Le réacteur nucléaire de l'EPR finlandais d’Olkiluoto enfin mis en service
[ACTUALISE] La production d'électricité de l’EPR finlandais d’Olkiluoto a enfin débuté, après que son réacteur nucléaire a été mis en service samedi 12 mars. Une bonne nouvelle pour un chantier qui accumule les difficultés depuis 2005, avec 12 ans de retard.
Mis à jour
14 mars 2022
Le calvaire de l'EPR finlandais toucherait-il à sa fin ? Avec 12 ans de retard, l'EPR finlandais d'Olkiluoto produit enfin de l'électricité, a annoncé samedi 12 mars son exploitant TVO, en précisant que son réacteur nucléaire avait été mis en service. Après avoir effectué des tests à faible puissance au cours du mois de décembre, d'abord à 5%, puis 30% et 60% de la capacité du réacteur, l'opérateur avait officiellement démarré cet EPR le 21 décembre. Construit par Areva et EDF, le réacteur devrait dès juillet fournir 15% des besoins de la Finlande en électricité, grâce à sa puissance de 1 650 mégawatts.
Depuis son lancement en 2005, le chantier n’a connu que des difficultés. Son inauguration, prévue à l’origine en 2009, n’a cessé d’être repoussée en raison de problèmes techniques, comme des vannes de commande défectueuses ou des fissures sur les tuyaux, et plus récemment, de la pandémie de Covid-19. Le coût, estimé à l’origine à 3,4 milliards d’euros, a quant à lui plus que triplé, et Areva devra s’acquitter d’un milliard d’euros de pénalités de retard auprès de l’opérateur finlandais, forçant l’Etat français à renflouer ses caisses en décembre 2020.
Un EPR arrêté en Chine, un en retard en France et six autres en débat
La future entrée en service de l’EPR finlandais, le troisième au monde, ne signera peut-être pas la fin des ennuis pour le réacteur français. L’un des deux EPR du site de Taishan, dans le Guangdong chinois, est en effet à l’arrêt depuis juin 2021. Des barres de combustible d’uranium endommagées ont causé une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale - un phénomène que les autorités qualifiaient à l'époque de “courant”. Mais dont la cause reste inconnue, selon EDF, les examens des crayons endommagés étant toujours en cours. Selon la CRIIRAD, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, l’incident serait dû à “des vibrations anomales” des assemblages de combustible, liées à un “défaut de conception de la cuve de la filière EPR”, citant un “lanceur d’alerte”.
Les EPR font l’objet d’un vif débat en France depuis l’annonce par Emmanuel Macron en novembre 2021 de la nouvelle construction de réacteurs dans le pays. Un seul est actuellement en développement sur le sol français, celui de Flamanville (Manche), qui comme l'EPR finlandais a multiplié les retards et les surcoûts. En chantier depuis 2007, il n'entrera pas en service avant 2023 et devrait coûter 19,1 milliards d'euros, d’après un rapport de la Cour des comptes, contre 3,3 milliards dans le budget initial. Le coût des six nouveaux réacteurs qu’EDF souhaiterait construire en France est lui aussi contesté : alors que l’entreprise table sur un coût total de 46 milliards d’euros, les ministères de la Transition écologique et de l’Economie misent plutôt sur un chiffre compris entre 52 et 64 milliards d’euros, selon un document interne révélé par le média en ligne Contexte.
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