La date du 12 mai est déjà réservée. Ce jour-là, Fabien Roussel prévoit d’effectuer son premier déplacement de candidat à l’élection présidentielle devant le siège de Pfizer en France, à Paris. Le secrétaire national du PCF dénonce les prix des vaccins et ceux qui réalisent « des marges toujours plus importantes, scandaleuses, sur le dos des finances publiques et de notre Sécurité sociale ». C’est ce qu’il a écrit au premier ministre Jean Castex, le 19 avril, dans une lettre demandant la levée des brevets de vaccins. Une levée proposée depuis par Washington.

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La santé, mais aussi la jeunesse, le monde du travail et la fiscalité seront les quatre priorités de la future campagne de Fabien Roussel. Mais avant cela, le député du Nord doit franchir une dernière étape : le vote des adhérents communistes, du 7 au 9 mai.

L’inspiration de la victoire du 10 mai 1981

Les militants doivent d’abord choisir la stratégie du PCF entre deux options : présenter une candidature autonome, ou travailler à un processus commun avec les autres formations de gauche et trancher au second semestre. Le résultat permettra de jauger les réticences, alors que certains dirigeants préfèrent apporter leur soutien à la candidature du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, comme en 2012 et 2017.

Les adhérents doivent ensuite choisir leur candidat. Sauf surprise, le vote de la conférence nationale du PCF réunie les 10 et 11 avril devrait être confirmé. Fabien Roussel avait recueilli 73,57 % des voix des délégués, face à deux autres candidats, Emmanuel Dang Tran et Grégoire Munck (1,97 % chacun).

Le lendemain de ce scrutin militant, ce sera le 40e anniversaire de l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Un autre temps où le candidat du PCF Georges Marchais rassemblait 15,35 % des suffrages au premier tour. Cinquième semaine de congés payés, retraite à 60 ans, lois sur le droit du travail, hausse du smic, nationalisations… Les premières réformes s’engageaient. Fabien Roussel se réfère à cette « gauche des idées », souhaitant susciter « un espoir » similaire en 2022.

Loi contre les délocalisations et projet pour la jeunesse

Dans la continuité de la doctrine marxiste, le secrétaire national du PCF conteste « les logiques du capitalisme ». Sur le terrain, il teste ses propositions pour l’emploi, les services publics et le maintien de l’industrie, prônant une hausse des salaires et s’indignant que la fortune des plus riches ait augmenté de « + 439 % » en France, selon le baromètre Bloomberg. Il propose de donner du pouvoir aux salariés sur la gestion de leur entreprise, par exemple sur l’usage de l’argent public perçu et martèle l’idée d’une « loi immédiate pour stopper les délocalisations ».

Comme l’exécutif et plusieurs candidats potentiels, Fabien Roussel cherche également à s’adresser aux jeunes, éprouvés par la crise sanitaire. « Je veux garantir l’accès aux études avec l’instauration d’un revenu étudiant pour tous, mais aussi permettre à tous nos jeunes d’avoir une offre d’emploi ou une formation qualifiante. Mon objectif est zéro chômeur chez les jeunes », a-t-il développé dans l’hebdomadaire Le Point, le 19 avril.

Enfin, Fabien Roussel veut s’attaquer à l’évasion fiscale, sa spécialité à l’Assemblée nationale depuis son élection comme député du Nord, en 2017. Selon lui, elle « coûte 100 milliards d’euros à l’État ». En décembre 2020, le chef de file des communistes a défendu une proposition de loi pour « rétablir l’équité entre les petits commerçants, qui payent normalement leurs impôts et qui aujourd’hui pâtissent le plus de la crise, et les géants du numérique et du e‑commerce », les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).