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Reprise des négociations sur le nucléaire iranien à Vienne

Le guide suprême iranien Ali Khamenei.
Le guide suprême iranien Ali Khamenei. HANDOUT / AFP

Le temps presse. Les Iraniens ne seraient plus qu'à quelques semaines de disposer de suffisamment de matière fissile pour fabriquer une arme atomique.

Les négociations sur le nucléaire iranien reprennent mardi 7 février à Vienne, pour lesquelles les États-Unis ont estimé qu'un accord était «en vue» mais que sa conclusion devenait «urgente». «Malgré les progrès», les pourparlers «sont parvenus à un stade où une conclusion devient urgente», a prévenu lundi un porte-parole du département d'État américain auprès de l'AFP. «Un accord qui réponde aux préoccupations clés de toutes les parties est en vue, mais s'il n'est pas conclu dans les prochaines semaines, les avancées nucléaires de l'Iran rendront impossible notre retour» dans le texte de 2015, a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, un bref communiqué de l'Union européenne, chargée de coordonner cet exercice diplomatique à haut risque, avait annoncé que les parties concernées allaient «continuer les discussions» ce mardi dans la capitale autrichienne. Les négociateurs s'étaient quittés fin janvier en appelant à des «décisions politiques» après les «progrès» réalisés au cours du mois, qui avaient permis de sortir d'une longue impasse.

Les pourparlers, qui ont débuté au printemps 2021, se déroulent entre les Iraniens et les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie), avec la participation indirecte des Américains. Les États-Unis se sont retirés en 2018, sous la présidence de Donald Trump qui le jugeait insuffisant, de ce texte conclu trois ans plus tôt pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. Ils ont rétabli dans la foulée leurs sanctions économiques ; en riposte, la République islamique s'est affranchie des restrictions clés à son programme nucléaire.

Les négociations visent à mettre en œuvre un «retour mutuel» de Washington et Téhéran dans l'accord, défendu par l'actuel président américain Joe Biden. Mais le temps presse. Selon les experts, les Iraniens ont tellement dérogé aux restrictions prévues par l'accord de 2015 qu'ils ne sont plus qu'à quelques semaines de disposer de suffisamment de matière fissile pour fabriquer une arme atomique. Les États-Unis ont prévenu la semaine dernière qu'il ne restait plus que «très peu de semaines», disant de nouveau souhaiter des négociations «directes» pour parvenir à un compromis dans cette «dernière ligne droite».

«Dernière étape»

«Nous soutenons depuis longtemps qu'il serait plus productif de parler avec l'Iran de manière directe», a souligné lundi le porte-parole de la diplomatie américaine. «Toutefois, les pourparlers vont demeurer indirects, à la demande de l'Iran. Les États-Unis n'ont participé à aucune réunion directe avec l'Iran», a-t-il ajouté. Le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé «le moment décisif», dans une interview au quotidien américain Washington Post mise en ligne lundi. «Nous avons adressé un message clair» à l'Iran: «C'est l'heure des décisions, pas de faire traîner le processus», a-t-il dit. «Nous espérons qu'ils saisiront cette chance».

La Russie a estimé qu'il s'agissait de la «dernière étape» des négociations. «Nous sommes à cinq minutes de la ligne d'arrivée», a affirmé son négociateur Mikhaïl Oulianov dans un entretien publié lundi par le quotidien russe Kommersant. Selon lui, un «projet de document final» de vingt pages a été mis au point, et peut servir de «base» pour «conclure assez rapidement» les discussions, même si «plusieurs points» doivent encore être débloqués.

De son côté, Téhéran a renvoyé la balle aux Américains. «Il est naturel que la République islamique d'Iran s'attende à ce que les décisions nécessaires soient prises de l'autre côté, en particulier à Washington», a déclaré lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Nous espérons que la délégation américaine reviendra à Vienne avec des instructions claires sur la manière de remplir ses obligations sur la levée des sanctions», a précisé Saïd Khatibzadeh, dans l'attente d'«engagements concrets».

Vendredi, Washington avait fait un geste en annonçant le rétablissement des dérogations clés protégeant de la menace des sanctions américaines les pays et entreprises étrangères impliqués dans des projets nucléaires civils non militaires. Cette décision doit permettre de «faciliter» des «discussions techniques» qui sont «nécessaires dans les dernières semaines des pourparlers», a expliqué la diplomatie américaine, mais il «ne s'agit pas d'une concession à l'Iran». Si les Américains souhaitent montrer leur «bonne volonté», cela reste «insuffisant», a réagi le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian.

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