’ensemble du territoire ».
Pourtant, comme attendu, l’hiver à venir nécessitera une « vigilance particulière » pour maintenir l’équilibre entre les besoins en consommation et les capacités de production. Ce fut déjà le cas en 2020 et ce le sera en principe jusqu’en 2023, notamment en raison de la maintenance du parc nucléaire. « Aucun scoop » par rapport au point établi au mois de mars, rappelle Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE.
Une mesure spéciale
Une nouveauté, cependant : de plus en plus d’incertitudes pesant sur le système électrique, les prévisions de l’hiver se feront en plusieurs temps. La première communication du gestionnaire national, en date du lundi 22 novembre, a surtout porté sur les risques de tension d’ici à la fin d’année 2021. Ceux-ci « demeurent relativement faibles », selon le rapport, sur la base de projections météorologiques. Deux autres notes suivront, l’une au plus tard début janvier 2022, l’autre fin janvier pour février ; deux mois en vue desquels les risques « apparaissent en revanche plus élevés ». « Nous ne pouvons pas exclure d’entrer ponctuellement dans des situations de tension sur l’équilibre offre-demande, des situations où les marges de production ne seraient pas à la hauteur », reconnaît Jean-Paul Roubin, directeur de l’exploitation auprès de RTE.
Les trois premières semaines de janvier dépendront du froid, mais aussi du vent
Une telle éventualité pourrait entraîner, par exemple, l’activation d’une mesure spéciale. L’« interruptibilité » permet une baisse immédiate de consommation de certains sites industriels sous contrat, en échange d’une contrepartie financière. En ultime recours, des « délestages » seraient aussi à envisager. Ces coupures cibleraient les ménages d’une même zone géographique, durant deux heures au maximum, tout en préservant les usagers « sensibles ».
Les trois premières semaines de janvier dépendront du froid. Mais aussi du vent, dans la mesure où les éoliennes constituent déjà une part non négligeable du mix électrique français (7,9 % en 2020). « Dans la mesure où notre système énergétique se transforme, d’autres paramètres que les épisodes de froid sont maintenant à prendre en compte », souligne Nicolas Goldberg, conseiller énergie pour le cabinet Colombus Consulting.
Il vous reste 43.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.